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Algérie gèle certification diplômes médecins

Pour contrecarrer la fuite continue de médecins depuis les années 1990, les autorités algériennes ont décidé de ne plus certifier leurs diplômes. Bien que ce gel soit en place depuis au moins un an, les autorités d’Alger ne l’ont pas officiellement reconnu jusqu’au 13 juillet. C’est à cette date que le ministre de l’enseignement supérieur, Kamel Baddari, a pris la parole pour répondre à Abdelouahab Yagoubi, député de la communauté algérienne en France. Yagoubi avait questionné durée de cette pratique jugée arbitraire sur sa page Facebook.

Kamel Baddari a expliqué que la suspension de la certification des diplômes médicaux était une mesure temporaire visant à freiner la fuite de professionnels qualifiés vers l’étranger. Il a promis que ce processus reprendrait une fois que des solutions auront été trouvées pour répondre à ce problème.

Cependant, Baddari a reconnu que le gel des certifications n’avait pas empêché le départ de médecins, qu’ils soient généralistes ou spécialistes. Il a noté que pour obtenir la certification, les agences de recrutement étrangères passaient par les représentations diplomatiques algériennes à l’étranger ou celles de leurs propres pays en Algérie. Il a qualifié cette pratique d' »entêtement bureaucratique absurde ».

Même si elle n’est pas encore officielle, cette décision a déjà soulevé des inquiétudes chez les syndicats et les juristes. En septembre 2023, le Syndicat national des médecins (SNM-UGTA) a partagé ses préoccupations avec Kamel Baddari, s’alarmant que cette limitation soit appliquée uniquement, à leur avis, aux diplômés des facultés de médecine, de pharmacie et de chirurgie dentaire. Le SNM avait alors demandé une discussion sur ce « enjeu crucial ».

Lyes Merabet, qui est le président du Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP), avait argumenté, lors d’une déclaration sur le site web TSA, que les médecins algériens devraient pouvoir poursuivre leurs études à l’étranger et choisir le pays où ils aimeraient résider. Il avait pressenti que cette décision n’allait « résoudre aucun problème » et au contraire allait « engendrer des tensions inutiles ».

De plus en plus de médecins algériens choisissent des destinations autres que la France pour s’expatrier, telles que l’Amérique du Nord ou les pays du Golfe. Environ 15 000 médecins formés en Algérie travailleraient en France. Les raisons généralement évoquées pour ces départs sont la quête d’une meilleure rémunération et un développement professionnel, alors que beaucoup de médecins généralistes peinent à trouver un emploi en Algérie.

Un professionnel du domaine, qui a choisi de rester anonyme, perçoit en cette décision un « entêtement bureaucratique délirant ». « C’est du Tiri-Bark », ajoute-t-il, reprenant l’expression de l’entrepreneur Nabil Mellah, qui a été emprisonné suite à une « conspiration visant à le faire taire », selon ses avocats. Cette expression, « Tiri bark », qui veut dire « Vas-y, tire sans te soucier du reste », était la manière qu’avait Mellah de critiquer l’obstination du pouvoir en place à adopter des mesures absurdes et inefficaces.

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