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31 juillet 2024 16 h 07 min

« Russie : Troisième étape exercices nucléaires atteinte »

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Veuillez consultez toutes nos publications, y compris des études et des reportages, qui concernent le conflit en Ukraine. Le « Monde » vous offre une série de rapports, d’études et de clarifications. L’armée ukrainienne se voit maintenant confrontée à l’enjeu de neutraliser les drones russes. Pendant les Jeux Olympiques, une Maison de l’Ukraine a été installée à Paris pour soutenir les athlètes touchés par la guerre. Pendant ce temps, l’armée russe progresse dans la région de Donetsk.

En Ukraine, du fait des constantes attaques russes, la production d’électricité a dû être révolutionnée. Les attaques de drones maritimes ukrainiens forcent la flotte russe à se retirer de Crimée.

Nous répondons aussi à vos questions les plus courantes. Par exemple, comment les drones sont-ils utilisés par Moscou et Kiev?

Selon un rapport daté de mai 2023 et publié par un think tank britannique spécialiste en défense, la guerre des drones entre la Russie et l’Ukraine a atteint une échelle sans précédent au cours des derniers mois. Les pertes ukrainiennes ont été énormes, avec environ 10 000 drones perdus chaque mois sur le champ de bataille, soit plus de 300 par jour. Pour comparaison, l’armée française possède un peu plus de 3 000 drones dans ses dépôts.

Les forces ukrainiennes et russes utilisent principalement des UAV (unmanned aerial vehicle, en anglais) civils de petite taille, qui sont abordables et largement disponibles. Ils sont utilisés pour surveiller le champ de bataille et diriger les troupes ou bombarder les cibles ; certains ont également été modifiés pour transporter de petites charges explosives, qui sont larguées sur les tranchées ou les blindés.

Les drones-kamikazes, malgré leur petit nombre, ont un rôle crucial. Ces UAV explosifs sont envoyés au-dessus de la ligne de bataille sans un objectif préétabli. La Russie utilise le Lancet-3, un drone russe, ainsi que le Shahed-136 iranien. L’Ukraine, n’ayant pas de force navale significative, défie son adversaire avec des navires sans pilote, des petits kayaks télécommandés remplis d’explosifs (450 kilos de TNT).
L’importance des drones dans leurs opérations a conduit les Ukrainiens et les Russes à élaborer des stratégies pour fournir leurs troupes à long terme, en se procurant des drones civils en grand nombre sur le marché et en développant des capacités de production locales. L’industrie nationale ukrainienne, qui en était à ses débuts lors de la guerre du Donbass initiée il y a une décennie, a vu sa puissance augmenter. Fin août, le ministre ukrainien de la transformation numérique a révélé qu’une réplique du drone russe Lancet avait été créée et serait bientôt déployée sous le nom de Peroun, le dieu slave de la foudre et du tonnerre.
La Russie, affectée par les sanctions occidentales qui restreignent son accès à des éléments électroniques, est éprouvée. Néanmoins, selon les agences de renseignement américaines, Moscou aurait entamé la construction d’une usine dans la zone économique spécifique d’Alabouga pour produire des drones-kamikazes de conception iranienne, tels que les Shahed-136.
Quant aux réserves de missiles russes, il est extrêmement difficile, voire impossible, de connaître leur situation actuelle. Les services de renseignement ukrainiens diffusent régulièrement des informations à ce sujet, mais leurs évaluations sont sujettes à scepticisme.

D’après un rapport de Andri Ioussov, porte-parole du renseignement militaire ukrainien (GUR), relayé par Liga.net, l’arsenal russe avait en possession 2 300 missiles balistiques ou de croisière avant le conflit et conservait plus de 900 au début de l’année. En sus, le porte-parole déclare que l’armée russe possède environ dizaines de milliers de missiles anti-aériens S-300 avec une portée estimée de 120 kilomètres, ainsi qu’une grande réserve de S-400, une version plus récente ayant une portée triple. En août dernier, Vadym Skibitsky, le second du GUR, avait annoncé environ 585 missiles d’une portée dépassant 500 kilomètres.

En ce qui concerne la production, plusieurs spécialistes indiquent que l’armée russe serait capable de fabriquer une centaine de missiles balistiques ou de croisière chaque mois. En octobre, le GUR avait estimé cette capacité de production à 115 unités.

De plus, la Russie aurait acquis des missiles à courte portée auprès de l’Iran et de la Corée du Nord et continuerait ces acquisitions. Selon Reuters, qui s’appuie sur plusieurs sources iraniennes, environ 400 missiles iraniens de type Fateh-110 (portée de 300 à 700 kilomètres) auraient été remis à la Russie depuis janvier, période à laquelle un accord aurait été signé. Le nombre de missiles nord-coréens acquis par la Russie reste flou, cependant, d’après le procureur général, Andriy Kostin, 24 missiles ont été lancés en Ukraine entre le 30 décembre 2023 et le 7 février 2024. Ces missiles pourraient être des modèles KN-23 et KN-24 avec une portée approximative de 400 kilomètres, selon les experts qui ont examiné les débris et les trajectoires.

Qu’en est-il des avions de chasse F-16 ?

En réponse à une requête de longue date du président ukrainien, les États-Unis ont approuvé, en août 2023, le transfert de jets de combat F-16 à l’Ukraine. Bien qu’il existe une flotte potentiellement composée de plus de 300 F-16 dans neuf pays européens, dont la Belgique, le Danemark, la Grèce, les Pays-Bas et le Portugal, tous les pays possédant ces avions ne peuvent pas les céder immédiatement.

Volodymyr Zelensky avait mentionné le chiffre de 42 F-16 promis par les alliés occidentaux à Kiev, mais cette information n’a pas été vérifiée. Le Danemark en a promis 19. Les six premiers devraient arriver à la fin de 2023, huit autres en 2024 et cinq en 2025, selon la Première ministre danoise, Mette Frederiksen. Les Pays-Bas, qui se sont également engagés à en fournir, comptent 42 unités, mais le nombre exact à céder n’a pas été précisé.

De plus, de l’entraînement est nécessaire pour que les pilotes ukrainiens puissent piloter ces jets de combat américains. Onze pays alliés de Kiev se sont engagés à former ces pilotes. Selon l’OTAN, les soldats ukrainiens ne seraient prêts à utiliser ces avions au combat qu’au début de 2024, bien que certains experts envisagent plutôt l’été de la même année.

Quel est le niveau d’aide militaire que ses alliés fournissent à Kiev ?

Deux années après l’escalade du conflit, l’engagement de l’Occident envers Kiev connaît un essoufflement. Selon l’Institut Kiel, le soutien accordé entre août 2023 et janvier 2024 a connu une décroissance par rapport à la même période de l’année précédente, comme le montre leur rapport de février 2024. Le Sénat américain a du mal à approuver de nouveaux fonds, tandis que l’Union européenne (UE) a eu du mal à faire passer une aide de 50 milliards le 1er février 2024, en raison d’un blocage de la part de la Hongrie. Il est important de noter que ces deux paquets d’aide ne sont pas encore inclus dans le dernier bilan de l’Institut Kiel qui s’arrête en janvier 2024.
Les données de l’Institut allemand révèlent une diminution du nombre de donateurs, centrés autour d’un groupe composé surtout par les États-Unis, l’Allemagne et les pays du nord et de l’est de l’Europe. Ces pays, qui promettent à la fois une aide financière importante et une armement de pointe, ont engagé près de 276 milliards d’euros de soutien à Kiev depuis février 2022, sur les plans militaire, financier et humanitaire.
En termes absolus, les nations les plus riches se sont avérées être les plus généreuses. Les États-Unis occupent la première place, avec plus de 75 milliards d’euros d’aide annoncée, dont 46,3 milliards sont consacrés à l’aide militaire. Les pays de l’UE ont annoncé des aides bilatérales (64,86 milliards d’euros) et collectives provenant des fonds de l’UE (93,25 milliards d’euros), pour un total de 158,1 milliards d’euros.

En considérant ces donations en relation avec le produit intérieur brut (PIB) de chaque pays donateur, la hiérarchie se modifie. Les Etats-Unis tombent à la vingtième position (0,32 % de leur PIB), bien derrière des nations proches de l’Ukraine ou d’anciennes républiques alliées soviétiques. L’Estonie se hisse en tête de la liste des aides en fonction du PIB, avec 3,55 %, suivie par le Danemark (2,41 %) et la Norvège (1,72 %). Le reste du top 5 est complété par la Lituanie (1,54 %) et la Lettonie (1,15 %). Les trois nations baltes, qui partagent toutes des frontières avec la Russie ou son alliée, la Biélorussie, figurent parmi les donateurs les plus généreux depuis le début du conflit.
Dans le classement du pourcentage du PIB, la France se trouve à la vingt-septième place, ayant consacré 0,07 % de son PIB, juste après la Grèce (0,09 %). L’assistance fournie par la France est en diminution continue depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie – la France était vingt-quatrième en avril 2023, et treizième à l’été 2022.
Quelles sont nos informations sur les tensions à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne ?

La tension entre l’Ukraine et la Pologne est palpable depuis plusieurs mois, la principale cause étant le transit de céréales ukrainiennes. Au cours du printemps 2022, l’Europe a instauré une série de « voies solidaires » pour aider à l’exportation et à la vente de produits agricoles ukrainiens, vers l’Afrique et le Moyen-Orient, exempts de droits de douane. La Fondation Farm, organisme dédié aux enjeux agricoles mondiaux, a noté qu’autour de 50% de ces céréales ukrainiennes transitent ou finissent leur chemin dans l’Union européenne (UE). Cependant, ces céréales sont vendues à un prix largement inférieur à celui du blé cultivé en UE, particulièrement dans les pays d’Europe Centrale.

C’est pour cette raison que des pays tels que la Pologne, la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie et la Slovaquie justifient avoir bloqué leurs importations de céréales ukrainiennes en avril 2023, en affirmant que cela bouleverse leur marché local et menace le revenu de leurs fermiers. Bruxelles avait accepté ce blocage temporaire, à condition qu’il n’entrave pas le transit vers d’autres pays et qu’il ait une durée limitée de quatre mois. Pourtant, à la fin de l’été, Varsovie a choisi de maintenir la fermeture de ses frontières aux céréales ukrainiennes, malgré l’opinion de Bruxelles selon laquelle l’embargo pourrait être levé, comme leurs études démontraient qu’il n’existait plus de déséquilibre sur les marchés nationaux des céréales.

Les fermiers de Pologne ont établi un blocus à la frontière avec l’Ukraine dans le but d’empêcher les véhicules ukrainiens d’accéder à leur territoire national. Ils réclament un « embargo total » sur les produits alimentaires et agricoles provenant d’Ukraine. Ils protestent contre la hausse rapide de leurs frais de production alors que leurs installations de stockage sont surchargées et les prix ont chuté à un niveau très bas. Le président de l’Ukraine a indiqué en début d’année 2024 que le blocage de la frontière polonaise démontre une « érosion de la solidarité » envers son pays et a demandé des discussions avec la Pologne. Il a également déclaré que « Moscou est le seul bénéficiaire » de ces discordes, critiquant l’apparition de proclamations explicitement pro-Poutine.