Le représentant en chef de la politique étrangère de l’UE, Josep Borrell, a appelé à la divulgation des résultats de l’élection présidentielle au Venezuela le mercredi 31 juillet, déclarant qu’en l’absence de ces détails, la réélection de Nicolas Maduro ne pourrait pas être validée. Lors d’une visite au Vietnam, il a déclaré à la presse : « Nous voulons un accès instantané aux enregistrements des bureaux de vote ».
Depuis l’annonce de la victoire du président en exercice qui lui laisse la voie libre pour un troisième mandat, l’opposition a dénoncé une « fraude à grande échelle » et appelle à une vérification transparente des votes, une demande de plus en plus pressante de la part de la communauté internationale. Le président brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, et son homologue américain, Joe Biden, ont convenu lors d’une conversation téléphonique de l’importance de publier les résultats détaillés de l’élection. Selon eux, cette élection est « un moment crucial pour la démocratie dans l’hémisphère ».
Des milliers de sympathisants de l’opposition sont descendus dans la rue pour soutenir leur candidat, accusant Maduro et son gouvernement à la suite du décès de douze personnes et de nombreuses arrestations. Les partisans scandant « Liberté, liberté ! » ont soutenu le candidat Edmundo Gonzalez Urrutia et le leader de l’opposition Maria Corina Machado à Caracas et dans d’autres villes du pays. Edmundo Gonzalez Urrutia, qui a remplacé Maria Corina Machado en tant que candidate après qu’elle ait été déclarée inéligible, a interpellé les forces militaires. « Il n’existe aucun motif valable pour réprimer le peuple vénézuélien » a-t-il déclaré à ses partisans dans la capitale.
La situation économique du pays est sans précédent.
Lors d’une rencontre avec les hauts responsables du pays, Nicolas Maduro a pointé du doigt l’opposition, les qualifiant de « responsables de la violence criminelle ». Il a promis que la justice serait faite contre ceux qu’il a surnommés « les diables et les démons » lors d’un rassemblement de soutien organisé par des centaines de ses partisans devant le palais présidentiel. Cette intensification des tensions survient au moment où le Venezuela, autrefois l’un des pays les plus prospères d’Amérique latine, se trouve embourbé dans une crise sans précédent, marquée par un effondrement de la production pétrolière, une réduction de 80% du PIB en dix ans et une dégradation totale des systèmes de santé et d’éducation. Sept millions de personnes ont quitté le pays.
Selon quatre ONG de défense des droits de l’homme, les manifestations ont causé la mort d’au moins onze civils, dont deux mineurs. Le procureur général Tarek William Saab a dévoilé une douzième victime, un soldat tué par balle. Par ailleurs, une enquête menée par une ONG sur les hôpitaux a répertorié 84 blessés civils tandis que le ministère de la Défense a fait état de 23 militaires blessés. Le parquet a annoncé l’arrestation de « 749 criminels » en marge des manifestations, certains accusés de terrorisme. L’opposition a dénoncé une « escalade de la répression » et a confirmé l’arrestation de l’un de ses dirigeants, Freddy Superlano.
Considéré comme un élément clé du pouvoir depuis l’époque du président Hugo Chavez (décédé en 2013) et de son successeur Nicolas Maduro, l’appareil de sécurité du pays détient une part importante du destin du pays. Le ministre de la Défense, le général Vladimir Padrino Lopez, a réitéré la « loyauté inébranlable » des forces armées envers le président Maduro.
Après l’annonce des résultats par le Conseil national électoral (CNE), M. Maduro, âgé de 61 ans, a été déclaré président officiellement. Selon le CNE, bien qu’aucun détail n’ait été fourni, le président sortant a reçu 5,15 millions de voix, soit 51,2%, surpassant Edmundo Gonzalez Urrutia, qui aurait réuni 4,5 millions de voix, soit 44,2%. Cependant, Maria Corina Machado insiste sur le fait que la preuve de la victoire est en possession de l’opposition en se basant sur des procès-verbaux, affirmant qu’Edmundo Gonzalez Urrutia a reçu environ 70% des votes.
Malgré le soutien de la Chine et de la Russie, M. Maduro semble de plus en plus isolé. Le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk, s’est dit « extrêmement inquiet », et Washington a déclaré la répression « inacceptable ». L’Organisation des Etats américains a critiqué la situation en la qualifiant de « manipulation aberrante ». Neuf pays d’Amérique latine, dont l’Argentine, le Costa Rica, l’Equateur, le Guatemala, le Panama, le Paraguay, le Pérou, la République dominicaine et l’Uruguay, ont demandé une « révision complète avec la présence d’observateurs électoraux indépendants ».
En réponse à cela, Caracas a rappelé son personnel diplomatique de sept pays d’Amérique latine et a rompu ses relations avec le Pérou, qui a reconnu le candidat de l’opposition comme le président « légitime ». Quant au Costa Rica, il a offert l’asile politique au candidat de l’opposition ainsi qu’à la principale opposante. De son côté, le Panama a décidé de suspendre ses vols vers le Venezuela, une mesure similaire à celle prise par Caracas.
Nicolas Maduro, ayant utilisé tous les moyens possibles pour assurer sa réélection à un troisième mandat présidentiel au Venezuela, a obtenu le résultat qu’il souhaitait le dimanche 28 juillet, malgré les sondages le montrant en retard. Cependant, la clarté de ce résultat est toujours en question.
Les résultats officiels de l’élection du lundi 29 juillet ont été annoncés par le Conseil national électoral, montrant une victoire pour Maduro avec 51,20% des votes. Cependant, ces résultats ont été contestés non seulement par neuf pays d’Amérique latine qui demandent une «révision complète des résultats», mais aussi par l’opposition au sein du pays, qui soutient que leur candidat, Edmundo Gonzalez Urrutia, aurait en réalité remporté l’élection avec plus de 70% des voix.
L’élection contestée et les objections reçues, à la fois au niveau national et international, ont été abordées dans une vidéo faisant partie de la série « Comprendre en trois minutes » produite par le service Vidéos verticales du Monde. Ces vidéos éducatives, initialement diffusées sur des plateformes comme TikTok, Snapchat, Instagram et Facebook, visent à contextualiser les grands événements dans un format court pour les rendre accessibles à tous.
Pour plus d’informations sur la crise économique qui secoue le pays depuis la moitié des années 2010, nous vous recommandons de consulter l’analyse ci-dessous.