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« Guerre Ukraine: Kiev abat 89 drones »

Nous vous invitons à lire nos différents articles, reportages et analyses relatives à la situation militaire en Ukraine. « Le Monde » vous offre un éclairage approfondi sur cette situation préoccupante. L’une des tâches majeures de l’armée ukrainienne est de contrer les drones russes. Avec les Jeux Olympiques à Paris, une Maison de l’Ukraine s’est mise en place afin de supporter les athlètes affectés par le conflit. Sur le terrain, les forces russes avancent dans la région de Donetsk.

En Ukraine, suite à des attaques russes redondantes, on observe une transformation dans le mode de production d’électricité. Les attaques par des drones maritimes ukrainiens ont poussé la flotte russe à se retirer de la Crimée. Vous vous posez des questions ? Nous avons les réponses à vos interrogations les plus communes.

Quel est le rôle des drones dans le conflit entre Moscou et Kiev ? Au cours des derniers mois, la guerre de drones entre la Russie et l’Ukraine s’est intensifiée. Un think tank britannique spécialisé en défense a publié en mai 2023 un rapport qui indique que l’Ukraine perd environ 10 000 drones sur le champ de bataille chaque mois, soit plus de 300 par jour. En comparaison, l’armée française possède à peine plus de 3 000 drones dans son inventaire.

Ukrainiens et Russes emploient principalement des UAV (unmanned aerial vehicle, en anglais) peu coûteux et abondamment disponibles, originellement conçus pour un usage civil. Ces drones sont utilisés pour la reconnaissance du terrain et pour guider les troupes ou les tirs d’artillerie. Certains sont même adaptés pour transporter de petites charges explosives qui sont larguées sur des tranchées ou des véhicules blindés.

Les drones-kamikazes, bien que moins nombreux, apportent une contribution significative. Équipés d’une charge explosive, ces UAV sont lancés par-dessus la ligne de front sans objectif pré-assigné. La Russie fait usage de drones russes Lancet-3, ainsi que des Shahed-136, fabriqués en Iran. En l’absence d’une puissante flotte militaire, l’Ukraine déstabilise son adversaire en utilisant des navires sans équipage, de petits kayaks pilotés à distance, chargés d’explosifs (450 kilos de TNT).

Indiquant l’importance des drones dans leurs opérations, les Ukrainiens et les Russes se sont préparés pour soutenir leurs troupes à long terme, non seulement en achetant massivement des drones civils sur le marché, mais également en établissant des capacités de production internes. Bien que hésitante au début de la guerre du Donbass, déclenchée il y a une décennie, l’industrie nationale ukrainienne a depuis lors gagné en force. Fin août, le ministre ukrainien de la transformation numérique a annoncé qu’une copie du drone russe Lancet avait été développée et serait bientôt déployée sous le nom de Peroun, le dieu slave de la foudre et du tonnerre.

La Russie, handicapée par les sanctions occidentales limitant son accès à des composants électroniques, éprouve davantage de difficultés. Cependant, selon les services de renseignement américains, Moscou aurait initialement entamé la construction d’une usine dans la zone économique spéciale d’Alabouga pour y fabriquer des drones-kamikazes de design iranien, tels que les Shahed-136.

Quelle est notre connaissance des réserves de missiles russes ?

Il est extrêmement compliqué, voire impossible, de déterminer la situation actuelle des réserves de missiles de l’armée russe. Les services de renseignement ukrainiens diffusent régulièrement des informations à ce sujet, mais leurs évaluations sont discutables.

D’après les déclarations d’Andri Ioussov, représentant du département général du renseignement du ministère de la défense (GUR) et relayée par Liga.net, l’arsenal militaire russe comprenait 2 300 missiles balistiques ou de croisière avant le conflit et en avait encore environ 900 en début d’année. Selon ce même porte-parole, ces chiffres s’ajoutent à près de dix mille missiles antiaériens S-300 ayant une portée de 120 kilomètres et à une grande quantité de S-400, version améliorée avec une portée triplée. En outre, en août, Vadym Skibitsky, le second du GUR, avait révélé que l’arsenal disposait également de 585 missiles capables d’une portée supérieure à 500 kilomètres.

En ce qui concerne la production de missiles, elle aurait atteint une centaine de missiles balistiques ou de croisière mensuels selon divers experts. Le GUR estime que 115 missiles étaient produits mensuellement en octobre.

La Russie aurait également obtenu des missiles à courte portée provenant d’Iran et de Corée du Nord et continuerait à en acquérir. Reuters, citant de multiples sources iraniennes, affirme que depuis janvier, la Russie aurait reçu 400 missiles iraniens de type Fateh-110 (ayant une portée de 300 à 700 kilomètres) suite à un accord conclu. Le nombre de missiles nord-coréens obtenus par la Russie n’est pas connu, mais 24 ont été lancés en Ukraine entre le 30 décembre 2023 et le 7 février 2024, comme le rapporte le procureur général, Andriy Kostin. Il semblerait probable, après analyse des débris et des trajectoires par des experts, qu’il s’agisse de KN-23 et KN-24 ayant une portée avoisinant les 400 kilomètres.

Et pour ce qui concerne les avions de chasse F-16 ?

En réponse à une requête de longue date du président ukrainien, les États-Unis ont consenti, en août 2023, à transférer des avions de combat F-16 à l’Ukraine. Bien qu’il y ait plus de 300 F-16 dans neuf pays européens – incluant la Belgique, le Danemark, la Grèce, les Pays-Bas et le Portugal, pour ne citer que ceux-ci -, il n’est pas possible pour tous ces pays de les transférer immédiatement.

Volodymyr Zelensky a évoqué un chiffre de 42 F-16 promis par les alliés occidentaux à Kiev, chiffre qui n’a pas été validé. Le Danemark a promis d’en fournir 19. Les six premiers ne seraient pas livrés avant la fin 2023, huit autres suivraient en 2024 et cinq en 2025, comme l’a indiqué la Première ministre danoise, Mette Frederiksen. Les Pays-Bas, qui en ont également promis, ont 42 unités en leur possession, mais n’ont pas indiqué combien ils envisagent de transférer.

De plus, les pilotes ukrainiens doivent recevoir une formation pour piloter ces avions de combat américains. Onze pays alliés de Kiev se sont engagés à former des pilotes. Selon l’OTAN, les pilotes ukrainiens seraient aptes à utiliser les avions dans des situations de combat qu’à partir du début de 2024, alors que d’autres experts estiment que ce sera plus probablement en été de la même année.

Quelle est l’aide militaire fournie à Kiev par ses alliés ?

Deux ans après l’escalade du conflit, l’aide occidentale à Kiev perd du terrain : les contributions récentes ont décliné entre août 2023 et janvier 2024 par rapport à la même période de l’année précédente, comme le révèle le dernier rapport de l’Institut Kiel publié en février 2024. Cette diminution pourrait se maintenir, le Sénat américain ayant des difficultés à approuver des fonds supplémentaires et l’Union Européenne (UE) ayant eu du mal à obtenir l’approbation d’un soutien de 50 milliards le 1er février 2024, suite à une opposition de la Hongrie. Il est à noter que ces deux plans d’aide n’ont pas encore été pris en compte dans le dernier bilan de l’Institut Kiel, qui s’arrête en janvier 2024.

Les informations de l’institut allemand montrent une réduction du nombre de donateurs, désormais concentrés sur un groupe de pays: les États-Unis, l’Allemagne et les pays du nord et de l’est de l’Europe, qui offrent à la fois une aide financière importante et des armements de pointe. Au total, depuis février 2022, les pays soutenant Kiev se sont engagés à fournir au moins 276 milliards d’euros d’aide militaire, financière et humanitaire.

En termes absolus, ce sont les pays les plus fortunés qui ont été les plus généreux. Les États-Unis sont les premiers donateurs, avec plus de 75 milliards d’euros d’aide annoncés, dont 46,3 milliards destinés à l’aide militaire. Les pays de l’Union européenne ont annoncé des aides bilatérales (64,86 milliards d’euros) et des aides conjointes provenant des fonds de l’Union européenne (93,25 milliards d’euros), pour un total de 158,1 milliards d’euros.

En tenant compte du produit intérieur brut (PIB) de chaque pays donateur, le classement des contributions change. Les États-Unis tombent à la vingtième position, avec seulement 0,32% de leur PIB, bien derrière certains pays limitrophes de l’Ukraine ou d’anciens états soviétiques. L’Estonie se place en premier avec un taux de 3,55% de son PIB, suivie du Danemark (2,41%) et de la Norvège (1,72%). Les quatrième et cinquième sont la Lituanie (1,54%) et la Lettonie (1,15%). Les trois pays baltes, tous avoisinant la Russie ou son alliée la Biélorussie, sont parmi les plus généreux donateurs depuis le début du conflit.

Dans le registre des pourcentages du PIB, la France est positionnée à la vingt-septième place, englobant 0,07 % de son PIB en aide, juste derrière la Grèce (0,09 %). L’aide accordée par la France a diminué progressivement depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie – en avril 2023, elle était vingt-quatrième et treizième à l’été 2022.

Quels renseignements possédons-nous à propos des tensions à la frontière ukrainienne et polonaise ?

Cela fait quelques mois que l’Ukraine et la Pologne connaissent des difficultés relationnelles. La raison de ces tensions est principalement liée au transport de céréales en provenance d’Ukraine. Au printemps 2022, pour aider à l’expédition et à la vente de produits agricoles ukrainiens vers l’Afrique et le Moyen-Orient sans imposition de droits de douane, l’Union européenne avait établi des « chemins de solidarité ».

Toutefois, d’après la Fondation Farm, qui réfléchit aux problématiques agricoles mondiales, le problème survient lorsque près de 50 % de ces céréales ukrainiennes traversent l’UE ou y terminent leur voyage. Naturellement, ces céréales sont vendues à un tarif nettement inférieur à celui du blé cultivé en UE, en particulier en Europe centrale.

Utilisant cette argumentation, différents pays dont la Pologne, la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie et la Slovaquie, ont bloqué individuellement leurs importations en avril 2023. Cette mesure a été acceptée par Bruxelles, pourvu qu’elle n’interfère pas avec la livraison à d’autres nations et ne s’étende pas au-delà de quatre mois. Cependant, Varsovie a choisi de ne pas rouvrir ses frontières aux céréales ukrainiennes en fin d’été, jugeant que le problème de base n’a pas été résolu. Pourtant, selon Bruxelles, l’embargo n’était plus justifié car leurs analyses démontraient que « il n’y avait plus de déséquilibre sur les marchés nationaux des céréales ».

Les agriculteurs polonais font obstruction aux frontières polono-ukrainiennes dans le but de stopper les convois ukrainiens à l’entrée de leur pays. Leurs revendications comprennent l’appel à un « embargo total » sur les biens alimentaires et agricoles ukrainiens. Ils protestent notamment contre la flambée de leurs frais de production, en même temps que leurs silos et entrepôts débordent et que les tarifs sont au plancher. En début d’année 2024, le chef d’État ukrainien exprimait l’idée que le siège de la frontière polonaise est un exemple de « l’affaiblissement de la solidarité » envers son État, et a demandé des négociations avec la Pologne. Selon lui, « seule Moscou tire plaisir » de ces conflits, en déplorant « l’émergence de slogans clairement en faveur de Poutine ».

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