Située dans le 7e arrondissement de Paris, la chapelle de l’Epiphanie abrite une peinture qui illustre le milieu familial de Pierre de Coubertin (1863-1937). Coubertin, fondateur du Comité international olympique (CIO) en 1894, est reconnu comme l’initiateur des Jeux olympiques modernes.
Dans cette peinture appelée Le Départ des missionnaires vers l’Asie (1868), son père, Charles Louis de Frédy de Coubertin (1822-1908), un artiste sulpicien, s’est représenté en compagnie du jeune Pierre, âgé de 5 ans, et de sa sœur aînée, tous trois venus rendre hommage aux missionnaires sur le point de partir pour l’Extrême-Orient. La famille de Coubertin était immergée dans un environnement royaliste et dévotement catholique.
Comme ses frères, Pierre a été instruit par les jésuites au collège Saint-Ignace de Paris (qui deviendra plus tard l’école externe de la rue de Madrid), où il a reçu une éducation axée sur la religion, mais également sur l’hellénisme et le latin. Cependant, comme il le mentionne dans son premier livre publié en 1888 (L’Education en Angleterre, Hachette), il prendra ses distances avec ce qu’il a appris à l’école.
Dries Vanysacker, un professeur de l’Université catholique de Louvain, spécialisé dans la relation entre religion et sport, souligne que dans son livre, Coubertin exprime son scepticisme à l’égard des programmes scolaires jésuites, qui privilégient la religion et la littérature classique au détriment des sciences naturelles et contemporaines, mais qui sacrifient aussi l’éducation physique et le sport.
La devise olympique et les dominicains sont également un sujet dans cette histoire.
Plusieurs années après sa formation, Pierre de Coubertin s’aligne sur la philosophie éducative des dominicains mettant en valeur la culture physique. En 1891, à l’âge de 28 ans, avec l’aide du prêtre sportif Henri Didon, le directeur du collège Albert-le-Grand à Arcueil (Val-de-Marne), il réalise son ambition d’organiser des compétitions sportives entre des écoles religieuses et laïques.
Ce prêtre a été initié au séminaire de Rondeau, à Grenoble, où se déroulaient des « Promenades olympiques » des mini-compétitions sportives inspirées des jeux antiques tous les quatre ans de 1832 à 1906. C’est là qu’Henri Didon a mêlé une éducation intellectuelle à une éducation physique et sportive, avec l’objectif de réorganiser l’enseignement catholique, comme le fait valoir Dries Vanysacker.
L’influence que Didon eut sur la vie de Coubertin est profonde. Henri Didon inspire à Pierre de Coubertin le fameux adage qui deviendra la devise officielle des Jeux olympiques: « Citius, altius, fortius » (« Plus vite, plus haut, plus fort »). Ce leitmotiv a été prononcé par le prêtre en 1891 lors d’une compétition sportive au Collège Albert-le-Grand. Didon associe « Citius » à la portée de l’esprit et à l’apprentissage intellectuel, « Altius » à l’ascension de l’âme et à la voie vers Dieu, et « Fortius » au corps, sculpté par le sport et l’éducation physique, comme l’illustre Dries Vanysacker.
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