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« Venezuela: Colère après réélection de Maduro »

Lundi 29 juillet, le Venezuela a déclaré le retrait de ses diplomates de sept nations d’Amérique Latine. Cette action est une protestation contre leur ingérence prétendue, qui mettait en doute la récente réélection de Nicolas Maduro en tant que président du Venezuela. Cette initiative fait partie des évènements les plus récents de la crise politique engendrée par les résultats controversés du vote qui a eu lieu dimanche, permettant à M. Maduro d’obtenir un troisième mandat de six ans.

Le Venezuela considère que la réaction de ces pays- l’Argentine, le Chili, le Costa Rica, le Panama, le Pérou, la République Dominicaine et l’Uruguay- a entravé sa souveraineté nationale. De plus, il a demandé que les diplomates de ces nations quittent le territoire vénézuélien.

D’après Elvis Amoroso, président du Conseil national électoral (CNE) et allié du gouvernement, les Vénézuéliens ont clairement exprimé leur choix en réélisant Nicolas Maduro. Selon le CNE, M. Maduro, 61 ans, a succédé à l’ancien président Hugo Chavez (1999-2013) avec une réélection de 51.20 %, soit 5.15 millions de voix. Le candidat de l’opposition, Edmundo Gonzalez Urrutia, 74 ans, qui avait remplacé Maria Corina Machado, déclarée inéligible, a reçu environ 4.5 millions de voix (44.2%). En mars, six collègues de Mme.Machado, accusée de complot, ont demandé refuge à l’ambassade d’Argentine.

D’autre part, lundi, dans une déclaration commune, neuf pays d’Amérique latine : l’Argentine, le Costa Rica, l’Équateur, le Guatemala, le Panama, le Paraguay, le Pérou, la République dominicaine, et l’Uruguay, ont demandé une revue complète du scrutin avec la présence d’observateurs indépendants.

« Maduro doit partir ! »

Des éruptions spontanées de protestations émaillées de conflits avec la police ont surgi dans les rues de Caracas. « Nous réclamons qu’il cède le pouvoir immédiatement », ont déclaré plusieurs milliers d’individus lundi, dans de nombreux quartiers défavorisés de la métropole, tandis que certains incinéraient des posters représentant le président, ont remarqué les reporters de l’Agence France-Presse.

« Le public est irrité. C’est la plus vaste escroquerie de la planète », proteste Luis Garcia, un homme de 23 ans, au sein du mouvement de manifestants à Pétaré, dans l’est de Caracas. « Pour l’indépendance de notre nation! Pour le futur de nos progénitures, nous exigeons la liberté, que Maduro part! », hurle Marina Sugey, âgée de 42 ans.

Les manifestants se dirigeaient vers le centre métropolitain quand les forces policières ont lancé des grenades lacrymogènes. En réponse, certains manifestants ont lancé des pierres. D’autres altercations ont eu lieu dans les quartiers populaires de Catya et El Valle.

Pour autant, nombre d’entre eux choisissent de manifester depuis leurs fenêtres ou balcons, effrayés par les « colectivos », des milices pro-gouvernementales connues pour leur violence, accusées de répression des manifestations hostiles au régime. « Un individu est passé et a mimé [en passant son doigt] sur son cou pour nous signifier que notre vie était en danger », affirme Jenny Gil, 56 ans, qui a eu l’audace de descendre dans la rue et de faire du bruit avec une casserole sur une avenue de La Candelaria, au centre de Caracas.

Maduro décrie une tentative de « putsch ». Bien que M. Maduro ait le soutien de la Russie et de la Chine, ainsi que de ses alliés traditionnels – Cuba, Nicaragua, Honduras et Bolivie –, les réponses négatives ou dubitatives ont afflué de la communauté internationale.

Le gouvernement du Brésil a souligné l’importance du principe de la souveraineté populaire et a insisté sur une évaluation équitable des résultats. Autrefois, Lula, le président brésilien avait soutenu son confrère vénézuélien contre les commentaires négatifs de la communauté internationale. Cependant, lors des élections présidentielles, l’approche de Brasilia a été plus stricte.

Du côté de la Colombie, le ministre des Affaires étrangères Luis Gilberto Murillo, sous l’égide du président de gauche Gustavo Petro, a appelé à un recomptage total des votes et à une vérification ainsi qu’à un audit indépendant. Les États-Unis, par l’intermédiaire du secrétaire d’État Antony Blinken, ont exprimé de sérieuses inquiétudes quant à savoir si le résultat annoncé reflète véritablement les intentions ou les votes du peuple vénézuélien. Le chef de la diplomatie de l’Union européenne, Josep Borrell, ainsi que la France ont souligné la nécessité d’une transparence totale, ainsi que la publication des comptes-rendus et des résultats complets – une demande également faite par l’opposition.

Lors d’une allocution au CNE, Maduro a rejeté les critiques de l’opposition et de la communauté internationale, accusant ces groupes de tenter d’imposer un coup d’État fasciste et contre-révolutionnaire au Venezuela. La veille, M. Amoroso a signalé une attaque contre le système de transmission de données ayant retardé le décompte des votes. Les résultats détaillés par bureau de vote requis par l’opposition ne sont pas encore accessibles. Une enquête a été lancée lundi, suggérant que Mme Machado serait impliquée dans cette cyberattaque. Pendant la campagne, on a signalé des intimidations et des arrestations.

La défaite attribuée à l’opposition dans les récentes élections, après un quart de siècle de domination chaviste, a immédiatement été contestée. Selon Mme Machado, M. Gonzalez Urrutia aurait remporté 70% des votes. Elle a critiqué les résultats comme étant une atteinte flagrante à la volonté du peuple. De son côté, M. Gonzalez Urrutia a affirmé que leur lutte perdurera tant que les souhaits du peuple vénézuélien ne seront pas honorés, sans pour autant inciter à des protestations pour le moment.

Durant la campagne et le vote, l’opposition a dénoncé de multiples actes d’intimidation et d’emprisonnements, dans une atmosphère de tension. L’observation du processus électoral avait été restreinte par Caracas. Le Centre Carter, l’un des peu nombreux observateurs indépendants sur place, a engagé le CNE à dévoiler les résultats du vote de dimanche de chaque bureau électoral.

Plongé dans une crise profonde, le Venezuela, autrefois l’un des pays les plus prospères d’Amérique latine, est à bout de souffle : la production pétrolière s’est effondrée, son PIB a chuté de 80% en une décennie, et la pauvreté, accompagnée d’un système de santé et d’éducation en ruines, règne. Sept millions de Vénézuéliens ont quitté leur nation.

Le gouvernement attribue cette débâcle au « blocus criminel », responsable selon lui de tous les problèmes. Les États-Unis avaient renforcé leurs sanctions dans le but de renverser M. Maduro suite à son élection controversée en 2018, un vote entaché de fraudes d’après l’opposition et qui avait déclenché des manifestations fortement réprimées.

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