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30 juillet 2024 7 h 07 min

« Identification d’un pigeon unique de Negros »

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Il existe un club exceptionnellement exclusif dont les membres, obligés de rester discrets, ne se croisent jamais. Ils aimeraient ne pas faire partie de ce club. L’American Bird Conservancy a nommé ce groupe « Les oiseaux perdus ». Pour être membre de cette communauté, l’association a établi des critères d’admission simples : « Être un oiseau qui n’a pas été vu ou entendu depuis une décennie, mais qui n’est pas encore considéré comme disparu », déclare le directeur du programme, l’ornithologue John Mittermeier. Parmi les onze mille espèces aviaires recensées à travers le monde, cent vingt-cinq se qualifient selon ces critères. Cependant, dix espèces sortent du lot. « Les dix espèces les plus convoitées… » Cette distinction leur est accordée en raison de leur histoire, le rare nombre d’observations passées, et l’énigme qui les enveloppe.

Le Ptilope de Ripley est numéro un de cette liste. «Il incorpore tout», déclare John Mittermeier. « Un seul spécimen a été trouvé, aucune autre observation n’a été signalée depuis soixante-dix ans, et les circonstances de sa découverte étaient extraordinaires. » Le seul inconvénient de ce petit colombidé vert : jusqu’à récemment, on ne savait pas s’il constituait une espèce à part entière.

L’incertitude a été dissipée le 6 février dans le journal International Journal of Avian Science. Un groupe de chercheurs de l’université Yale, aux États-Unis, dirigé par un étudiant en licence, a élucidé l’un des plus mystérieux cas non résolus de la zoologie récente. En examinant l’ADN de l’échantillon préservé dans la collection du Musée Peabody, hébergée par l’université, John Nash, âgé de 24 ans, et son équipe ont confirmé qu’il s’agit bien d’une espèce. Une espèce ancienne, extrêmement ancienne, beaucoup plus que ce qu’ils anticipaient. Grâce à leur travail, ils ont également apporté des informations qui pourraient aider à retrouver cette espèce dans la nature, soixante et onze ans après sa seule observation.

L’histoire débute le 1er mai 1953. Ce jour-là, l’ornithologue philippin D. S. Rabor est en mission sur les flancs du mont Canlaon, sur l’île de Negros. La recherche sur ce terrain accidenté et boisé a été organisée et financée par Dillon Ripley, conservateur des oiseaux au Musée Peabody. Avançant lentement, le chercheur la tête levée et l’oreille alerte, il repère dans la canopée un couple d’oiseaux intrigant. « Il fait ce qui était coutumier à l’époque, il tire,  » rapporte John Nash. Seul le corps de la femelle des deux oiseaux abattus sera retrouvé par Rabor.  » Le partenaire présumé a malheureusement été perdu dans la végétation,  » écrivent les deux ornithologues dans un rapport de deux pages publié en février 1955. Ils ajoutent, « Il sera fascinant d’étudier le motif du plumage lorsque le mâle de cette espèce sera découvert. »

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