Dans le territoire désertique, on peut observer des dizaines de corps inanimés dans des vidéos partagées sur les plateformes de médias sociaux. Du 25 au 27 juillet, une bataille intense s’est déroulée entre le Cadre stratégique pour la défense du peuple de l’Azawad (CSP-DPA), une union de groupes rebelles séparatistes du nord du Mali, et les troupes armées maliennes (FAMa) assistées par les mercenaires du groupe russe Wagner, autour de Tin Zaouatine, une zone frontalière entre le Mali et l’Algérie.
Jusqu’à présent, aucune estimation officielle des pertes n’a été délivrée par le haut commandement malien. Cependant, un communiqué publié le 29 juillet sur la chaîne nationale a confirmé des « pertes considérables tant en vies humaines qu’en biens matériels ». Selon des informations concordantes, les forces armées maliennes et Wagner ont subi un nombre élevé de pertes humaines. Le CSP-DPA, de son côté, déclare que tous les attaquants ont soit péri, soit été capturés, tout en confirmant la perte de sept de ses membres et douze blessés. Ils déclarent également avoir récupéré des véhicules et une grande quantité de matériel.
Dans une déclaration remarquable, une chaîne Telegram liée à Wagner a annoncé que le groupe de mercenaires avait subi des pertes, incluant le commandant du 13e groupe d’assaut, Sergueï Chevtchenko. D’après le rapport, une tempête de sable aurait compromis l’avancée des FAMa et de Wagner vers Tin Zaouatine, offrant une opportunité aux groupes rebelles pour prendre l’initiative. Selon l’agence de presse russe Tass, Nikita Fedyanin, administrateur d’une autre chaîne Telegram dédiée à Wagner, a été tué « au Mali, lors d’une attaque ». Le 27 juillet, l’armée avait déclaré avoir amorcé un mouvement de repli stratégique après avoir neutralisé « cinq cibles terroristes ».
Cet échec majeur représente un coup dur pour Wagner au Mali, où ce groupe paramilitaire russe est déployé pour soutenir les forces gouvernementales depuis fin 2021. Cela remet en question la capacité d’appui opérationnel que Wagner peut fournir à l’armée malienne. Pour la junte du colonel Assimi Goïta, ce revers est également significatif, d’autant plus qu’elle s’était consolidée après la reconquête de Kidal par les FAMA et leurs alliés russes en novembre 2023.
Cette petite ville stratégique dans la partie nord du Mali, connue comme un bastion historique des insurgés touaregs, était hors du contrôle du gouvernement depuis 2012 et symbolisait une souveraineté perçue comme violée. « Cette perte peut probablement être attribuée à un excès d’assurance suite à la capture de Kidal l’année passée, ainsi qu’à des modifications structurelles suivant le décès d’Evgueni Prigojine [l’ex-chef du groupe Wagner, mort dans une catastrophe aérienne au mois d’août 2023] », déclare John Lechner, un érudit et auteur spécialiste de la Russie et de l’Afrique. « Toutefois, il est essentiel de ne pas surévaluer l’impact de cette bataille : les pertes à Tin Zaouatine ne peuvent être comparées à celles que Wagner a subies en Syrie et en Ukraine », ajoute-t-il en modérant son commentaire.
Mohamed Elmaouloud Ramadane, le représentant du CSP-DPA, considère leur succès actuel comme une simple phase du processus. Le groupe rebelle lutte pour l’indépendance de la zone qu’ils appellent « Azawad », dans le nord du Mali. Suite à leur débâcle à Kidal, ils ont affirmé avoir dû opter pour un « retrait stratégique » mais maintiennent leur objectif de lutter contre les forces armées maliennes et leurs partenaires russes. Cependant, une question subsiste : pour arriver à leur réussite à Tin Zaouatine, ont-ils collaboré avec les djihadistes du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), un groupe lié à Al-Qaïda ? Les partisans du gouvernement actuel les accusent de cela, qualifiant les deux groupes de « terroristes ». Le GSIM, dans une déclaration parue le samedi 27 juillet, a revendiqué une attaque contre un convoi de l’armée malienne et de ses alliés russes, affirmant avoir tué plusieurs de leurs membres. Toutefois, le CSP-DPA conteste toute confusion.
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