Le Premier ministre du Sénégal, Ousmane Sonko, a commenté dimanche 28 juillet la reconnaissance par la France, à titre posthume, de la mort de six soldats sénégalais exécutés sous ordre d’officiers français à Thiaroye en 1944. « Je voudrais réitérer que la France ne peut pas récrire seule cette partie tragique de l’histoire », a déclaré Sonko sur ses réseaux sociaux, signant en tant que leader du parti politique Pastef-Les Patriotes et non en tant que Premier Ministre.
Le 1er décembre 1944, au camp militaire de Thiaroye, non loin de Dakar, la capitale sénégalaise, des officiers français ont ordonné aux militaires coloniaux et à la gendarmerie française de tirer sur des soldats sénégalais qui réclamaient le paiement de leur salaire en retard.
Selon les rapports officiels français de l’époque, au moins trente-cinq soldats ont perdu la vie, soit sur place, soit des conséquences de leurs blessures. Cependant, ce chiffre est aujourd’hui controversé, certains historiens estimant qu’il est nettement plus élevé. La localisation des tombes individuelles ou des fosses communes des soldats tués, à Thiaroye ou ailleurs, fait également l’objet de discussions.
L’attribution de la mention « morts pour la France » a ravivé au Sénégal et sur le continent africain les souvenirs traumatiques de ce massacre. M. Sonko, un fervent défenseur de la souveraineté et du panafricanisme, a insisté pour que la France reconsidère ses méthodes, puisque « les temps ont changé ».
« Pourquoi cette soudaine ‘réalisation’ alors que le Sénégal se prépare à redonner un sens nouveau à ce souvenir pénible, en célébrant le 80e anniversaire cette année ? », se demande-t-il. « Thiaroye 44, comme tout le reste, sera commémoré différemment à partir de maintenant », précise-t-il.
L’appellation « décédés pour la France » a été donnée à ces six tirailleurs par une décision du 18 juin faite par l’Office National Français des Combattants et des Victimes de Guerre (ONaCVG).
Par ailleurs, cette décision concerne « quatre tirailleurs sénégalais, un ivoirien et un de Haute-Volta » (actuel Burkina Faso). Cette décision initiale « pourra être élargie dès que l’identité précise d’autres victimes sera confirmée », explique le secrétariat d’État français responsable des anciens combattants et de la mémoire.
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