Plutôt qu’un récit d’action de chasse vigoureuse des trafiquants de drogue en fuite, l’histoire d’Abdel Karim Touil, surnommé « le Professeur », s’aligne davantage sur le genre du thriller juridique, où les aventures surgissent de dossiers bureautiques et d’entretiens confidentiels. La révélation la plus récente de cette histoire est l’extradition du narcotrafiquant franco-tunisien de 38 ans du Liban, une information révélée par Le Nouvel Obs le jeudi 25 juillet.
M. Touil, qui a passé beaucoup de temps en fuite à Dubaï, a été condamné par contumace à douze ans de prison pour importation de cocaïne. Il est maintenant en détention provisoire en attendant une comparution devant un juge d’instruction et de détention du tribunal de Bobigny. C’est la conclusion d’une affaire complexe, semblable à une chasse au trésor.
L’affaire a été déclenchée en janvier 2020 par un chargement capricieux de cocaïne. Une confusion dans les coordonnées GPS utilisées par les transporteurs a dirigé par erreur la livraison vers une ébénisterie située dans le bourg rural de Montussan, en Gironde, plutôt que vers Montluçon, dans l’Allier, où des complices l’attendaient. Les 730 kilos de cocaïne, cachés dans un chargement de bois exotique, ne peuvent rester indéfiniment au mauvais endroit. C’est alors que la police, bien renseignée, intervient sur le petit groupe de trafiquants chargé de récupérer la cocaïne mal dirigée. Un objectif prioritaire.
Dans la première moitié d’octobre 2023 au tribunal de Bordeaux, dix individus ont été jugés. Un homme surnommé « Le Professeur », décrit comme l’élément central de l’opération -une revendication que sa défense conteste- a été condamné. L’enquête sur les instigateurs de cette importation -qui avait une valeur marchande estimée à 44 millions d’euros et qui avait atterri au port d’Anvers depuis le Brésil- pointait en direction de la Belgique et des Pays-Bas. Cependant, les supposés cerveaux derrière cette opération, comme c’est souvent le cas dans ce genre d’affaires, n’ont pas été attrapés.
Abdel Karim Touil était absent parmi les accusés au tribunal. Il était en fuite, très loin de Bordeaux, Montussan, Montluçon ou Anvers. Il vivait alors parmi les expatriés français à Dubaï, avec un bulletin rouge d’Interpol comme cible sur son dos.
Son nom était sur la liste des cibles principales de l’Office anti-stupéfiants et aussi sur celle transmise par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, à ses homologues aux Emirats Arabes Unis lors de sa visite diplomatique le 25 octobre 2023. M. Touil, qui dirigeait un concessionnaire automobile à Dubaï, n’a pas été difficile à localiser pour la police locale. Il a été arrêté peu de jours après que le ministre français ait quitté le pays.
Il reste encore 34.06% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
Laisser un commentaire