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28 juillet 2024 3 h 11 min

« France reconnaît massacre Thiaroye, Sénégal, 80 ans après »

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« « Mort pour la France, » cette déclaration, attendue depuis longtemps par Biram Senghor pour son père, exécuté avec de nombreux autres tirailleurs, a enfin été prononcée. Son père, M’Bap Senghor, a été l’un des six à recevoir à titre posthume ce prestigieux honneur, exécuté sur ordre de l’armée française le 1er décembre 1944 à Thiaroye, au Sénégal. Biram Senghor, aujourd’hui âgé de 86 ans, a attendu ce moment pendant des décennies.

La distinction a été attribuée discrètement le 18 juin, comme indiqué dans un document consulté par Le Monde et rédigé par l’Office National des Combattants et des Victimes de Guerre, un organisme affilié au Ministère français des Armées. Cette attribution est intervenue deux jours avant le premier face à face entre le nouveau leader de l’État sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, et le président Emmanuel Macron à Paris.

Biram Senghor, après avoir été informé verbalement de cette nouvelle, est « impatient » de recevoir le document officiel qui doit lui être transmis par voie diplomatique. Il confie, « C’est le fruit de tant d’années de lutte contre l’injustice que ma famille a vécue. » Se remémorant son enfance à l’âge de 6 ans, lorsqu’il a appris dans quelles circonstances son père avait été tué, Biram parle de sa quête incessante de justice en France. Malgré les silences et la lâcheté de l’Etat, pour l’ancien gendarme, cette reconnaissance est une grande victoire; en effet, l’Etat a finalement reconnu ses torts.

Cette reconnaissance représente une avancée notable dans un dossier historique douloureux qui persiste entre la France et ses anciennes colonies. Près de Dakar, à Thiaroye, un grand nombre de tirailleurs africains (35 selon le gouvernement militaire, mais cent fois plus selon plusieurs historiens) ont été tués le 1er décembre 1944 pour avoir protesté afin d’obtenir leur paiement.

Ces soldats, natifs des colonies françaises, avaient été recrutés pendant la deuxième guerre mondiale, avant d’être capturés en 1940 par les nazis et détenus dans des camps de prisonniers, nommés « frontstalags », principalement situés en France. Les Allemands répugnaient à garder des prisonniers d’origine africaine sur leur sol. Libérés en 1944 par les Forces françaises ou les Américains, plus de 1300 d’entre eux avaient été renvoyés par bateau à Dakar depuis la ville de Morlaix.

Avant de retrouver leurs familles, ces soldats attendaient à Thiaroye, dans la périphérie de l’ancienne capitale de l’Afrique occidentale française, le versement de leur salaire et de leur prime de démobilisation. Cependant, ne recevant rien, ils ont choisi de protester pour obtenir ce qui leur était dû. À la suite de tensions croissantes avec la hiérarchie militaire, des tirs ont retenti le matin du 1er décembre 1944 lors d’une cérémonie de salut au drapeau. De nombreux soldats ont succombé sous les balles de leurs compatriotes militaires, qui avaient reçu l’ordre de les fusiller.

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