« Le noeud de l’arène politique
Le 21 juillet marque le jour où, après une longue période de lutte politique, Joe Biden a abandonné la course en faveur de Kamala Harris. Celle-ci a tout de suite rassemblé un nombre suffisant de délégués démocrates pour être désignée comme la candidate officielle du parti lors de leur convention en août. En 2020, Joe Biden avait galvanisé la carrière de Kamala Harris en la choisissant comme sa colistière. L’ancienne juge avait alors publié une vidéo sur Instagram intitulée « Prête à lacer mes chaussures pour remporter la victoire », portant une paire de baskets Converse Chuck Taylor. Ce modèle de chaussure doit son nom à un joueur de basketball embauché en 1921 par la marque, fondée en 1908 dans le Massachusetts, pour améliorer et promouvoir cette chaussure à semelles en caoutchouc antidérapantes et très légère qui a connu quelques modifications. La Converse Chuck Taylor a été portée plusieurs années plus tard par Elvis Presley, James Dean, Andy Warhol, et même Kurt Cobain, faisant ainsi de cette basket une icône de la pop culture américaine.
Une résistance à la chaussure à talon haut. »
Kamala Harris n’envisage pas les baskets comme un simple accessoire, au contraire, elles constituent un élément essentiel de son style. Au cours d’une interview qu’elle a accordée en 2018 à The Cut, un média en ligne, elle a révélé l’ampleur de sa collection Converse : du modèle en cuir noir au blanc, en passant par ceux avec ou sans lacets, ceux pour les journées chaudes ou froides, et même les versions à semelles compensées.
Cette passion pour les baskets est également un choix stratégique en terme de marketing politique. Comme l’exprime Elodie Lemaire Nowinski, historienne en mode et chercheuse à la Glasgow School of Arts, au sein d’une société américaine qui tend à maintenir les femmes dans un conservatisme vestimentaire et qui les préfère en talons, c’est une démarche judicieuse. Kamala Harris véhicule une vision de la féminité moins traditionnelle grâce à ses baskets, et se charge elle-même de diffuser ce message, contrairement à Michelle Obama ou Jill Biden qui avaient une First Lady pour faire passer leurs messages.
Toutefois, ce choix vestimentaire a ses limites. Selon la chercheuse, il plaît aux citadins, mais peut être moins apprécié par les électeurs ruraux. Ceci fait référence à ses origines.
Kamala Harris, pour la première fois, est une femme et une personne de couleur à avoir accédé à la vice-présidence des États-Unis, étant la fille d’un père jamaïcain et d’une mère indienne. Elle s’efforce de franchir le dernier obstacle de verre en se préparant à devenir la 47e présidente des États-Unis. Les chaussures de basket Chuck Taylor, qu’elle porte souvent, ont été à l’origine portées majoritairement par des joueurs afro-américains; un symbole qui lui permet de créer des liens avec la communauté noire dans une nation où les problèmes raciaux sont omniprésents, comme l’explique Elodie Lemaire Nowinski. Un autre aspect distinctif de son style est le collier de perles; une référence aux « pearls », les femmes noires diplômées de l’Université Howard, affectueusement connue sous le nom de « Harvard noire », comme Harris elle-même. Les choix de style de Harris ont inspiré le hashtag #pearlsandchucks sur internet. Son objectif est de rallier non seulement les femmes (Harris a vigoureusement défendu le droit à l’avortement ces derniers six mois), mais aussi les minorités ethniques qui ont été affectées par le durcissement de la politique migratoire mis en œuvre par Biden pour attirer les électeurs conservateurs.
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