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« Président et figurants dans élection algérienne »

Selon l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE) en Algérie, uniquement trois candidats sur les seize postulants ont été sélectionnés pour l’élection présidentielle du 7 septembre. Ceux-ci sont Abdelmadjid Tebboune, le président en exercice et favori du public, Abdelali Hassani Cherif du Mouvement de la société pour la paix (MSP, islamiste), et Youcef Aouchiche du Front des forces socialistes (FFS). Leur candidature a été approuvée le 25 juillet, puis confirmée par le Conseil constitutionnel. Les candidats non sélectionnés ont eu deux jours pour contester cette décision.

En majorité, ces candidats non retenus, souvent méconnus du grand public, n’ont pas obtenu le nombre de soutiens nécessaires comme stipulé par la loi électorale. Parmi eux figuraient deux femmes: Saida Neghza, responsable de la Confédération générale des entreprises algériennes (CGEA), et Zoubida Assoul, leader de l’Union pour le changement et le progrès (UCP). Leur participation aurait pu apporter un nouvel élan de débat dans un pays où la vie publique est souvent muselée, à cause de la répression à l’encontre des militants du mouvement Hirak et de la censure des médias.

Alors que la campagne commence officiellement le 15 août, Saida Neghza a déclaré le 25 juillet qu’elle contestait la décision de l’ANIE et qu’elle la considérait comme une « fraude ». Connu pour son langage direct, elle avait en 2023 adressé un courrier au président Tebboune dans lequel elle dénonçait l’existence illégale d’un groupe interministériel qu’elle accusait de « persécution » des dirigeants d’entreprises. Suite à ces accusations, Saida Neghza a dû quitter le pays pendant plusieurs mois avant de revenir et de se porter candidate à l’élection présidentielle.

Zoubida Assoul, une ex-magistrate fortement impliquée dans la défense des militants emprisonnés du Hirak, souvent pour de simples publications sur les réseaux sociaux, soutient que le boycott ne bénéficie qu’aux dépositaires du pouvoir. Elle prévoit de s’adresser au public lors d’une conférence de presse ce samedi.

Les candidats ont souvent du mal à récolter des signatures. Ils sont tenus d’obtenir les signatures de 600 fonctionnaires élus ou de 50 000 votants répartis également dans 29 wilayas (départements). Naim Khemmar, un activiste de l’UCP, a fait part sur Facebook des défis rencontrés pendant la récolte de signatures à la wilaya d’Oum Bouaghi. Il a souligné que la principale difficulté est la peur des citoyens des retombées après avoir signé pour un candidat en opposition avec le gouvernement, d’autant plus que les signatures sont désormais numériques.

L' »indépendant » Abdelmadjid Tebboune sera l’opposant lors de l’élection présidentielle du 7 septembre si les appels sont rejetés. Il sera face à Abdelali Hassani Cherif, 57 ans, et Youcef Aouchiche, 41 ans. En Algérie, personne ne pense que ces deux derniers peuvent causer des surprises ou même diminuer l’abstention. Leur participation permet au gouvernement de se prévaloir d’une forme basique de « représentation » des différents courants politiques existant dans le pays.

Abderrazak Makri, l’ancien président du MSP connu pour sa médiatisation et ses nombreuses critiques du gouvernement, était le candidat présumé du MSP. Il ne cachait pas son désir de présidence. Cependant, les autorités ont clairement fait comprendre au parti islamiste qu’une candidature de M. Makri, qui a été soumis à une interdiction de quitter le territoire pendant plusieurs semaines, serait indésirable.

Dans son blog, Abderrezak Makri a exprimé son indignation face à l’idée que des islamistes soient considérés comme « patriotiques » et « démocratiques » alors qu’ils se conforment aux régulations établies par des régimes non démocratiques ayant échoué à faire progresser leurs nations depuis des années.

La Kabylie, connue pour son esprit de révolte et son abstentionnisme, trouve un parti FFS présent qui apporte un soutien crucial au régime. Le parti a l’habitude de boycotter les élections présidentielles. Cependant, en 1999, Ashine Aït Ahmed, le fondateur du parti, avait postulé, bien qu’il se soit retiré juste avant l’élection. Comme d’autres candidats, il a par la suite accusé l’élection d’être truquée en faveur d’Abdelaziz Bouteflika.

Lors de l’élection présidentielle de décembre 2019, la participation, qui constitue le véritable enjeu de chaque scrutin en Algérie, n’a pas dépassé 40% au niveau national. En Kabylie, elle était proche de nulle, avec seulement 0,18% à Béjaïa et 0,04% à Tizi-Ouzou. Le FFS, malgré le soutien de nombreux de ses militants au Hirak, a adopté au fil des années une rhétorique plus nationaliste que démocratique.

Ouvert dans son opposition au Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), une organisation « terroriste » selon les autorités, le FFS, d’après Youcef Aouchiche, a choisi de s’impliquer dans l’élection pour « répondre à la nécessité de maintenir l’État nation et afin de renforcer les institutions républicaines ». De plus, leur objectif est de contrecarrer ceux qui souhaiteraient porter préjudice au pays. Cet argumentaire est similaire à celui d’Alger, dans l’espoir d’éviter un autre gros boycott des élections. Malgré le déni du FFS de tout accord avec l’autorité en place, cette participation donne l’impression au régime qu’il a trouvé une solution à son « problème kabyle ».

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