Le 26 juillet, l’Unesco a décidé d’ajouter le monastère de Saint-Hilarion, qui se trouve au cœur de la bande de Gaza, à la liste du patrimoine mondial en danger. L’objectif de cette action est de mettre en avant l’importance historique et culturelle de ce site archéologique, aussi connu sous le nom de Tell Umm Amer, et de le protéger contre les bombardements israéliens. Ce monastère est le plus vieux de la Terre Sainte et est comparable en taille uniquement au monastère de Saint-Siméon situé dans le nord de la Syrie. Au 4ème siècle, Hilarion et ses disciples le fondèrent sur une dune sableuse à un kilomètre au sud de la rivière Wadi Gaza, qui traverse la bande de Gaza.
En préservant ce lieu, l’Unesco valorise une part de l’histoire de Gaza. Jusqu’au 9ème siècle, le monastère, ses logements et ses bains hébergeaient des pèlerins et des commerçants de toutes les religions, qui, après un long voyage à travers les routes de l’Arabie et de l’Orient, trouvaient un refuge à Gaza, un point de rencontre avec la Méditerranée.
Autrefois, cette région était un carrefour mondial, bien avant qu’elle ne se transforme en dernier bastion de la Palestine côtière, ayant perdu une partie de son territoire et étant réduite à un état d’enclave à la création de l’Etat d’Israël en 1948. Puis, dès les années 1990, elle a été progressivement placée sous un blocus renforcé en 2007 et a subi de grandes destructions dues à la guerre qui sévit depuis octobre 2023.
Le monastère de Saint-Hilarion rejoint une liste croissante de sites en péril, comme la ville d’Odessa en Ukraine ou la foire internationale Rachid Karamé à Tripoli au Liban, conçue par l’architecte Oscar Niemeyer, tous deux ajoutés à la liste en 2023.
Ce classement est perçu comme « un ballon d’oxygène ».
La victoire, si minime soit-elle par rapport au désastre humain, est significative pour les habitants de Gaza. René Elter, qui dirige le programme scientifique de conservation du monastère, déclare au Monde que cette inscription donne une nouvelle importance à l’équipe sur le terrain et au site lui-même. Il insiste sur le fait que l’inscription signifie qu’ils ne sont plus isolés, et que le soutien de la communauté internationale est là. C’est une bouffée d’air frais pour l’équipe restée à Gaza.
Le monastère de Saint-Hilarion a été découvert dans les dunes côtières de Nousseirat par les Israéliens à la fin des années 1880. C’est suite à un projet de fouilles franco-palestinien initié en 1997 que les Palestiniens ont réussi à dégager le site. En 2003, une inscription en grec signifiant Hilarion a été découverte par les archéologues, révélant que ce saint homme, né à Gaza vers la fin du 3ème siècle, a fondé ce monastère, attirant ainsi d’autres disciples. Cependant, en raison de la restauration des cultes païens par l’empereur romain Julien l’Apostat, l’ermite a fui pour Chypre où il meurt en 371. Ses restes ont été ensuite ramenés à Gaza.
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