Faisons face à une autre crise bilatérale ? Il est difficile de dire, selon la déclaration publiée par le ministère algérien des affaires étrangères le jeudi 25 juillet, exprimant la « profonde déception et désapprobation » d’Alger face à un changement prévu dans l’approche française concernant le Sahara occidental. Le gouvernement algérien, par une menace implicite, fait clairement savoir que toutes les répercussions découlant de cette décision française seront traitées et c’est le gouvernement français qui portera l’entière responsabilité.
Cependant, le ministère n’a pas donné de détails précis sur la « décision française » qui a été partagée avec lui avant sa formalisation, probablement à l’occasion de la visite du Président Emmanuel Macron à Rabat fin de l’année. Le communiqué mentionne simplement « un soutien clair et sans ambiguïté [de la France] pour le plan d’autonomie du Sahara occidental dans le cadre de la souveraineté marocaine » en des termes assez généraux.
De son côté, le ministère des Affaires étrangères français se refuse à ce stade de commenter. Rabat fait de même, mais la presse marocaine se réjouit déjà d’un changement qu’elle interprète à sa façon. « La France soutient la marocanité du Sahara, Alger bouillonne », félicite le journal en ligne Hespress, proche du palais.
Les relations franco-algériennes, souvent caractérisées par leurs alternances de disputes et de réconciliations, semblent se diriger vers une nouvelle période de tension, bien que l’ampleur de cette tension reste incertaine. Pendant les neuf derniers mois, la diplomatie française en Afrique du Nord s’est de plus en plus orientée vers un rapprochement avec le Maroc, pays avec lequel les tensions ont été vives de l’été 2021 à l’été 2023.
Question « existentielle » pour le Maroc.
Le Maroc revendique sa souveraineté sur l’ancienne colonie espagnole du Sahara occidental, ce qui est un point clé de sa politique étrangère. Paris a dû modifier sa position historique pour accommoder les exigences de Rabat. Depuis 2007, bien que la France soutienne le plan d’autonomie du territoire proposé par le roi Mohammed VI, elle n’a pas explicitement validé sa « marocanité », conformément aux résolutions de l’ONU qui soutiennent toujours l’autodétermination du Sahara occidental.
Le 26 février, lors de sa visite à Rabat, Stéphane Séjourné, le ministre français des affaires étrangères, a affirmé sans équivoque que « La question du Sahara occidental est existentielle pour le Maroc et tous les Marocains ». C’est la première fois qu’un représentant de Paris reconnaissait l’importance du Sahara occidental pour le Maroc, un fait qui a sûrement inquiété Alger, dont les relations avec Rabat sont interrompues depuis 2021 en raison de ce différend sur le Sahara.
En attendant une avancée significative sur la question, la France a approuvé l’implantation d’entreprises au Sahara occidental, un geste hautement symbolique. Alger veut, de son côté, préserver l’avenir.
Dans son avertissement de jeudi, le ministère algérien des affaires étrangères semble anticiper le changement d’attitude potentiel de la France, dans l’espoir de le dissuader ou du moins de minimiser son impact. Cette démarche suggère que la situation n’est pas encore définitivement réglée.
La réaction algérienne a été plutôt modérée, en gardant en vue l’avenir. Elle contraste avec la crise bilatérale précédente déclenchée en février 2023 par l’accueil en France d’Amira Bouraoui.
Ledit journaliste, possédant une double nationalité française et algérienne, a fui l’Algérie où elle était soumise à une interdiction de sortie du territoire, pour la Tunisie avec l’aide du consulat de Paris. Suite à cela, Alger a rappelé son ambassadeur à Paris, tandis que l’Agence Algérie Presse Service (APS) critiquait fortement les «espions français » qui « visent à rompre définitivement avec l’Algérie ». Nous n’en sommes pas encore à ce stade.
Cependant, Alger semble exprimer son mécontentement à travers des avertissements non coûteux, en attente de la position finale de la France sur la situation du Sahara occidental. Jusqu’où la France ira-t-elle dans la reformulation de son évaluation du plan d’autonomie marocain de 2007 ? La position officielle de la France jusqu’à présent était que le plan du roi Mohammed VI était « une base sérieuse et crédible » pour des discussions visant à résoudre le conflit.
« La base sérieuse ».
Malgré sa position de pionnière en 2007, rien n’avait changé depuis décembre 2020, quand les États-Unis – sous la présidence terminale de Donald Trump – avait reconnu la « marocanité » du Sahara occidental. Cela a permis au Maroc de gagner du terrain vis-à-vis de certains pays européens, qui inclinaient en faveur de ses intérêts.
En Espagne, la pression exercée par le Maroc sur le plan migratoire a conduit à l’admission de ce pays que le plan royal était « la plus sérieuse et crédible » base de discussion. Cette évolution linguistique marque un progrès significatif. Tout au moins, la France peut se déplacer de l’indéfinissable au défini en substituant « une base sérieuse » par « la base sérieuse », ajoutant ainsi une louange supplémentaire au plan marocain.
Cependant, cela ne sera pas une rupture mais un retour à la terminologie employée par Alain Juppé, ministre des affaires étrangères sous Nicolas Sarkozy, lors de sa visite à Rabat en mars 2012. Selon lui, le plan royal était « la seule proposition réaliste sur la table » et constituait « la base sérieuse et crédible d’une solution ». Malheureusement, cette terminologie a été abandonnée par la diplomatie française quelques mois plus tard, lors de l’arrivée de François Hollande à l’Elysée.
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