Les politiciens américains insatisfaits de l’image actuelle de leur nation sur le plan international n’ont pas besoin de beaucoup de considération pour comprendre pourquoi cela se passe. Ils ont montré une triple myopie en accordant au premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, la possibilité de s’adresser aux deux chambres du Congrès à Washington, ce 24 juillet.
D’une part, cette absence de clairvoyance a été exprimée envers les Israéliens, qui sont souvent mis au premier plan de leurs priorités au Proche-Orient. Malgré les fortes critiques des Israéliens à l’égard de leur leader suite aux massacres commis par le Hamas contre les civils israéliens le 7 octobre, le chef de la coalition la plus extrémiste de l’histoire d’Israël a jusqu’à présent évité toute responsabilité, se concentrant sur sa survie politique, pour laquelle son voyage à Washington est un outil.
L’opportunité qui lui est offerte met aussi en évidence une négligence inexcusable de la tragédie qui se déroule actuellement à Gaza, transformée en un champ de ruines pour les années à venir par l’armée israélienne, résultant en des massacres de Palestiniens dont le nombre a fini par être perdu. Ces actes ont valu au premier ministre un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale pour des « crimes de guerre » et des « crimes contre l’humanité ».
Mike Johnson, le président du comité républicain à la Chambre des représentants, a insisté pour que Bibi profite de cet honneur, démontrant ainsi l’orientation du Grand Old Party davantage intéressé à déstabiliser ses opposants démocrates, divisés sur la guerre en cours à Gaza, plutôt qu’à défendre les vrais intérêts des États-Unis. Une politique extrémiste.
Effectivement, Mike Johnson peut être considéré comme un parfait représentant du sionisme évangélique. Sa fidélité envers Israël ne fléchit pas, malgré les controverses qui entourent Benyamin Nétanyhou. En 2015, Nétanyhou avait profité du Congrès pour exprimer son opposition à l’accord sur le nucléaire iranien, un accord qui avait été ardu à conclure sous le mandat de Barack Obama. Cet accord a plus tard été anéanti par Donald Trump, rapprochant l’Iran de l’arme suprême. De même, le premier ministre israélien a toujours cherché à minimiser la question palestinienne à Washington, avec les conséquences que l’on connaît.
La ligne dure adoptée par la coalition israélienne est de plus en plus en désaccord avec la position officielle de Washington, soucieuse de maintenir la solution des deux Etats pour éviter que le conflit ne sombre dans la barbarie. Joe Biden, comme dernier représentant d’une génération de démocrates qui se décrivent volontiers comme sionistes, a une occasion unique d’harmoniser ses discours et ses actions, surtout maintenant qu’il a décidé de ne pas se représenter pour un second mandat.
Alors qu’il s’apprête à prendre sa retraite politique, Biden a le pouvoir d’agir efficacement contre l’expansion israélienne en Cisjordanie, une politique qui menace de plus en plus la viabilité d’Israël en tant qu’Etat démocratique, sans que la communauté internationale ne réagisse. Des sanctions contre les acteurs les plus agressifs de cette ligne de conduite ont déjà été mises en place. Il est nécessaire de les renforcer, malgré les turbulences qui s’ensuivront, pour stopper une course autodestructrice.
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