De la Syrie au régime mortel de Bachar Al-Assad, l’idée de rétablir les liens avec l’Union européenne (UE) fait l’objet de débats, après une guerre civile qui a entraîné la perte de plus de 500 000 vies et le déplacement de 14 millions de Syriens au cours des treize dernières années. De même, des questions similaires se posent concernant le régime taliban en Afghanistan, qui a repris le contrôle du pays en 2021. Certains se demandent si les réfugiés syriens et afghans en Europe peuvent être renvoyés dans leurs pays d’origine. Ces questions ont gagné en popularité dans les Etats d’Europe du Sud et centrale ces derniers mois, alors que les appels en faveur du durcissement de la politique migratoire européenne se multiplient.
En mai dernier, un sommet a été organisé à Chypre, une destination privilégiée pour les réfugiés Syriens venant du Liban par voie maritime, pour encourager l’UE à reconsidérer son refus de collaborer avec Damas dans le but de renvoyer les réfugiés syriens dans certaines régions considérées comme « sûres ». Le ministre de l’intérieur chypriote, Constantinos Ioannou, soulignait que bien que la « stabilité absolue » n’ait pas été restaurée en Syrie, il est nécessaire d’accélérer le processus et de « créer les conditions pour le retour des individus en Syrie ».
Il rapportait la présence de « 13,8 millions de déplacés et de réfugiés ».
Bien qu’elle n’accueille qu’un nombre restreint de réfugiés syriens, la République tchèque s’illustre par son engagement notable sur la question et prévoit d’envoyer une équipe en Syrie à l’automne prochain pour identifier des zones précises, en coopération avec le régime local. Ce pays est l’un des quinze membres d’un groupe ayant plaidé mi-mai pour que la Commission européenne trouve des moyens de déplacer des migrants vers des pays tiers juridiquement « sûrs » en dehors de l’Europe. Le 22 juillet, Alexander Schallenberg et Antonio Tajani, respectivement ministres des affaires étrangères autrichien et italien et tous deux conservateurs, ont suggéré à leurs collègues à Bruxelles de réexaminer les liens diplomatiques avec la Syrie.
« Après treize ans, nous sommes forcés de reconnaître que la stratégie de l’UE n’a pas su s’adapter à l’évolution de la situation sur le terrain », déclarent les deux diplomates dans une lettre appuyée par six autres pays (Grèce, Chypre, République tchèque, Slovaquie, Slovénie et Croatie). Ils soulignent que l’Union européenne a dépensé 33 milliards d’euros en aide humanitaire pour les Syriens, mais que la situation ne s’améliore pas. « Le pays est encore au cœur de la plus grande crise de déplacement au monde, avec 13,8 millions de personnes déplacées et de réfugiés », précisent-ils. Le reste de cet article est accessible uniquement aux personnes abonnées.