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25 juillet 2024 11 h 06 min

France et Djibouti renouvellent partenariat défense

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Après deux années de négociations, Emmanuel Macron, le président français, et Ismaïl Omar Guelleh, son homologue à Djibouti, se sont mis d’accord, mercredi 24 juillet à l’Elysée, pour renouveler leur accord de défense mutuelle. Un communiqué de la présidence française indique qu’ils ont conclu les discussions sur une refonte ambitieuse du Traité de Coopération en Matière de Défense (TCMD) qui lie la France et Djibouti, et qui supervise la stationnement de 1500 soldats français à Djibouti, le plus grand contingent de l’armée française à l’étranger. « La version mise à jour du TCMD reflète l’excellence des liens entre nos deux nations ainsi que l’alignement de nos intérêts stratégiques », déclare l’Elysée, sans véritablement mentionner la signature d’un accord.

Cette déclaration intervient au moment où la France envisage de diminuer sa présence militaire en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale à quelques centaines de soldats suite à une série de revers au Sahel ces dernières années. Cependant, Paris a initialement éliminé l’idée d’intégrer sa base à Djibouti dans ses projets de réduction. Djibouti représente une base stratégique précieuse pour la France. Il s’agit en effet d’un îlot de stabilité dans une région perturbée dans la corne de l’Afrique, en vis-à-vis du Yémen, à l’entrée de la mer Rouge, dans le détroit de Bab-el-Mandeb, où passe une grande part du commerce mondial entre l’Asie et l’Occident.

Les négociations entre la France et Djibouti ont jusqu’à présent été difficiles. Djibouti souhaitait que la France augmente le loyer qu’elle paye pour le déploiement permanent de ses troupes dans le pays, comme l’a indiqué une source impliquée dans les négociations. La France est liée à Djibouti, son ancienne colonie, par des accords conclus en 1977 et 2011. Cependant, ce n’est qu’en 2003 que la France a commencé à payer un loyer, après le déploiement des forces américaines dans le pays.

Depuis 2002, Djibouti abrite la seule base militaire permanente en Afrique des États-Unis (4 000 soldats). De cette base, les Etats-Unis lancent des opérations antiterroristes contre les Chabab somaliens et Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA). De plus, des Japonais et des Italiens se sont également établis pour lutter contre la piraterie dans la région. En 2017, la Chine est arrivée et a maintenant un port et une base militaire pour protéger ses intérêts économiques (transport, industrie, énergie…) importants dans la région.

Face à cette compétition intense, Djibouti croit que la contribution annuelle française de près de 30 millions d’euros ne suffit pas, surtout en raison des exemptions accordées à la France et à ses forces armées. Pendant des mois, Djibouti a souligné la nécessité d’augmenter le loyer pour compenser cette perte de revenus, qui s’élève à plusieurs dizaines de millions de dollars chaque année selon la presse.

Outre le paiement du loyer, la France est responsable de la surveillance aérienne à Djibouti. Cela donne aux troupes françaises une liberté opérationnelle et d’entraînement sans précédent. Située dans une petite région entourée de nations en crise (Yémen, Érythrée et Somalie), l’armée française peut, à partir de cette base, accueillir et déployer rapidement des forces en cas de troubles dans la sous-région, vers l’océan Indien ou le Moyen-Orient. Lorsque la guerre civile a éclaté au Soudan en avril 2023, c’est exactement à partir de cette base que la France a orchestré une grande opération d’évacuation des citoyens étrangers.
Le président Guelleh prévoit de rester à Paris pour assister à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques ce vendredi.
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