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25 juillet 2024 2 h 09 min

« Chine soutient intégrité territoriale Ukraine, affirme Zelensky »

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Nos éclaircissements à vos interrogations les plus courantes.
Comment Moscou et Kiev font-ils appel à des drones ?
Depuis plusieurs mois, le conflit des drones entre la Russie et l’Ukraine a atteint des proportions sans précédent. Selon un dossier publié en mai 2023 par un groupe de réflexion britannique orienté sur la défense, les Ukrainiens perdaient environ 10 000 drones par mois sur le terrain de bataille, soit plus de 300 par jour. À titre de comparaison, l’armée française possède à peine plus de 3 000 drones dans ses arsenaux.
Les Ukrainiens et les Russes utilisent principalement de petits véhicules aériens sans pilote (unmanned aerial vehicle, en anglais) d’origine civile, économiques et largement disponibles. Ils servent à surveiller le terrain de bataille et à orienter les troupes ou les tirs d’artillerie ; certains sont également modifiés pour transporter de petites charges explosives, qui sont ensuite lâchées sur des tranchées ou des véhicules blindés.

Les drones-kamikazes, bien qu’ils soient moins nombreux, jouent un rôle crucial. Équipés d’armure explosive, ces vehicules aériens sans pilote sont déployés au-dessus de la ligne de front sans cible prédéfinie. La Russie se sert des drones russes Lancet-3 ainsi que des Shahed-136, fabriqués en Iran. L’Ukraine, ne possédant pas une flotte maritime à sa hauteur, défie l’adversaire avec des embarcations maritimes télécommandées, comme des minces kayaks remplis de TNT (450 kilos).
Les Ukrainiens et les Russes, signe de l’importance de ces drones pour leurs campagnes, se sont structurés pour soutenir leurs forces à long terme, en amassant des drones civils et en créant des capacités de construction domestiques. La production nationale de l’Ukraine, bien que instable au démarrage de la guerre du Donbass il y a dix ans, a depuis intensifié. Vers la fin du mois d’août, le ministre ukrainien de la transformation numérique a annoncé qu’une réplique du drone russe Lancet était en développement et serait prochainement lancée sous le nom de Peroun, le dieu slave du tonnerre.
Ralentie par les sanctions de l’occident qui réduisent son approvisionnement en composants électroniques, la Russie rencontre plus de difficultés. Les services secrets américains indiquent tout de même que Moscou aurait commencé à construire une usine dans la région spéciale d’Alabouga pour produire des drones-kamikazes d’origine iranienne, tels les Shahed-136.
Quelle connaissance a-t-on des stocks de missiles russes ? Il est presque impossible, et même vraiment difficile, de connaître l’état actuel des stocks de missiles de l’armée russe. Les services de renseignements ukrainiens fournissent régulièrement des informations sur ce sujet, mais on peut douter de la fiabilité de leurs estimations.

D’après les déclarations d’Andri Ioussov, représentant officiel du service de renseignement du ministère de la défense (GUR), reprises par Liga.net, l’armée russe détenait avant le conflit environ 2 300 missiles balistiques ou de croisière et possédait toujours plus de 900 de ces armes au commencement de l’année. Le total inclut également selon la même source, une dizaine de milliers de S-300, des missiles anti-aériens d’une portée approximative de 120 kilomètres, ainsi qu’un important arsenal de S-400, une version plus récente dont la portée est triplée. En août, Vadym Skibitsky, le deuxième responsable du GUR, avançait un chiffre de 585 missiles dont la portée dépasse les 500 kilomètres.

En termes de capacité de production, différentes expertises estiment celle-ci à environ une centaine de ces missiles par mois. En octobre, le GUR établissait cette production à 115 unités.

Il apparaît en outre que la Russie a acquis des missiles de courte portée en Iran et en Corée du Nord et qu’elle continue cette acquisition. D’après l’agence de presse Reuters, qui se base sur diverses sources iraniennes, 400 missiles iraniens de la catégorie Fateh-110 (300 à 700 kilomètres) lui ont été livrés depuis le mois de janvier, date à laquelle un accord aurait été signé. Le nombre de missiles provenant de la Corée du Nord achetés par la Russie est inconnu, mais 24 ont été lancés en Ukraine entre le 30 décembre 2023 et le 7 février 2024, selon le procureur général, Andriy Kostin. Des experts, après analyse des restes et des trajectoires, pensent qu’il s’agit probablement de KN-23 et KN-24 avec une portée autour de 400 kilomètres.

Qu’en est-il des avions de combat F-16 ?

Répondant à une requête de longue durée du dirigeant ukrainien, les États-Unis ont approuvé le transfert de jets F-16 à l’Ukraine en août 2023. Bien qu’il y ait plus de 300 F-16 répartis dans neuf nations européennes dont la Belgique, le Danemark, la Grèce, les Pays-Bas et le Portugal, tous les pays en possession de ces appareils ne peuvent pas effectuer un transfert du jour au lendemain.

Volodymyr Zelensky a mentionné l’engagement de 42 F-16 par les alliés occidentaux à Kiev, mais cette affirmation n’a pas été validée. Le Danemark a promis 19 appareils. Les six premiers ne seront pas livrés avant la fin de 2023, suivis de huit autres en 2024 et cinq en 2025, a déclaré la première ministre danoise, Mette Frederiksen. Les Pays-Bas en ont également promis, ils possèdent 42 appareils, mais ils n’ont pas indiqué combien ils envisageaient d’en transférer.

De plus, des pilotes ukrainiens doivent être formés pour utiliser ces jets de combat américains. Onze pays alliés à Kiev se sont engagés à former ces pilotes. L’OTAN prévoit que les militaires ukrainiens seront prêts à utiliser les jets en contexte de combat début 2024, tandis que certains experts estiment que cela pourrait être possible à l’été de cette même année.

Quelle est alors l’aide militaire fournisse par les alliés à Kiev ?

Deux années après le lancement d’un conflit à grande échelle, le soutien occidental à Kiev s’essouffle : les assistances récemment lancées connaissent un déclin entre août 2023 et janvier 2024 par rapport au même intervalle de l’année précédente, d’après le dernier compte rendu émis par l’Institut Kiel en février 2024. Cette chute pourrait perdurer, étant donné que le Sénat américain rencontre des difficultés pour approuver des aides et que l’Union Européenne (UE) a rencontré de nombreux obstacles pour l’adoption d’une aide de 50 milliards le 1er février 2024 à cause de l’opposition hongroise. Il convient de noter, ces deux paquets d’assistance n’ont pas été considérés dans le dernier rapport rédigé par l’Institut Kiel, qui s’arrête en janvier 2024.

Les chiffres de l’institut allemand indiquent une diminution et une concentration des donateurs autour d’un groupe central de pays : les États-Unis, l’Allemagne et les pays du nord et de l’est de l’Europe, qui assurent une assistance financière significative ainsi que des équipements militaires de haute technologie. Au total, depuis février 2022, les pays qui appuient Kiev se sont engagés à offrir au moins 276 milliards d’euros en termes d’aide militaire, financière ou humanitaire.

En valeur absolue, les pays les plus prospères ont été les plus généreux. Les États-Unis sont sans conteste les plus grands donateurs, avec plus de 75 milliards d’euros d’aide officiellement annoncés, dont 46,3 milliards en aide militaire. Les pays de l’Union européenne ont annoncé à la fois des aides bilatérales (64,86 milliards d’euros) et des aides collectives provenant des fonds de l’Union européenne (93,25 milliards d’euros), pour un total de 158,1 milliards d’euros.

Quand on compare les donations faites à l’Ukraine par divers pays, en tenant compte de leur produit intérieur brut (PIB), le classement s’avère différent. En fonction de cette analyse, les États-Unis passent à la 20e position (0,32% de leur PIB), loin derrière certains pays voisins de l’Ukraine ou d’anciennes nations soviétiques amies. L’Estonie se classe en première place avec une contribution de 3,55% de son PIB, suivie par le Danemark (2,41%) et la Norvège (1,72%). Achèvent le top 5 la Lituanie (1,54%) et la Lettonie (1,15%). Les trois États baltes, tous bordant la Russie ou la Biélorussie, sont parmi les plus généreux depuis le début de la crise.
En termes de pourcentage du PIB, la France se situe au 27e rang, ayant contribué à hauteur de 0,07%, juste après la Grèce (0,09%). Paris a réduit progressivement son aide depuis le commencement de l’occupation de l’Ukraine par la Russie. La France occupait la 24e place en avril 2023 et la 13e au cours de l’été 2022.
Que peut-on dire des tensions frontalières entre la Pologne et l’Ukraine?

Les tensions ont augmenté entre la Pologne et l’Ukraine ces derniers mois, principalement en raison du transit des céréales ukrainiennes. La Commission européenne avait lancé des initiatives de solidarité au printemps 2022 pour soutenir l’expédition et la vente de produits agricoles ukrainiens vers l’Afrique et le Moyen-Orient, exemptes de droits de douane. Selon la Fondation Farm, un groupe axé sur les questions agricoles mondiales, environ 50% des céréales ukrainiennes passent ou terminent leur trajet dans l’Union européenne. Ces céréales sont significativement moins chères que le grain produit dans l’UE, particulièrement dans les pays d’Europe centrale.

Pour protéger le marché local et les revenus des agriculteurs, la Pologne, la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie et la Slovaquie ont suspendu leurs importations en avril 2023, à condition que cela n’entrave pas le transit vers d’autres pays et ne dure que quatre mois. Cependant, Varsovie a poursuivi l’embargo après l’été en considérant que les problèmes sous-jacents n’avaient pas été résolus, malgré les conclusions de Bruxelles selon lesquelles il n’y avait plus de déformation du marché céréalier.

Les fermiers de Pologne ont instauré un blocage à la frontière polono-ukrainienne, empêchant l’entrée des véhicules ukrainiens sur le sol polonais. Leur revendication est un embargo total sur les biens alimentaires et agricoles en provenance d’Ukraine. Ils protestent contre la hausse de leurs frais de production, en évoquant une saturation des silos et des hangars accompagnée par une chute des prix. En début d’année 2024, le Président ukrainien a interprété cette fermeture de la frontière polonaise comme un signe de diminution de la solidarité envers son pays, demandant l’engagement de discussions avec la Pologne. Selon lui, « seule Moscou se réjouit » de ces frictions, en soulignant la montée de slogans pro-Poutine.