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« La Seine, cœur battant de Paris »

Isabelle Backouche est une experte en histoire urbaine qui a concentré ses recherches sur les lettres et plaintes des parisiens du XVIIIe siècle. Ces documents mettent en évidence leur amour pour la Seine au moment où le gouvernement voulait la transformer en un espace patrimonial et de navigation. Alors que l’ère industrielle approchait, le lien que les citadins entretenaient avec le fleuve a commencé à disparaître, jusqu’à ce qu’au XXIe siècle, une nouvelle période de rapprochement s’ouvre. Isabelle Backouche occupe actuellement le poste de directrice des études à l’EHESS et est l’auteure de « La Trace du fleuve. La Seine et Paris (1750-1850) » publié par l’EHESS en 2016 et de « Paris au fil de la Seine dévoilé. Les lieux se racontent » publié par Hachette Tourisme, dans la collection « Les Carnets des Guides bleus », en 2018.

Dans ses travaux, elle souligne l’importance vitale de la Seine pour la ville au XVIIIe siècle. Depuis le Moyen Age, la Seine a toujours été un lieu central pour les habitants de Paris. Au XVIIIe siècle, les frontières entre la ville et le fleuve étaient encore très fluides du fait que les rives n’étaient pas aménagées et descendaient doucement vers l’eau. Malgré l’interdiction, les parisiens étaient tentés de se baigner dans le fleuve ou de l’utiliser pour laver leurs vêtements, notamment dans les « bateaux à lessive » amarrés aux berges. Ces bateaux ont évolué pour devenir des lavoirs flottants au XIXe siècle. La Seine était alors le point névralgique de la ville, un lieu de détente et d’amusement, mais aussi un pôle commercial.

La principale voie d’arrivée des produits est par voie maritime et il n’y a pas de déchargement. Les clients doivent monter à bord pour faire leurs achats. Pour connecter les deux rives, des bacs fluviaux connus sous le nom de « bachots » sont utilisés car, avant 1860, il n’y avait qu’une poignée de ponts, qui étaient très encombrés. Des maisons y ont été construites, restreignant la circulation des chevaux, des chariots et des piétons. Pour les plus pressés, le « bachot » est la meilleure option. La relation entre les Parisiens et la Seine est assez unique et sans doute plus forte que dans d’autres villes traversées par des rivières, comme Rome et Londres, où les docks ont rapidement séparé la ville du fleuve.

Qui dirige et régule toutes ces activités?
Deux figures s’occupent – et se disputent – la gestion. Historiquement, depuis le XIIIe siècle, c’est le Prévôt des marchands qui gère les affaires de la ville et représente les Parisiens face à la royauté. Le plus souvent, il provient de la puissante corporation des commerçants de l’eau, une filiation rappelée par le sceau de la ville, qui porte l’image d’un bateau.

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