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23 juillet 2024 14 h 11 min

« Greenpeace USA risque disparition après protestation »

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Cette bataille environnementale a marqué l’histoire récente des États-Unis. De août 2016 à février 2017, trois centaines de groupes autochtones ont fait appel à des milliers de militants venant de partout pour éviter la création d’un grand pipeline, le Dakota Access Pipeline, qui était prévu d’être construit près de la réserve Sioux à Standing Rock, dans le nord des États-Unis. Les affrontements héroïques des protestataires, qui se sont attachés aux machines de construction et ont subi des attaques avec des gaz lacrymogènes et des canons à eau dans le froid intense, ainsi que des chiens des gardes de sécurité, étaient capturés sur film et largement diffusés.

Les Indiens d’Amérique ont fait face au « serpent noir », comme ils ont surnommé le pipeline, qu’ils considéraient non seulement comme une défiguration de leurs terres sacrées mais aussi comme une menace pour leurs réserves en eau en raison d’éventuelles fuites lors de son passage sous la rivière Missouri. Malgré l’intervention du président Barack Obama qui l’avait suspendu, son successeur, Donald Trump, a relancé le projet qui a été achevé et mis en service en juin 2017.

Discret sous terre, ce pipeline transporte quotidiennement 750 000 barils de pétrole de schiste depuis le Dakota du Nord jusqu’à l’Illinois, une distance de près de 1 900 kilomètres. Energy Transfer, la compagnie américaine qui a construit et exploite ce pipeline, prétend qu’il n’y a pas de risque pour les ressources en eau, qu’il remplace le besoin de trois mille camions-citernes et de huit cents wagons de train chaque jour et qu’il offre chaque année des millions de dollars en taxes aux communautés locales.
« Le bâillon de la critique »

Malgré les embûches juridiques, l’affaire n’est pas encore terminée et vient de connaître un revirement. Energy Transfer a engagé des poursuites judiciaires contre Greenpeace depuis 2017, avec d’autres parties également accusées. La société demande une compensation de 300 millions de dollars (équivalente à 275 millions d’euros), ainsi que des dommages et intérêts additionnels qui pourraient élever le total à 900 millions de dollars. C’est un montant sans précédent pour l’ONG Greenpeace, habituée aux procès. Pour le procès qui se tiendra en février et mars 2025, Greenpeace risque fortement de perdre, mettant ainsi en danger sa présence aux États-Unis où elle a 205 employés.

Le mardi 23 juillet, Greenpeace International, qui est basée aux Pays-Bas, a répondu à ce qu’elle considère comme une « procédure-bâillon ». Elle a envoyé une lettre de mise en demeure à Energy Transfer annonçant son intention de lancer une action en justice devant un tribunal néerlandais, à moins que la société ne retire ses poursuites et ne verse des dommages et intérêts.

C’est la première fois qu’une nouvelle directive européenne est utilisée pour lutter contre les poursuites judiciaires injustifiées, qui est entrée en vigueur en avril. « La directive européenne a pour objectif de prévenir l’usage par les grandes entreprises d’instruments juridiques qui engendrent des coûts exorbitants pour les entités visées, dans le but de faire taire la critique », précise Daniel Simons, conseiller juridique principal chez Greenpeace International.

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