Ali Riza Polat, âgé de 39 ans et condamné à perpétuité pour son rôle dans les attaques de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher en 2015, a été remis en liberté le vendredi 19 juillet suite à la levée de sa garde à vue. Polat était soupçonné d’avoir blessé un gardien de prison à Laon, dans l’Aisne, le mardi 16 juillet. Toutefois, aucune poursuite n’a été engagée à ce stade, selon le Parquet national antiterroriste (PNAT) qui l’a confirmé le lundi 22 juillet.
Ses avocats, Mᵉˢ Moad Nefati et Rachid Madid, ont déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) que la garde à vue a été levée moins de quatre-vingt-seize heures après son commencement, ce qui indique une absence de preuves concrètes. Ils ont également affirmé qu’il n’y avait eu ni prise d’otage, ni tentative de meurtre.
Ils ont fait valoir que les conditions de détention de Polat étaient à l’origine de l’incident. Selon eux, leur client a été placé à l’isolement depuis trois ans et a été tenu éloigné de sa famille dans un environnement qui ne lui convient pas et qui lui est dangereux. Ils ont averti qu’ils feraient appel à la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) si cet isolement devait continuer. Le PNAT a confirmé lundi que Polat a été transféré dans une autre institution depuis le 16 juillet.
L’enquête sur une tentative de meurtre sur des individus en position d’autorité, liée à une activité terroriste et mise en place par un récidiviste, continue de progresser. D’après un informateur proche de l’affaire, l’incident s’est produit au centre de détention de Laon le 16 juillet, aux alentours de 7h du matin, pendant l’inspection de l’ouverture de la cellule d’Ali Riza Polat. Ce dernier aurait attaqué un garde, lui infligeant une légère blessure à l’avant-bras gauche, comme l’a spécifié cet informateur.
Selon le PNAT, l’enquête a validé l’information selon laquelle un des officiers qui faisait l’inspection a été blessé au bras gauche. Selon une source syndicaliste UFAP-UNSA, la blessure a été causée par un « éclat de verre ». Tous les gardiens confirment qu’Ali Riza Polat a crié « Allah Akbar », ce que ce dernier réfute, ajoute le Parquet. Ils signalent également que le prisonnier » a finalement abandonné volontairement ses armes après des discussions », puis a été placé en isolement disciplinaire.
Reconnu coupable et condamné à la prison à vie.
Dans un communiqué transmis à l’AFP, le bureau local UFAP-UNSA de Laon se questionne « comment un détenu isolé peut détenir des bouteilles en verre » et demande « un transfert immédiat après cette tentative de homicide ».
Ali Riza Polat a été reconnu coupable en appel et condamné à une peine de prison à vie avec une période de sûreté de vingt ans en octobre 2022. Il a été reconnu coupable de complicité dans les dix-sept meurtres commis par les frères Kouachi et Amedy Coulibaly entre le 7 et le 9 janvier 2015 à la rédaction de Charlie Hebdo, à Paris, à Montrouge, et à l’Hyper Cacher de Vincennes. Malgré ses contestations, affirmant qu’il n’était « pas un terroriste », sa condamnation est devenue irrévocable en mars 2024 après le rejet de son pourvoi en cassation.
Quant à l’enquête sur les événements de mardi, elle a été confiée à la sous-direction antiterroriste (SDAT), à la direction zonale de la police nationale (DZPN) de Lille, et à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).