L’âge représente l’autre face de la longévité, c’est un obstacle à surmonter que Joe Biden a dû finalement affronter. Le président en exercice a déclaré le dimanche 21 juillet qu’il ne soutiendrait pas le parti démocrate contre Donald Trump lors des élections présidentielles du 5 novembre. Ce retrait met en marche une période d’imprévu unique pour son parti juste quelques semaines avant la convention d’investiture de Chicago, qui doit commencer le 19 août. Par ailleurs, il marque une pause, pour l’instant temporaire, à une spirale potentiellement dévastatrice pour le Parti démocrate avant les élections.
Si ce n’était pour sa persévérance, Joe Biden, à 78 ans, ne serait pas devenu le président le plus âgé de l’histoire des États-Unis. Bien qu’il ait été sous-estimé pendant longtemps, il n’avait pas pu succéder à Barack Obama en 2016, pour qui il avait été le vice-président fidèle pendant huit ans. Obama croyait que le moment était venu pour une présidente, Hillary Clinton. Cependant, l’image de Biden en tant que défenseur des cols bleus d’une Rust Belt ruinée par la mondialisation et la désindustrialisation aurait été un meilleur rempart contre le populisme nationaliste de Donald Trump que celle d’une élite déconnectée transmise, malgré elle, par l’ancienne secrétaire d’Etat (2009-2013). Quatre ans plus tard, Biden a eu sa revanche en se distinguant parmi une dizaine de candidats, à sa façon, avec effort mais résilience.
Cependant, son insistance s’est progressivement retournée à son désavantage. Cela l’a amené à négliger les premiers signes de vieillesse, comme les chutes, les erreurs de parole et les maladresses auxquels il avait toujours été habitué mais qui, une fois devenu octogénaire, sont devenus un indicateur impitoyable de ses aptitudes à remplir le rôle de président de la principale puissance économique et militaire dans le monde. Pendant des mois, les électeurs, y compris les démocrates, avaient répondu négativement à cette question. Au sein de son propre parti, le nombre de défections a explosé après le débat houleux avec Donald Trump le 27 juin, où sa faiblesse a été mise en évidence.
Lorsqu’il a fait campagne en 2020, Joe Biden se présentait comme « un pont » vers une nouvelle génération de dirigeants démocrates. Cependant, il a ensuite oublié cette promesse, obnubilé par la menace que Donald Trump, malgré la honte de la contestation des résultats de l’élection présidentielle, représentait pour la démocratie américaine selon lui. Il se considérait comme le meilleur défenseur face à l’ancien homme d’affaires, ne réalisant pas que son âge était devenu une source majeure d’inquiétude pour ses concitoyens. L’énergique riposte du Républicain, suite à une tentative d’attaque contre lui le 13 juillet lors d’un meeting de campagne en Pennsylvanie, a renforcé le sentiment d’impasse pour Joe Biden, situation aggravée par une contamination au Covid-19 quatre jours plus tard, qui n’aurait pas pu être plus mal tombée.
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