« Quel est l’impact de l’instabilité rencontrée pendant la jeunesse sur les trajectoires de vie des adultes qu’ils deviennent ? Une étude intitulée « Anticiper l’avenir : jeunesse instable, futur incertain? », publiée par France Stratégie le lundi 22 juillet, examine cette continuité de la pauvreté jusqu’à l’âge adulte. L’éditeur, Clément Peruyero, chercheur à l’institut prospectif lié à Matignon, a utilisé des données inédites de l’Insee, issues du module « mobilité sociale » de l’étude sur les ressources et les conditions de vie en 2019. En créant un indicateur unique de l’instabilité pendant l’adolescence, l’économiste a comparé le risque de « pauvreté en conditions de vie » entre deux groupes d’adultes de 30 à 54 ans. Le premier a connu l’instabilité pendant l’adolescence, l’autre non.
Première conclusion, pas vraiment surprenante : pour les anciens adolescents instables, « leur situation à l’âge adulte est en moyenne bien moins avantageuse avec une proportion significative qui reste en bas de la distribution des revenus ». Ils encourent un risque de pauvreté 2,25 fois plus élevé que ceux qui n’ont pas connu l’instabilité pendant l’adolescence. « Un peu moins d’un sur quatre ayant été instable pendant l’adolescence est pauvre une fois adulte, contre un sur dix pour les anciens adolescents non instables », précise M. Peruyero.
En regardant des « environnements familiaux comparables », le risque de finir dans « une forme de pauvreté persistante en conditions de vie à l’âge adulte » est en moyenne 1,6 fois supérieur pour le groupe des anciens adolescents instables que pour les autres.
L’obtention d’un diplôme joue un rôle crucial. »
Est-il possible de s’échapper de ce destin prédéterminé? Avant cette étude, d’autres recherches en sciences sociales avaient déjà mis en lumière les processus qui perpétuent les inégalités. Dans le présent rapport, l’éducation semble jouer un rôle important. Parmi les jeunes issus de milieux précaires, ceux qui ont décroché un diplôme sont moins susceptibles de tomber dans la pauvreté plus tard. En effet, près d’un quart des jeunes précaires sont devenus diplômés de l’enseignement supérieur, un tiers occupent des postes de cadres ou des professions intermédiaires, et un peu plus d’un sur dix figurent parmi les 20% les plus riches. « Nous constatons des parcours divergents liés notamment à l’obtention de diplômes », souligne M. Peruyero.
L’étude révèle que « les trois facteurs environnementaux qui influent le plus sur la probabilité de tomber dans la pauvreté à l’âge adulte sont le faible niveau d’éducation des parents, le fait de ne pas être né en France, et le niveau d’urbanisation de la commune de résidence ».
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