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22 juillet 2024 18 h 12 min

« Guerre Ukraine: Bombardements Russes à Kherson, Donetsk »

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Découvrez l’ensemble de nos articles, nos études détaillées et nos enquêtes consacrées à la guerre en Ukraine, apportés à vous via « Le Monde ».

Suite aux attaques de drones navals de l’Ukraine, la flotte russe a été forcée de quitter la Crimée. Une organisation russe a recours à des stratégies astucieuses afin d’approvisionner l’armée en matériels européens, entre la France et la Turquie. Lors de sa tournée d’été, l’Ukraine a présenté une « armée musicale ».

Dans le Donbass, un gouffre inaperçu se forme entre les forces armées ukrainiennes et des civils accusés de « patienter pour les Russes ». Volodymyr Zelensky, le chef d’État ukrainien, espère que la Russie participera à un sommet inédit pour la paix. Une demande de Nobel pour la mise en œuvre immédiate d’un arrêt des hostilités en Ukraine et à Gaza durant les Jeux olympiques de Paris fait également écho.

En ce qui concerne l’utilisation de drones par Moscou et Kiev, la guerre des drones a récemment atteint une dimension sans précédent. Selon un rapport publié en mai 2023 par un groupe de réflexion britannique spécialisé dans les questions de défense, l’Ukraine perd environ 10 000 drones par mois sur le terrain de bataille, soit plus de 300 par jour. À titre de comparaison, l’armée française possède un peu plus de 3 000 drones dans ses stocks d’armements.

La plupart des Unmanned Aerial Vehicles (UAVs) couramment utilisés par l’Ukraine et la Russie sont bon marché, disponibles en quantité et d’origine civile. Ces petits drones servent principalement à l’observation du champ de bataille et à l’orientation des troupes ou des tirs d’artillerie. Certains sont même modifiés pour transporter de petites charges explosives, qui sont par la suite larguées sur des tranchées ou des véhicules blindés.

Les drones-kamikazes, bien qu’ils soient en nombre réduit, jouent un rôle crucial dans la guerre. Ces véhicules aériens sans pilote (UAV) équipés d’explosifs sont projettés au-dessus des lignes de front sans une mission spécifique assignée à l’avance. La Russie emploie des drones localement produits, les Lancet-3, et les Shahed-136, produit en Iran. L’Ukraine, qui manque d’une flotte navale significative, défie son adversaire avec des véhicules maritimes non pilotés, des petits kayaks télécommandés remplis d’explosifs (450 kilos de TNT).

Reconnaissant l’importance des drones dans leurs opérations, les Ukrainiens et les Russes ont mis en place des mesures pour approvisionner leurs troupes à long terme, en achetant des drones civils en grand nombre sur le marché et en établissant des capacités de production locales. L’industrie nationale ukrainienne, qui balbutiait il y a dix ans au début de la guerre du Donbass, a depuis augmenté en force. Fin août, le ministre ukrainien de la transformation numérique a annoncé qu’une réplique du drone russe Lancet avait été développée et serait bientôt lancée sous le nom de Peroun, le dieu slave de la foudre et du tonnerre.

La Russie, cependant, est limitée par les sanctions occidentales qui restreignent son approvisionnement en composants électroniques. Selon les services de renseignement américains, Moscou a néanmoins commencé à construire une usine dans la zone économique spéciale d’Alabouga pour construire des drones-kamikazes de conception iranienne, comme les Shahed-136.

Quant aux stocks de missiles russes, leur état actuel est difficile, voire impossible, à déterminer. Les services de renseignement ukrainiens communiquent régulièrement sur cette question, mais leurs évaluations ne sont pas toujours fiables.

D’après les propos d’Andri Ioussov, représentant de la Direction Générale du Renseignement au Ministère de la Défense (GUR), rapportés par Liga.net, la Russie possédait environ 2 300 missiles balistiques et de croisière avant le conflit et en avait encore plus de 900 en début d’année. En plus de cela, Ioussov a ajouté à ce chiffre plusieurs milliers de missiles anti-aériens S-300, avec une portée d’environ 120 kilomètres, ainsi qu’un grand nombre de S-400, une version plus récente avec une portée triplée. En août, Vadym Skibitsky, le deuxième en charge au GUR, a estimé le nombre de missiles avec une portée supérieure à 500 kilomètres à 585.

Par ailleurs, selon plusieurs experts, la capacité de production aurait augmenté à environ une centaine de missiles balistiques ou de croisière par mois. En octobre, le GUR a estimé cette production à 115 unités.

La Russie aurait également obtenu des missiles à courte portée de l’Iran et de la Corée du Nord et continuerait à augmenter son stock. L’agence Reuters, se basant sur plusieurs sources iraniennes, rapporte que la Russie aurait reçu depuis janvier 400 missiles iraniens Fateh-110 (portée de 300 à 700 kilomètres) à la suite d’un accord. Le nombre exact de missiles acquis de la Corée du Nord est inconnu, mais selon le procureur général Andriy Kostin, 24 ont été lancés en Ukraine entre le 30 décembre 2023 et le 7 février 2024. Les experts ayant analysé les débris et les trajectoires pensent qu’il s’agit très probablement de KN-23 et KN-24 avec une portée d’environ 400 kilomètres.

Mais qu’en est-il des avions de combat F-16 ?

En réponse à une requête de longue date du président ukrainien, les États-Unis, en août 2023, ont consenti à transférer des avions de chasse F-16 à l’Ukraine. Un potentiel de plus de 300 F-16 est réparti dans neuf pays européens, dont la Belgique, le Danemark, la Grèce, les Pays-Bas et le Portugal, bien que tous ne soient pas prêts à en abandonner immédiatement.

Le président Volodymyr Zelensky avait mentionné que 42 F-16 avaient été promis par les alliés occidentaux à Kiev, mais cette information n’a pas été vérifiée. Le Danemark a promis d’en donner 19. Les premiers 6 ne devraient être livrés qu’à la fin de 2023, 8 autres suivront en 2024 et encore 5 en 2025, selon la première ministre danoise, Mette Frederiksen. Les Pays-Bas, qui ont également promis des F-16, possèdent 42 unités, mais n’ont pas indiqué combien ils prévoient d’en céder.

En outre, les pilotes ukrainiens doivent être formés pour ces avions de chasse américains. Onze pays alliés de Kiev se sont engagés à former des pilotes. L’OTAN a prédit que les soldats ukrainiens ne pourront utiliser ces avions en combat qu’au début de 2024, tandis que d’autres experts estiment que ce serait plutôt au cours de l’été de la même année.

Quelle est l’aide militaire que ses alliés apportent à Kiev ?

Deux ans après l’éclatement d’une guerre à grande échelle, on constate une diminution de l’élan de soutien de l’Occident envers Kiev. Entre août 2023 et janvier 2024, les nouvelles aides engagées ont chuté par rapport à la même période de l’année précédente, d’après le rapport le plus récent de l’Institut Kiel publié en février 2024. Cette baisse pourrait continuer avec l’échec du Sénat américain à obtenir l’approbation pour des aides financières et des complications rencontrées par l’Union européenne (UE) pour faire adopter une aide de 50 milliards d’euros suite à l’opposition de la Hongrie le 1er février 2024. Cependant, ces deux paquets d’aides n’ont pas encore été pris en compte dans le dernier rapport de l’Institut Kiel, qui résume les données jusqu’en janvier 2024.

Les données fournies par cet institut allemand indiquent une réduction du nombre de donateurs, qui se regroupent principalement autour de quelques pays clés: les États-Unis, l’Allemagne et les pays du nord et de l’est de l’Europe. Ces pays promettent non seulement une aide financière importante, mais aussi des armements sophistiqués. Au total, depuis février 2022, les pays qui soutiennent Kiev se sont engagés à fournir au moins 276 milliards d’euros en aides militaires, financières ou humanitaires.

En termes d’absolu, les pays les plus riches ont été les plus généreux. Les États-Unis sont les plus grands donateurs, avec plus de 75 milliards d’euros d’aide déclarés, dont 46,3 milliards sous forme d’aide militaire. Les pays de l’UE ont annoncé à la fois des aides bilatérales (64,86 milliards d’euros) et des aides collectives provenant des fonds de l’UE (93,25 milliards d’euros), pour un total de 158,1 milliards d’euros.

Dans le contexte du produit intérieur brut (PIB) de chaque pays donateur, une réorganisation de la liste des plus grands donateurs est observable. À ce jeu, les Etats-Unis chutent à la vingtième place, ne consacrant que 0,32 % de leur PIB aux contributions, loin derrière les pays voisins de l’Ukraine et d’anciennes nations soviétiques alliées. L’Estonie s’empare de la première place des donations en pourcentage du PIB, avec 3,55 %, suivie de près par le Danemark (2,41 %) et la Norvège (1,72 %). La Lituanie (1,54 %) et la Lettonie (1,15 %) complètent le top 5. Les trois Etats baltes, qui ont tous des frontières avec la Russie ou son alliée la Biélorussie, se classent parmi les donateurs les plus généreux depuis le déclenchement du conflit.
Dans cette liste basée sur le pourcentage du PIB, la France se retrouve en vingt-septième position, ayant consacré seulement 0,07 % de son PIB, se positionnant légèrement en dessous de la Grèce (0,09 %). Depuis le début de l’occupation de l’Ukraine par la Russie, l’assistance de la France montre une diminution progressive – le pays était classé vingt-quatrième en avril 2023, et treizième à l’été 2022.
Que savons-nous des tensions à la frontière ukraino-polonaise ?

Les tensions se sont intensifiées entre l’Ukraine et la Pologne ces derniers mois, principalement en raison des différends liés au transit des céréales ukrainiennes. La source d’inquiétude est le faible coût des céréales ukrainiennes par rapport au blé produit dans l’Union européenne (UE), en particulier dans les pays d’Europe centrale, selon la Fondation Farm, un groupe de réflexion sur les questions agricoles mondiales. En effet, environ 50 % des céréales ukrainiennes sont expédiées ou finissent leur voyage dans l’UE depuis le début du conflit.

Au printemps de 2022, l’UE avait mis en œuvre des « voies de solidarité » afin d’encourager l’expédition et la vente des produits agricoles ukrainiens vers l’Afrique et le Moyen-Orient, sans frais de douane. Cependant, en avril 2023, la Pologne, la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie et la Slovaquie ont décidé de bloquer unilatéralement leurs importations de céréales ukrainiennes, arguant que ces produits déstabilisaient leur marché local et, par conséquent, nuisaient aux revenus de leurs agriculteurs.

Cet embargo a été approuvé par Bruxelles, pourvu qu’il permette le transit vers d’autres nations et qu’il ne dépasse pas une durée de quatre mois. Toutefois, la Pologne a choisi de maintenir sa frontière fermée aux céréales ukrainiennes à la fin de l’été, malgré l’opinion de Bruxelles selon laquelle l’embargo n’était plus nécessaire car ses études indiquaient qu’il n’y avait plus de distorsion des marchés nationaux pour les céréales.

Depuis la ligne divisant l’Ukraine et la Pologne, les fermiers polonais ont mis en place un barrage pour bloquer l’entrée des camions ukrainiens sur le sol polonais. Ces manifestants réclament une interdiction totale des produits agricoles et alimentaires venant d’Ukraine. En effet, leurs dépenses de production ont grimpé drastiquement alors que leurs silos et entrepôts débordent et que les tarifs sont au plus bas. Par ailleurs, l’année 2024 a débuté par des allégations du président ukrainien selon lesquelles la fermeture de la frontière polonaise est une preuve du déclin de la solidarité envers l’Ukraine. Il a également demandé des discussions avec la Pologne. Il affirme que la seule partie qui se réjouit de cette situation est Moscou, et a dénoncé la présence de slogans clairement en faveur de Poutine.

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