Un virtuose remarquable de la kora, l’instrument de musique emblématique des griots mandingues d’Afrique, Toumani Diabaté, nous a quitté. Il était un musicien extraordinaire, toujours en quête de nouvelles découvertes et prêt à prendre des risques. Il savait valoriser et préserver son héritage tout en se permettant d’explorer de nouvelles voies. Issu d’une lignée de musiciens, de chanteurs, de gardiens de mémoire et de détenteurs de savoir en Afrique de l’Ouest, il appartenait à l’élite culturelle.
Le 19 juillet, après quelques jours de soins dans une clinique de Bamako, il a succombé à l’âge de 58 ans. Son décès, suite à une maladie de courte durée, a été annoncé par son fils, Sidiki Diabaté, lui-même musicien talentueux et joueur de kora, dans un message posté sur sa page Facebook. Le monde a exprimé ses condoléances, avec des hommages provenant de ses pairs respectés de la musique africaine comme Ballaké Sissoko, Oumou Sangaré, Youssou N’Dour, Salif Keita, et aussi de nombreux fans anonymes.
Né le 10 août 1965 à Bamako dans une famille de griots, Toumani Diabaté avait le rythme dans le sang. Sa mère, Nama Koïta, était chanteuse et son père, Sidiki Diabaté, avait été couronné roi de la kora au festival d’arts et de culture noire Festac77 à Lagos, au Nigeria. Dès l’âge de 5 ans, Toumani était initié à la kora, guidé par les conseils de son père et de son grand-père. Il était toujours ouvert à de nouvelles expériences, prêt à incorporer tout ce qui l’entourait.
À mesure qu’il mûrit, il n’est pas restreint par la tradition qu’il aime et honore. Il interagit activement et crée de la musique avec de nombreux de ses compatriotes musiciens maliens, y compris Ballaké Sissoko, un artiste incomparable de la kora, et le chanteur guitariste Ali Farka Touré (1939-2006). Il a enregistré deux albums en duo avec lui, « In the Heart of the Moon » (2005, World Circuit) et « Ali and Toumani » (2010, World Circuit), qui ont tous deux reçu un Grammy Award. Il s’aventure également au-delà des chemins convenus, ajoutant des éclats d’exploration à sa kora.
« Je suis réceptif à tous les mélanges », affirmait-il, « mais je me sens toujours membre de la grande famille des griots du Mandé. Notre mission est de partager notre musique. Pour moi, jouer avec des musiciens d’horizons différents correspond parfaitement à cette idée. » C’est ainsi qu’il a collaboré avec Taj Mahal, bluesman américain, Dee Dee Bridgewater, chanteuse de jazz, Roswell Rudd (1935-2017), tromboniste, Béla Fleck, joueur de banjo, et d’autres artistes comme Arnaldo Antunes et Edgard Scandurra du Brésil, Björk d’Islande, Damon Albarn britannique, le musicien iranien Kayhan Kalhor et le chanteur français Matthieu Chedid.
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