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22 juillet 2024 16 h 07 min

« Carte Européenne Contamination PFAS Explorée »

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Le Projet de Pollution Éternelle collabore avec Le Monde et dix-sept autres partenaires internationaux pour créer une « carte de la pollution durable ». Pour la toute première fois, elle expose le degré de contamination de l’Europe par les substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées (PFAS), une catégorie de composés extrêmement toxiques couramment utilisés dans divers produits et applications. Ces « polluants durables » seront présents dans notre environnement et nous accompagneront pendant des siècles, voire des millénaires.

Révélation de cette carte
Notre carte localise les installations de production de PFAS, certains lieux d’application des PFAS, ainsi que les sites où une contamination a été détectée ou soupçonnée.

Vingt producteurs
Ces entreprises chimiques produisent des PFAS, qui seront plus tard utilisés dans plusieurs domaines.

Près de 23 000 lieux de contamination identifiés
Chaque site a fait l’objet d’échantillonnages de l’eau, des sols ou des êtres vivants, effectués par des scientifiques et des agences environnementales entre 2003 et 2023. Les analyses ont révélé la présence de PFAS à des concentrations égales ou supérieures à 10 nanogrammes par litre (ng/l).

232 utilisateurs de PFAS
Ces sites industriels utilisent des PFAS pour la production de plastiques « haute performance », des peintures et des vernis, des pesticides, des tissus hydrofuges, et d’autres produits chimiques.

Environ 21 500 sites supposés pollués.

Dans le contexte industriel actuel et passé, certains sites ont été identifiés comme utilisant et émettant des PFAS. Prenons par exemple les bases militaires qui utilisent massivement des mousses anti-incendie « AFFF » contenant des PFAS. De même, la production de certains plastiques appelés fluoropolymères nécessite l’utilisation de PFAS.
Bien que probable, la contamination de ces sites n’a pas été confirmée par des prélèvements environnementaux.

Quant au terme « hot spot », il est utilisé pour décrire un site où la concentration de PFAS atteint un niveau jugé dangereux pour la santé (100 ng/l). Toutefois, la détection de tels sites est problématique car les autorités effectuent de nombreux prélèvements autour d’un lieu répertorié comme l’« épicentre » d’une contamination, comme c’est le cas pour les usines de 3M à Zwijndrecht (Belgique) et de Chemours à Dordrecht (Pays-Bas). Cependant, cela ne signifie pas que chaque point de prélèvement est un hot spot.

Pour minimiser la possibilité de ces « faux positifs », nous avons regroupé en « clusters » les points géographiquement proches. Cela nous a conduit à estimer à plus de 2 100 le nombre de hot spots en Europe.

Ce travail a nécessité une collecte de données sans précédent.

Nous avons élaboré notre carte en compilant des informations issues de plusieurs sources, certaines non publiques, qui nous ont permis de localiser les sites pollués. Nous avons suivi une méthodologie déjà employée par un groupe de chercheurs pour cartographier la contamination aux États-Unis, comme le PFAS Project Lab de Boston et le « PFAS Sites and Community Resources Map ». Pour conduire cette enquête, sept experts nous ont guidé et conseillé, nous permettant ainsi d’expérimenter le journalisme « peer-reviewed » sur le modèle des travaux scientifiques.

Le but de cette « carte de la pollution perpétuelle », est de rendre accessibles les informations sur les sites infectés par des substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS) et ceux qui pourraient l’être en Europe. Nous avons pour objectif principal d’informer le public, de fournir des données aux personnes des communautés affectées par cette pollution, aux chercheurs et aux régulateurs, mais aussi de contribuer à la compréhension de la pollution par les PFAS, dans l’intérêt du public. Les sites susceptibles d’être contaminés pourraient ainsi être ciblés en priorité par les autorités pour effectuer des prélèvements et élaborer des plans d’action visant à protéger la population.

Cette carte n’est qu’un reflet des informations que nous avons pu recueillir en utilisant au mieux nos compétences et nos ressources journalistiques. La réalité de la contamination est largement sous-évaluée, en raison de l’absence généralisée d’échantillonnages pour détecter les PFAS dans l’environnement.

La quantité de sites relevés dans chaque pays ou région est un reflet du nombre de tests effectués par les autorités ou des chercheurs, tout comme elle indique l’ampleur de la contamination par les PFAS. Il y a des emplacements où l’origine de la pollution n’a pas encore été déterminée, même si les prélèvements ont indiqué qu’ils sont contaminés. Une grande quantité de sites contaminés dans un pays ou une région suggère qu’il y a eu des efforts concertés pour établir l’étendue de la pollution et trouver des solutions à cette dernière. À l’opposé, la présence de peu de sites contaminés pourrait indiquer un manque de prélèvements et, par conséquent, une méconnaissance des zones polluées. Par ailleurs, quelques emplacements pourraient avoir des données partielles ou non disponibles, en raison d’un manque d’informations accessibles au public.

Dans ce contexte, il faut noter que certains des sites supposés contaminés marqués sur la carte ne sont peut-être pas pollués par des PFAS, et certains sites contaminés peuvent ne pas y figurer.

Quand vous citez les informations tirées de cette carte, nous vous demandons de mentionner le « Forever Pollution Project », d’inclure l’URL du projet de cette carte (lemde.fr/PFASmap) et de nous tenir au courant. Après le 1er mars 2023, la carte ne sera pas nécessairement mise à jour de manière régulière. Pour toute correction d’informations erronées, périmées ou incorrectes, ou pour fournir des informations supplémentaires, veuillez contacter Stéphane Horel à : horel[@]lemonde.fr.

Nos remerciements.

Notre démarche de recherche s’est basée sur une méthodologie notée par les pairs, conçue par le PFAS Project Lab (Boston, USA) et leurs partenaires de la « carte des sites et ressources communautaires PFAS » (une collaboration jointe de l’équipe de recherche PFAS-REACH qui inclut Northeastern, Silent Spring Institute, Michigan State University, Testing for Pease, Massachusetts Breast Cancer Coalition et Slingshot), et également sur les recommandations et remarques des chercheurs suivants : Alissa Cordner (Whitman College, Walla Walla, USA), Derrick Salvatore (Massachusetts Department of Environmental Protection, USA), Phil Brown et Kimberly K. Garrett (Northeastern University, Boston, USA), Ian Cousins (Stockholm University, Suède), Gretta Goldenman (Global PFAS Science Panel, Bruxelles) et Martin Scheringer (ETH Zürich, Suisse).
Il faut souligner que nous avons choisi de suivre la stratégie la plus prudente. A cela s’ajoutent un déficit d’informations et une absence de preuves complètes dans chacun des pays européens. De ce fait, malgré son ampleur, le nombre de sites pollués et présumés pollués présentés sur notre carte est nettement sous-estimé.
Cette carte n’aurait pas pu être achevée sans l’apport substantiel de nos collaborateurs Sarah Pilz (Allemagne), Catharina Felke (NDR, Allemagne), Nadja Tausche (Süddeutsche Zeitung, Allemagne), Gianluca Liva (Radar Magazine, Italie), Leana Hosea et Rachel Salvidge (Watershed Investigations, Royaume-Uni).
On peut consulter ici notre méthodologie complète (en anglais).
Les données sont librement réutilisables.

Nous avons rassemblé un ensemble de données pour la création de la carte, que vous êtes libre de télécharger. Il comprend la localisation géographique de chaque site. Toutefois, pour vos recherches, nous vous conseillons d’exploiter le jeu de données précis qui comporte toutes les valeurs estimées pour l’ensemble des PFAS et dont il est recensé l’intégralité de nos informations source.
⚠️Depuis la parution de notre enquête, certaines erreurs dans les données ont été corrigées. Assurez-vous donc de télécharger les versions les plus actuelles de l’ensemble de données et de la méthodologie.
Mise à jour le 14 mars 2023 à 11h32 : actualisation du lien de téléchargement des données.
Mise à jour le 5 février 2024 à 12h15 : assimilation de nouvelles informations relatives à des sites pollués en Espagne et en Belgique.