La tête penchée, les poignets entravés par des menottes, le fondateur de l’organisation Sea Shepherd, Paul Watson, âgé de 73 ans, est conduit vers le véhicule des forces de police danoises à Nuuk, la capitale du Groenland. Le Groenland est un territoire autonome qui relève de l’autorité danoise. Le dimanche 21 juillet, les forces de l’ordre ont investi le navire John Paul DeJoria, où se trouvait l’activiste américano-canadien. La cause : une notice rouge émise par Interpol, soit un mandat d’arrêt international, sollicité par le Japon il y a douze ans à la suite d’activités contre la chasse à la baleine en Antarctique. Ces activités auraient entraîné des dégâts et des blessures en 2010. Le militant était à Nuuk pour faire le plein de carburant avant de poursuivre son voyage vers le Pacifique Nord, ciblant le Kangei Maru, un nouveau navire de chasse à la baleine japonais. Actuellement en détention provisoire, l’activiste risque d’être extradé vers le Japon, où il pourrait faire face à une sanction sévère.
Paul Watson est co-fondateur de l’organisation Greenpeace, qu’il a quittée en 1977 suite à des divergences sur les tactiques militantes. Cette même année, il a établi Sea Shepherd (« Berger de la Mer »), une organisation de préservation des océans et de la biodiversité. Les techniques utilisées, telles que les abordages en mer ou les sabotages de navires à quai, ont contribué à la renommée de Watson et son organisation, en dépit des critiques de ses détracteurs. En 2022, il a été mis à l’écart après des différends internes et a par la suite créé la Sea Shepherd Origins et la Captain Paul Watson Foundation. Il poursuit sa mission de patrouille des mers, comme ce 21 juillet 2024.
Selon une notification rouge de 2012, le Japon accuse Paul Watson d’avoir infligé « des dommages et des blessures » lors de ses actions contre un navire baleinier japonais dans les eaux antarctiques en 2010, lors de deux incidents distincts. Cependant, les alliés de ce Canadien contestent cette version. Locky MacLean, membre de la fondation et capitaine du bateau John Paul DeJoria, qui a assisté à l’arrestation de son collègue, insiste sur le fait que les allégations du Japon sont principalement politiques et non fondées sur des délits réels.
La présidente de Sea Shepherd France, Lamya Essemlali, exprime un sentiment d’injustice profonde et de choc. Lamya souligne que la seule raison de la poursuite de Paul est qu’il a sauvé des milliers de baleines. Elle rappelle également qu’il se dirigeait vers un baleinier japonais dans les eaux du Pacifique Nord. Suite à son arrestation, ses proches pensaient que le mandat d’Interpol n’était plus valide car il n’était plus en ligne. Ils se sentent trompés. Selon François Zimeray, un avocat spécialisé dans les droits de l’homme et un ancien ambassadeur au Danemark, qui s’est joint à l’équipe de Paul Watson après son arrestation, il est tout à fait possible que des notifications rouges non publiées restent confidentielles. La suite de cet article est réservée aux abonnés..
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