La première fois que j’étais au volant toute seule, je peux admettre que j’étais assez nerveuse. Partant passer la nuit chez une copine, tous mes effets personnels étaient à bord de la voiture. Ma mère m’avait demandé de lui envoyer un texto à mon arrivée. Bien qu’il ne s’agissait que d’un trajet de quinze minutes, j’avais l’impression de m’embarquer dans une aventure et d’embrasser un nouveau commencement.
Je réside en Bretagne où les transports publics ne sont pas très présents. À Louannec, une banlieue d’une petite zone urbaine en bord de mer, si vous ne vivez pas à proximité, l’accès aux plages est un défi. Avec le bus de l’école, c’était un trajet de quarante-cinq minutes pour arriver à l’école. Tout autre déplacement était une lutte. Sans mon permis de conduire, j’étais constamment contrainte de demander à mes parents de me déposer chez mes copines ou à mes cours de danse. Et puisque ma mère a un emploi qui lui prend beaucoup de temps, je me retrouvais souvent coincée à la maison, sans rien à faire. Je n’ai jamais été une personne qui aime passer tout son temps dehors, mais même lorsque je voulais sortir, je ne pouvais pas décider seule de mon destination et de l’heure de départ.
Obtenir mon permis de conduire n’a pas été une mince affaire, malgré ma joie d’y être parvenue. Mon anxiété chronique et mon manque de confiance en moi se sont manifestés durément au fil de mes heures d’apprentissage au volant. Le stress m’envahissait tellement que je perdais le contrôle, versant des larmes, souffrant de bouffées de chaleur, avec une sensation d’oppression dès que je montais dans la voiture de l’auto-école. J’étais terrorisée à l’idée de chaque leçon à venir.
Un de mes instructeurs a aggravé la situation. Au lieu de m’aider, il laissait sa propre anxiété lui faire perdre patience, me sermonnant brusquement à chaque fois que je commettais une erreur. J’ai essayé de lui expliquer que son comportement ne faisait que renforcer mon angoisse, mais il ne semblait point m’écouter.
Pour tenter de soulager mon stress, ma mère m’offrait des pilules à base de fleurs de Bach, une tentative qui, malheureusement, n’a pas porté ses fruits. Face à mon manque de progrès, l’auto-école n’a pas su comment réagir, et a recommandé que je suive des cours de conduite avec mes parents, une expérience qui a commencé dans la confrontation mais qui a fini par me permettre de retrouver mon assurance au fil des kilomètres parcourus.
Lors de ma première tentative à l’examen du permis de conduire, la pression m’a submergée au point de paralyser mes réflexes et j’ai omis de céder le passage, obligeant l’examinateur à freiner brusquement et justifiant mon élimination. Cela m’a obligé à retourner à l’école pour refaire des heures de conduite et à chercher une nouvelle date d’examen, une véritable épreuve.
A un certain point, j’ai rencontré une difficulté supplémentaire en lien avec ma scolarité. Suite à l’obtention de mon baccalauréat en juin 2023, j’ai fait le choix d’aller à Paris pour me consacrer aux arts appliqués. Cependant, je n’ai pas trouvé d’épanouissement ni de satisfaction dans ce domaine. Mes créations me déplaisaient énormément et je me sentais isolée. Mon père m’a suggéré de changer de direction, tandis que ma mère était plus sceptique. Néanmoins, j’avais besoin de partir et c’est ce que j’ai fait.
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