La justice bangladaise a réévalué, sans l’éliminer, un système de quotas pour les postulants à des postes publics, le dimanche 21 juillet. Cette décision fait suite à la réintroduction du système en juin qui a engendré des confrontations nationales causant 151 décès. « La Cour suprême a statué que le jugement de la Haute Cour qui avait réinstallé les quotas était illégal, » a indiqué le procureur général A.M. Amin Uddin. Il faisait référence à une décision précédente qui réservait 30% des postes aux enfants des vétérans de la guerre de libération du Bangladesh contre le Pakistan, un groupe vu comme étroitement lié au gouvernement actuel. Le procureur a ajouté que 5% des emplois publics resteraient destinés aux enfants des vétérans de la guerre d’indépendance et 2% aux autres groupes.
L’instauration de ces quotas avait déclenché une escalade de violence à l’échelle nationale entre les étudiants et les forces de l’ordre, entraînant la mort de 151 personnes en une semaine, y compris plusieurs policiers. Selon un décompte de l’Agence France-Presse basé sur des données de sources policières et hospitalières, cela a mené aux pires violences sous la gouvernance de la première ministre Sheikh Hasina, au pouvoir depuis quinze ans.
Après cette décision, la Cour suprême du Bangladesh a demandé aux étudiants protestataires de « retourner à leurs études », comme l’a confirmé Shah Monjurul Hoque, l’avocat qui représentait deux étudiants, à l’AFP.
Dans le pays, l’internet a été coupé tandis que des militaires patrouillent dans plusieurs villes du Bangladesh, où la police des émeutes n’a pas pu rétablir l’ordre. Cette coupure d’Internet au niveau national a sévèrement limité, depuis jeudi, l’accès aux informations pour le reste du monde.
Les activistes pour les droits de l’homme reprochent au gouvernement dirigé par Mme Hasina de manipuler extrêmement les structures de l’État pour maintenir son pouvoir et éliminer toute opposition, notamment par le biais d’un recours exagéré aux homicides extrajudiciaires. En raison de l’incapacité du Bangladesh à pourvoir des emplois appropriés pour ses 170 millions de citoyens, le système de quotas devient un point de discorde majeur, surtout parmi les jeunes diplômés subissant une crise sévère.
En ajoutant de l’huile sur le feu, Mme Hasina a créé une polémique ce mois-ci en assimilant les manifestants à des collaborateurs du Pakistan lors de la guerre d’indépendance du pays. Bien que la première ministre du Bangladesh avait prévu de quitter le pays dimanche pour une tournée diplomatique en Espagne et au Brésil, elle a dû annuler ses plans en raison des troubles actuels.
La police a interpellé plusieurs membres du parti nationaliste du Bangladesh (BNP), le principal parti d’opposition, ainsi que des membres de Students Against Discrimination, le groupe principal organisant les manifestations. Suite aux violences, le département d’État américain a averti ses citoyens contre tout voyage au Bangladesh. De plus, il a révélé qu’il commencerait à rapatrier certains diplomates et leurs familles.
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