« Salut, je suis Valérie Pécresse. Pour les Jeux Olympiques, nous devons nommer des porteurs de torche qui reflètent l’essence de l’Ile-de-France, ceux qui ont une certaine dévotion. J’aimerais que tu sois l’un d’eux. » En octobre, c’est le message qui a surpris Pierre de Cabissole, laissé sur son répondeur par la présidente du conseil régional. Depuis plus de deux ans, Pierre est retourné à Montpellier, sa ville de naissance. Cependant, le studio d’animation qu’il dirige, Supamonks, est toujours localisé à Arcueil, dans le Val-de-Marne.
Ce quadragénaire au style ado éternel, malgré ses cheveux grisonnants, soupçonne que sa sclérose en plaques, dont il souffre depuis quinze ans et contre laquelle il lutte vigoureusement, a pu influencer la décision. « En tant que patron et handicapé, je remplis toutes les conditions! » De plus, il a toujours aimé relever les défis : scénariste, producteur, réalisateur, il a aussi été un surfeur enthousiaste et habile et récemment, en janvier, a publié son premier roman, Le Carnaval sauvage, chez Grasset.
Il réfléchit un moment à la proposition de Valérie Pécresse et l’accepte. Cependant, hors de question de parcourir les 200 mètres prévus le 21 juillet à Villejuif en fauteuil roulant. Il pourrait presque faire la distance à pied, appuyé sur sa béquille. Le défi n’est cependant pas encore relevé.
« C’est comme faire un signe de défi à la maladie. »
Pierre de Cabissole, après deux ans et demi suivi par le professeur Anthony Gélis, spécialiste de la médecine physique et de la réhabilitation au centre neurologique mutualiste Propara de Montpellier, a eu l’opportunité d’essayer un nouveau procédé appelé exosquelette. L’exosquelette, conçu pour compenser les fonctions déficientes ou absentes, dispose de moteurs situés au niveau des genoux qui détectent les mouvements souhaités et, par conséquent, aident à la marche.
Confronté à la possibilité d’expérimenter l’exosquelette, Pierre de Cabissole a proposé au professeur Gélis d’organiser un modèle de Keeogo de la société canadienne B-Temia. Le professeur a donné son feu vert et l’expérience a commencé. Pierre de Cabissole cherchait à réaliser un exploit : porter le flambeau olympique dans un exosquelette pour détourner l’attention de sa maladie et imposer sa présence devant des millions de personnes.
Les essais ont commencé au centre Propara à Montpellier le 1er juillet. Le lendemain, Pierre de Cabissole, se nommant lui-même le « cobaye », a ressenti des douleurs musculaires. Il a partagé son expérience avec le professeur Gélis, les kinésithérapeutes Jean-Luc Ducros et Clément Maizy et l’ergothérapeute Violaine Leynaert. Bien que l’exosquelette paraisse prometteur sur le papier, mettre et ajuster l’appareil de six kilogrammes en pratique est fastidieux et dure quarante-cinq minutes, cet exercice provoquant rapidement une transpiration excessive.
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