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21 juillet 2024 8 h 11 min

« Direct: Point sur guerre Ukraine »

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Consultez tous nos articles, nos évaluations et nos reportages relatifs à la guerre en Ukraine. Les dossiers, critiques et explications complètes du Monde. Un ensemble russe utilise des stratégies sophistiquées pour approvisionner l’armée avec du matériel européen, de la France à la Turquie. Pour l’Ukraine, il y a eu une tournée estivale d’une prétendue « armée musicale ». En Donbass, une division discrète s’intensifie entre les soldats ukrainiens et les civils qui sont supposés « attendre les Russes ». Volodymyr Zelensky espère l’engagement de la Russie à un sommet de la paix renouvelé. Les lauréats du prix Nobel en appellent à: «Nous demandons l’application directe d’un cessez-le-feu en Ukraine et dans la bande de Gaza pendant les Jeux olympiques de Paris « . Des clarifications à vos interrogations récurrentes.

Comment Kiev et Moscou font-ils usage des drones? Depuis un certain temps, la bataille de drones entre la Russie et l’Ukraine a atteint des proportions sans précédent. D’après une étude britannique exposée en mai 2023 par un groupe de réflexion spécialisé en défense, les Ukrainiens perdent environ 10 000 drones chaque mois sur le terrain de combat, soit plus de 300 par jour. Pour comparaison, l’armée française a juste un peu plus de 3 000 avions télépilotés en réserve.

Les Russes et les Ukrainiens s’appuient principalement sur des petits UAV (unmanned aerial vehicle en anglais) d’origine civile, qui sont économiques et disponibles en grand nombre. Ceux-ci sont utilisés principalement pour inspecter le champ de bataille et pour orienter les forces armées ou les tirs d’artillerie; certains sont même adaptés pour transporter de petites charges explosives, qui sont ensuite larguées sur des tranchées ou sur des blindés.

Les drones-kamikazes, bien que moins nombreux, jouent un rôle crucial dans les opérations. Équipés de charges explosives, ces UAV sont déployés au-dessus des lignes de front sans objectifs prédéfinis. Les drones Lancet-3 russes et les Shahed-136 iraniens sont utilisés par Moscou. L’Ukraine, malgré l’absence d’une flotte militaire à part entière, fait preuve d’audace en utilisant des équipements maritimes autopropulsés, consistant en de petits kayaks télécommandés remplis de TNT (450 kilos).

Considérant l’importance des drones pour leurs manœuvres, les Ukrainiens et les Russes ont mis en place des systèmes pour approvisionner leurs forces sur le long terme, en achetant non seulement une grande quantité de drones civils, mais aussi en développant leurs propres moyens de production. L’industrie nationale ukrainienne, bien qu’initialement titubante lors de la guerre du Donbass déclenchée il y a une décennie, a depuis gagné en puissance. En fin août, le ministre de la transformation numérique de l’Ukraine a déclaré qu’un clone du drone russe Lancet a été développé et serait prochainement lancé sous le nom de Peroun, le dieu slave de la foudre et du tonnerre.

La Russie, quant à elle, est entravée par des sanctions occidentales qui limitent son approvisionnement en composants électroniques. Cependant, selon les services de renseignements américains, Moscou aurait débuté la construction d’une usine dans la zone économique spéciale d’Alabouga pour fabriquer des drones-kamikazes inspirés des modèles iraniens, comme les Shahed-136.

En ce qui concerne les stocks de missiles russes, leur état actuel est difficile, voire impossible, à déterminer. Les services de renseignement ukrainiens publient régulièrement des informations à ce sujet, mais leurs estimations restent incertaines.

« Si on en croit Andri Ioussov, le représentant officiel de la GUR (Direction Générale du Renseignement du Ministère de la Défense), qui a été cité sur Liga.net, l’armée russe avait en sa possession 2 300 missiles balistiques ou de croisière avant la déclaration de guerre, leurs stocks s’élevant toujours à plus de 900 au début de l’année. A ce nombre, le représentant précise que s’ajoute une dizaine de milliers de missiles anti-aériens S-300, ayant une range d’environ 120 kilomètres, ainsi qu’un lot conséquent de S-400, une version plus récente trois fois plus puissante. En août, Vadym Skibitsky, le directeur adjoint du GUR, avait estimé le total à 585 missiles ayant une portée qui dépassait les 500 kilomètres.

Concernant leurs capacités de production, elles auraient augmenté pour atteindre une centaine de missiles balistiques ou de croisière par mois, selon divers spécialistes. En octobre, le GUR avait estimé cette production à 115 unités.

La Russie aurait aussi acquis des missiles à courte portée en Iran et en Corée du Nord, et continuerait à s’en procurer. Selon des sources iraniennes citées par l’agence Reuters, l’Iran aurait livré 400 missiles de la série Fateh-110 (portée de 300 à 700 kilomètres) à la Russie depuis janvier, date à laquelle un accord aurait été signé. Le nombre précis de missiles nord-coréens acquis par la Russie reste une inconnue, mais 24 ont été déployés en Ukraine entre le 30 décembre 2023 et le 7 février 2024, d’après le procureur général, Andriy Kostin. Les experts ayant étudié les résidus et les trajectoires estiment qu’il s’agit probablement de KN-23 et KN-24 ayant une portée d’environ 400 kilomètres.

Et qu’en est-il des avions de combat F-16 ? »

En août 2023, en réponse à une requête à long terme du président ukrainien, les États-Unis ont approuvé la cession de chasseurs F-16 à l’Ukraine. Bien qu’il y ait potentiellement plus de 300 F-16 répartis dans neuf pays européens, dont la Belgique, le Danemark, la Grèce, les Pays-Bas et le Portugal, tous les pays qui en possèdent ne sont pas en mesure de les céder immédiatement.

Volodymyr Zelensky a mentionné le nombre de 42 F-16 promis par les alliés occidentaux à Kiev, mais ce chiffre n’a pas été vérifié. Le Danemark a promis 19 de ces avions, avec les 6 premiers devant être livrés d’ici la fin de 2023, suivi de 8 supplémentaires en 2024 et de 5 en 2025, comme confirmé par la première ministre danoise, Mette Frederiksen. Les Pays-Bas ont également promis des F-16, et bien qu’ils disposent de 42 unités, ils n’ont pas précisé combien ils prévoient de céder.

En outre, les pilotes ukrainiens doivent être formés pour utiliser ces avions de combat américains. Onze pays alliés de Kiev ont promis de former les pilotes. Selon l’OTAN, les soldats ukrainiens ne seront en mesure d’opérer les avions en situation de combat qu’au début de 2024, mais d’autres experts estiment que cela pourrait plutôt avoir lieu à l’été 2024.

Que fournissent donc ses alliés à Kiev en termes de soutien militaire?

Deux ans après le déclenchement de la guerre à grande échelle, le soutien de l’Occident à Kiev semble faiblir. Les données du dernier rapport de l’Institut Kiel, publié en février 2024, montrent une baisse du soutien financier entre août 2023 et janvier 2024 par rapport à la même période l’année précédente. Ce déclin risque de se poursuivre, le Sénat américain ayant du mal à obtenir le vote pour de nouvelles aides. De même, l’Union européenne (UE) a rencontré une forte résistance, notamment de la Hongrie, pour l’adoption d’un soutien de 50 milliards d’euros le 1er février 2024, deux aides non encore comptabilisées dans le dernier bilan de l’Institut Kiel à janvier 2024.

Selon ce rapport, le nombre de donateurs se réduit, se concentrant principalement sur quelques pays : les Etats-Unis, l’Allemagne et les pays du nord et de l’est de l’Europe. Ces pays promettent à la fois un soutien financier substantiel et un armement sophistiqué. En termes de chiffres, depuis février 2022, les nations soutenant Kiev ont promis au moins 276 milliards d’euros en aide militaire, financière ou humanitaire.

Les pays les plus aisés ont été les plus généreux. Les États-Unis sont en tête avec une promesse d’aide de plus de 75 milliards d’euros, dont 46,3 milliards dédiés aux aides militaires. Les membres de l’Union européenne ont annoncé des aides bilatérales de 64,86 milliards d’euros et des aides collectives de 93,25 milliards d’euros provenant de fonds de l’UE, atteignant un total de 158,1 milliards d’euros.

Quand on met en relation ces dons avec le produit intérieur brut (PIB) de chaque pays donateur, la hiérarchie se modifie. Les États-Unis baissent au vingtième place (0,32 % de leur PIB), loin derrière des pays voisins de l’Ukraine ou d’anciens pays soviétiques amis. L’Estonie se place en première position des pays donateurs en proportion de leur PIB avec 3,55 %, suivie de près par le Danemark (2,41 %) et la Norvège (1,72 %). Les deux autres places du top 5 sont occupées par la Lituanie (1,54 %) et la Lettonie (1,15 %). Les trois pays baltes, tous ayant des frontières en commun avec la Russie ou son alliée la Biélorussie, sont parmi les plus généreux donateurs depuis le commencement du conflit.
En terme de pourcentage du PIB, la France se positionne à la vingt-septième place, ayant engagé 0,07 % de son PIB, juste après la Grèce (0,09 %). L’aide fournie par la France est en baisse continue depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie – la France se classait vingt-quatrième en avril 2023, et treizième en été 2022.
Qu’en est-il des tensions à la frontière ukraino-polonaise ?

Les tensions se sont intensifiées ces derniers mois entre l’Ukraine et la Pologne, principalement en raison du transport de céréales d’Ukraine. Au printemps 2022, la Commission européenne avait établi des « voies de solidarité » pour soutenir la distribution et la vente de produits agricoles d’Ukraine, sans taxes, vers l’Afrique et le Moyen-Orient. Cependant, « depuis le début de la dispute, environ 50% des céréales d’Ukraine transitent ou terminent leur voyage au sein de l’Union européenne (UE) », selon la Fondation Farm, un groupe de réflexion sur les problèmes agricoles mondiaux. Ces céréales ont un coût considérablement plus bas que le blé cultivé dans l’UE, en particulier dans les pays d’Europe centrale.

Soutenant que ces céréales mettent en danger le marché local et donc le revenu de leur paysan, la Pologne, la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie et la Slovaquie ont suspendu leurs importations en avril 2023. Un embargo que Bruxelles a accepté, à condition qu’il ne bloque pas le transit vers d’autres pays et qu’il se limite à quatre mois. Estimant que le problème sous-jacent n’avait pas été résolu, Varsovie a choisi de garder sa frontière fermée aux céréales ukrainiennes à la fin de l’été, alors que Bruxelles considérait que l’embargo n’était plus justifié car ses études démontraient « qu’il n’y avait plus de déséquilibres sur les marchés nationaux des céréales ».

Les paysans de Pologne ont instauré un blocus à la frontière polono-ukrainienne afin de freiner l’arrivée des camions en provenance d’Ukraine, exigeant un embargo total sur les marchandises agricoles et alimentaires ukrainiennes. Ils protestent contre la forte hausse de leurs frais de production, alors que Prix ​​sont à leur niveau le plus bas et les silos et les dépôts sont pleinement occupés. Le dirigeant ukrainien pensait au début de 2024 que le blocus de la frontière polonaise était un signe de la dégradation de la sympathie envers son pays et a appelé à discuter avec la Pologne. Il a également déclaré : « Seule Moscou est ravie » de ces conflits, condamnant « l’émergence de phrases ouvertement en faveur de Poutine ».