Les femmes philippines ont pour habitude de concocter chaque matin des plats à base de nouilles chinoises, de légumes, de poulet mariné et de poisson grillé, servis avec des crackers et diverses sauces piquantes. Dans des situations où le temps leur manque, elles optent rapidement pour des pizzas avant de se retrouver dans l’un des rares parcs publics non engloutis par les gratte-ciels de Hongkong, tels que le parc Tamar, ou près des tours bancaires de Central, un quartier d’affaires situé en bord de mer.
En raison du manque d’espace privé dans la ville financière, ces femmes philippines profitent de l’extérieur pour se retrouver le dimanche pour des pique-niques communautaires. « Selon leur province d’origine, le dialecte qu’elles parlent dans l’archipel ou l’agence de recrutement de domestiques qui les a amenées à Hongkong, elles se regroupent en petits groupes », précise Geric Cruz, un photographe philippin venu de Manille pour les rencontrer fin juin.
Les travailleuses philippines à l’étranger, communément appelées « overseas Filipino workers », sont âgées de 20 à 50 ans. Presque toutes sont employées de maison. Elles sont engagées pour faire le ménage, cuisiner et garder les enfants six jours par semaine pour des familles hongkongaises ou chinoises aisées, qui leur fournissent une chambre de service et des installations sanitaires dans leur appartement.
Après leur dernier jour de travail, elles installent souvent des tentes sur l’herbe soignée, voire directement sur le béton, pour abriter leurs festins du soleil et des averses impromptues. Emportant des micros et des haut-parleurs, ces pique-niques sont pour elles l’occasion de chanter et jouer aux cartes.
Des compétitions de danse se déroulent sur TikTok grâce à l’utilisation de smartphones, et des discussions vidéo sont menées sur Facebook avec les proches restés aux Philippines. On a le droit de consommer de la bière ou du vin ainsi que des jus de fruits dans les lieux publics. Les autorités surveillent à distance, principalement pour contrôler le bruit.
Actuellement, l’ancienne colonie britannique est l’un des principaux lieux d’accueil pour les travailleurs philippins en Asie, en plus de Taïwan. Cependant, les plus grandes troupes partent pour les pays du Golfe, avec l’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis en tête. Au total, la diaspora comprend entre dix et douze millions de personnes, soit 10% de la population des Philippines – dont près de deux cent mille à Hong Kong seulement. Ces hommes et ces femmes envoient environ 37 milliards de dollars américains par an à leur pays d’origine. C’est le coût d’un grand sacrifice personnel.
Pour lire le reste de cet article, qui représente 2,85% du texte, un abonnement est nécessaire.
Laisser un commentaire