Julien Boucher dirige l’Office français de protection des réfugiés et des apatrides (Ofpra) qui a diffusé son rapport annuel le 18 juillet. Il a souligné que malgré une légère diminution des demandes d’asile en 2024, la France reste au niveau moyen par rapport aux autres pays européens et considérablement derrière l’Allemagne.
Les données d’Eurostat montrent que la France a reçu presque 52 000 demandes d’asile dans les quatre premiers mois de 2024, soit presque moitié moins que l’Allemagne. Cela nuance la perception d’un pays particulièrement attractif pour les demandeurs d’asile.
En réalité, la France est dans la moyenne de l’Union Européenne en regardant le nombre de demandes d’asile par rapport à la population totale. En 2023, nous avons recueilli plus de 142 500 demandes, soit une croissance de 9% par rapport à l’année précédente. Cela reste néanmoins bien inférieur à la hausse moyenne en Europe de 18%, notamment à celle de l’Allemagne qui a accueilli plus de 330 000 demandes.
Il est important de noter que les Syriens, représentant la majorité des demandeurs d’asile en Europe, favorisent l’Allemagne surtout en raison de la présence d’une diaspora importante. C’est un facteur crucial qui influence leur choix de destination.
Quant à l’année 2024, elle illustre une certaine évolution des demandes d’asile.
Dans l’ensemble de l’Europe et en particulier en France, la première moitié de 2024 a été marquée par une baisse générale des demandes d’asile, bien que des données précises soient encore attendues. Cette tendance peut être attribuée à un certain nombre de transformations variées. En 2023, l’Afghanistan, le Bangladesh et la Turquie étaient en tête de la liste des pays d’origine, mais leurs demandes ont diminué cette année. Contrastant avec cela, l’Ukraine, Haïti et le Soudan ont vu des demandes particulièrement actives.
Les demandeurs d’asile ukrainiens ont principalement déjà reçu une protection temporaire, cependant, avec la prolongation du conflit, leurs chances de retour diminuent et ils s’efforcent d’acquérir un statut plus permanent. La dégradation tragique de la sécurité en Haïti, exacerbée par la domination des gangs dans des zones entières de Port-au-Prince, a engendré une forte demande d’asile, en particulier en Guyane. Enfin, nous commençons à sentir le poids de la principale crise de déplacements forcés dans le monde au Soudan.
Une augmentation d’applications provenant de pays en conflit a contribué à une augmentation des taux d’acceptation d’asile. En 2023, 33% de toutes les décisions étaient positives, en hausse par rapport aux 29% de 2022, et nous prévoyons une tendance ascendante continue.
Plus récemment, le 11 juillet, le verdict prononcé par la Cour nationale du droit d’asile (CNDA), le tribunal d’appel pour ceux qui ont été rejetés par l’Ofpra, concernant les demandeurs d’asile afghans, pourrait affecter nos décisions futures.
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