Samedi 20 juillet, l’armée du Bangladesh s’est massivement déployée dans plusieurs villes à la suite d’une série d’affrontements violents entre les forces de l’ordre et les étudiants manifestants. Ces confrontations ont conduit la Première ministre, Sheikh Hasina, à annuler ses déplacements à l’étranger. Selon l’Agence France-Presse (AFP), qui a pu obtenir des informations de sources hospitalières, les violences de la semaine ont fait au moins cent cinq morts. Ces événements présentent un défi considérable pour le régime autocratique de Mme Hasina, qui est au pouvoir depuis 2009.
Un couvre-feu institué par le gouvernement a été mis en place à minuit du vendredi au samedi. Le bureau de la Première ministre a demandé à l’armée de faire apparaitre des troupes suite à l’échec de la police à contenir les désordres. «Le gouvernement a choisi d’instaurer un couvre-feu et de mobiliser l’armée pour soutenir les autorités civiles », a indiqué à l’AFP Nayeemul Islam Khan, l’attaché de presse de Mme Hasina.
À l’aube, les rues de la capitale, Dacca, étaient quasi vides. Des troupes à pied et des véhicules blindés patrouillaient cette énorme ville tentaculaire de 20 millions d’habitants. Certains chauffeurs de pousse-pousse du centre-ville qui ont ignoré l’ordre de ne pas travailler ont été contraints par la police de rentrer chez eux.
La Channel 24, une chaîne privée, a rapporté que le couvre-feu resterait en vigueur jusqu’à 10 heures (heure locale, 6 heures à Paris) dimanche.
La première ministre Hasina a suspendu son départ dominical pour un voyage diplomatique suite à l’état de crise actuel, a confirmé Nayeemul Islam Khan à l’AFP. Initialement, elle avait prévu de se rendre en Espagne et au Brésil. La tension sociale liée à l’intolérance à la protestation et à la contestation est à son comble.
Depuis début juillet, des manifestations quotidiennes réclament l’abolition des quotas d’emploi dans la fonction publique. Plus de la moitié des emplois sont réservés à des groupes particuliers, dont les enfants des vétérans de la guerre de libération de 1971 contre le Pakistan, ce qui favorise les affiliés au pouvoir. Beaucoup suggèrent que ce système profite aux enfants des groupes soutenant la première ministre Hasina, réélue pour la quatrième fois en janvier, sans véritable contestation.
Plusieurs groupes de défense des droits de l’homme reprochent au gouvernement de Hasina l’utilisation abusive des institutions nationales pour fortifier son pouvoir et supprimer l’opposition, y compris par l’élimination extrajudiciaire des militants de l’opposition. Plus de la moitié des décès signalés depuis le début de la semaine seraient dus à des tirs de police, selon des témoignages de personnel hospitalier recueillis par l’AFP.
Selon une déclaration de Babu Ram Pant d’Amnesty International, la hausse du nombre de morts est un indicateur alarmant de l’intolérance des autorités bangladaises face aux protestations et à la dissension. Il faut noter que le gouvernement a imposé une coupure nationale d’Internet depuis jeudi, limitant sévèrement les communications venant et allant vers le Bangladesh.
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