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« Russie détruit vingt-six drones ukrainiens »

Ce direct a également été animé par Pierre Bouvier, Minh Dréan, Jacky Goldberg, Jean-Philippe Lefief, Solène L’Hénoret, et Agnès Gautheron. Découvrez tous les articles, reportages et analyses sur la guerre en Ukraine. Des reportages, des analyses et des décodages du « Monde ». Les lauréats du prix Nobel ont lancé un appel : « Nous demandons un cessez-le-feu immédiat en Ukraine, ainsi que dans la bande de Gaza pendant les Jeux Olympiques de Paris ». Rheinmetall, bénéficiant de la réarmement en Allemagne, risque de se faire des adversaires en Russie. En opposition avec Poutine et sa guerre, des poètes russes expriment leur colère et leur confusion en ligne. L’ampleur du réarmement russe inquiète l’OTAN. En Ukraine, « Les Russes ont intentionnellement tiré sur un hôpital pédiatrique ». Dans le Donbass, la commandante « Monka » est engagée à « piéger les Russes ». A la frontière de l’OTAN, face à la Russie, « l’ère d’avant-guerre » a débuté. Voici les réponses à vos questions les plus courantes. Comment les drones sont-ils utilisés par Moscou et Kiev ? Depuis plusieurs mois, la guerre de drones entre la Russie et l’Ukraine s’est intensifiée. D’après un rapport publié en mai 2023 par un think tank britannique spécialiste des questions de défense, l’Ukraine perd environ 10 000 drones par mois sur le terrain de bataille, soit plus de 300 par jour. Pour comparaison, l’armée française compte un peu plus de 3 000 drones dans son inventaire.

L’usage principal des UAV (véhicule aérien non habité) civils par les Ukrainiens et Russes est d’opérer une surveillance de la zone de combat, de diriger les troupes et les tirs d’artillerie et de transporter de petites charges explosives manipulées par ces derniers, qui seront larguées sur des tranchées ou des véhicules blindés.

Les drones-kamikazes, bien qu’ils soient moins nombreux, jouent aussi un rôle essentiel. Ces UAV, équipés de charges explosives, sont envoyés au-dessus de la ligne de front sans mission prédéfinie. Moscou utilise les drones russes Lancet-3, ainsi que les Shahed-136, qui sont fabriqués en Iran. En raison du manque d’une flotte de guerre significative, l’Ukraine provoque son adversaire en utilisant de petits bateaux non habités, des kayaks guidés à distance, chargés d’explosifs pesant 450 kilos de TNT.

Pour souligner le rôle crucial des drones dans leurs opérations, tant les Russes que les Ukrainiens ont mis en place des arrangements pour approvisionner leurs troupes sur le long terme en achetant massivement des drones civils sur le marché en plus de développer des capacités de production locales. Les premiers efforts de l’industrie nationale ukrainienne ont certes été hésitants lors du déclenchement de la guerre du Donbass il y a dix ans, mais elle a ensuite progressé. À la fin d’août, le ministre ukrainien de la transformation numérique a annoncé qu’une réplique du drone russe Lancet avait été développée et serait prochainement lancée sous le nom de Peroun, correspondant au dieu slave de la foudre et du tonnerre.

Bien que la Russie soit entravée par des sanctions occidentales qui limitent son approvisionnement en composants électroniques, elle semble avoir commencé à construire une usine dans la zone économique spéciale d’Alabouga. Cette usine serait dédiée à la production de drones-kamikazes de conception iranienne, à l’instar des Shahed-136, selon les renseignements américains.

Concernant les stocks de missiles russes, les affirmations précises sont rares et incertaines. Les renseignements ukrainiens publient régulièrement des informations à ce sujet, cependant, la véracité de ces données peut être questionnée. Selon le porte-parole de la Direction Générale du Renseignement du Ministère de la Défense, Andri Ioussov, l’armée russe possédait 2 300 missiles balistiques ou de croisière avant le conflit, et plus de 900 au commencement de l’année. En plus de ces missiles, des milliers de missiles antiaériens S-300, avec une portée d’environ 120 kilomètres, et un stock conséquent de S-400, avec une portée trois fois plus grande, s’ajoutent à l’arsenal russe.

En termes de capacités de production, la Russie serait capable de produire une centaine de missiles balistiques ou de croisière chaque mois, selon divers experts. En octobre, la production était estimée à 115 exemplaires par le GUR.

Selon certaines sources, la Russie aurait accru son arsenal de missiles de courte portée, provenant de l’Iran et de la Corée du Nord, et continuerait à le faire. En citant des sources iraniennes, Reuters a signalé que depuis janvier où un accord a été conclu, 400 missiles iraniens de type Fateh-110 (portée de 300 à 700 km) ont été livrés à la Russie. Il n’est pas clair combien de missiles nord-coréens ont été acquis par la Russie, mais entre le 30 décembre 2023 et le 7 février 2024, 24 ont été lancés en Ukraine, selon le procureur général Andriy Kostin. Les analystes qui ont examiné les débris et les trajectoires suggèrent qu’il pourrait s’agir des modèles KN-23 et KN-24 d’une portée d’environ de 400 km.

Et les chasseurs F-16 ?
En réponse à une demande de longue date du président ukrainien, les États-Unis ont approuvé en août 2023 le transfert de chasseurs F-16 à l’Ukraine. Avec une flotte potentielle de plus de 300 F-16 répartis en neuf pays d’Europe, dont la Belgique, le Danemark, la Grèce, les Pays-Bas et le Portugal, tous ne sont pas prêts à en céder immédiatement. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait mentionné le chiffre de 42 F-16 promis par les alliés occidentaux à Kiev, bien que cette information n’ait pas été vérifiée. Le Danemark a promis d’en offrir 19, avec six prévus pour être livrés à la fin de 2023, huit en 2024 et cinq en 2025, comme l’a déclaré la première ministre danoise, Mette Frederiksen. Les Pays-Bas, qui ont également promis des avions, disposent de 42 unités, mais n’ont pas détaillé combien ils prévoyaient d’en céder.

Les pilotes ukrainiens requièrent une formation spécifique pour manier les jets de combat américains et onze alliés de l’Ukraine se proposent de prendre en charge cet aspect. Selon l’OTAN, l’aptitude des militaires ukrainiens à opérer ces avions en milieu de guerre ne serait effective qu’au début de 2024, bien que certaines prédictions tablent sur l’été de cette même année.

Qu’en est-il de l’assistance militaire apportée à Kiev par ses alliés ?

Deux ans après l’escalade du conflit, l’élan de soutien occidental à Kiev connait un ralentissement marqué. Les nouvelles aides promis entre août 2023 et janvier 2024 connaissent une baisse comparée à la même période de l’année précédente, comme le révèle le dernier rapport de l’Institut Kiel paru en février 2024. Cette tendance risque de se maintenir, avec le Sénat américain éprouvant des difficultés à obtenir l’approbation de nouvelles aides et l’Union Européenne (UE) ayant dû surmonter un blocage hongrois pour approuver une aide de 50 milliards le 1er février 2024. Ces deux lots d’aide n’ont cependant pas encore été pris en compte dans le dernier bilan de l’Institut Kiel qui s’achève en janvier 2024.

Le rapport de l’Institut Kiel confirme que le nombre de donateurs diminue, épousant un cercle restreint de pays notamment les États-Unis, l’Allemagne et les pays nordiques et de l’est européen. Ces pays sont engagés à fournir une aide financière considérable ainsi que des armements de haute technologie. Au total, à partir de février 2022, les pays en soutien à Kiev se sont engagés à contribuer à hauteur d’au moins 276 milliards d’euros dans les domaines militaires, financiers ou humanitaires.

Dans l’absolu, les nations les plus prospères se sont révélées être les plus philanthropiques. Les États-Unis ont offert le plus de soutien, promettant plus de 75 milliards d’euros d’aide, dont 46,3 milliards réservés pour l’assistance militaire. Les pays membres de l’Union européenne ont proposé des aides bilatérales (64,86 milliards d’euros) et des aides conjointes à partir des fonds de l’Union européenne (93,25 milliards d’euros), totalisant 158,1 milliards d’euros.
Cependant, en comparant ces contributions avec le produit intérieur brut (PIB) de chaque pays, le classement est modifié. Les États-Unis sont relégués au vingtième rang (0,32 % de leur PIB), bien derrière les pays proches de l’Ukraine ou d’anciennes républiques alliées soviétiques. L’Estonie arrive en tête avec 3,55 % de son PIB, suivie du Danemark (2,41 %) et de la Norvège (1,72 %). La Lituanie (1,54 %) et la Lettonie (1,15 %) complètent le top 5. Les trois États baltes, qui possèdent tous des frontières avec la Russie ou son partenaire, la Biélorussie, sont parmi les donateurs les plus généreux depuis le début du conflit.
En ce qui concerne le classement du pourcentage de PIB, la France est en vingt-septième position, avec un engagement de 0,07 % de son PIB, juste après la Grèce (0,09 %). L’aide offerte par la France est en constante diminution depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. En avril 2023, la France était vingt-quatrième, et treizième en été 2022.
Qu’en est-il des tensions à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne ?

Au cœur des tensions entre l’Ukraine et la Pologne qui perdurent depuis de nombreux mois, se trouve la question de la circulation des céréales ukrainiennes. La Commission européenne a mis en place des « corridors de solidarité » au printemps 2022 pour aider à l’exportation et la vente de produits agricoles ukrainiens vers l’Afrique et le Moyen-Orient, exemptés de tout droit de douane. Selon la Fondation Farm, un groupe de réflexion sur les enjeux agricoles mondiaux, environ 50 % des céréales ukrainiennes transitent ou finissent leur voyage au sein de l’Union européenne.

Ces céréales sont considérées comme une menace pour le marché local, leur bas coup ayant un impact sur les revenus des agriculteurs, surtout dans le contexte de l’Union européenne, et en particulier dans les pays de l’Europe centrale où le coût du blé est plus élevé. Ainsi, pour protéger leur marché agricole, la Pologne, la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie et la Slovaquie ont décidé unilatéralement en avril 2023 de bloquer l’importation des céréales ukrainiennes. Bruxelles a approuvé cet embargo à condition que la circulation vers d’autres pays soit toujours possible et que cette mesure ne dure que quatre mois.

Toutefois, Varsovie a refusé de rouvrir sa frontière aux céréales ukrainiennes à la fin de l’été, soutenant que le problème sous-jacent n’avait toujours pas été résolu. Une position à l’opposé de celle de Bruxelles qui estime que l’embargo n’a plus lieu d’être au vu des analyses indiquant la fin de la distorsion des marchés céréaliers nationaux.

Les agriculteurs polonais perpétuent un blocage à la frontière polono-ukrainienne pour entraver l’accès des camions ukrainiens à la Pologne. Leur demande est la mise en œuvre d’une « interdiction totale » sur les produits agricoles et alimentaires ukrainiens. Ils soutiennent principalement que leurs coûts de production sont en augmentation explosive, tandis que les réserves d’entrepôts et de silos sont pleines et les prix sont au niveau le plus bas. Quant au président ukrainien, il a interprété le blocus à la frontière polonaise début 2024 comme une preuve de «l’effritement de la solidarité » envers son pays, et a sollicité des discussions avec la Pologne. « Seule Moscou tire satisfaction » de ces tensions, a-t-il également déclaré, condamnant « l’émergence de slogans ouvertement favorables à Poutine ».

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