Mon premier voyage en colonie avait été à Tannerre-en-Puisaye, dans l’Yonne. Mon grand-père, un passionné d’aviation, avait promis de venir me récupérer en avion à la fin de la colonie, un détail que j’avais fièrement partagé avec mes amis. Je rêvais déjà de la vue de Paris et de la Tour Eiffel depuis le ciel. Malheureusement, il n’est jamais venu et j’ai dû rentrer chez moi en voiture avec mes parents. Malgré ma déception, je ne lui en ai jamais tenu rigueur.
Mon grand-père aimait non seulement piloter dans un petit aéroclub, mais aussi construire son propre avion. Installé dans un petit village de Haute-Marne, il avait entrepris de construire un avion dans une annexe de sa maison. Malheureusement, il est décédé à l’âge de 72 ans, en septembre 2010, avant de pouvoir voler dans son avion, qui a ensuite été vendu à des Portugais.
C’est lors d’un voyage au Portugal à l’été 2022 que l’idée de me faire deux tatouages en sa mémoire a germé. Là-bas, un ami m’a invité à faire un saut en parachute. À 2000 mètres d’altitude, dans un avion presque de la même taille que celui de mon grand-père, mes pensées étaient envahies de souvenirs de lui. « Saudade ».
Cette idée m’est restée en tête pendant un bon moment, suivant un épisode particulier qui a fait office de catalyseur. J’ai effectué des recherches en ligne pour trouver un artiste au style minimaliste car je cherchais quelque chose de très simple. L’artiste surnommé La Guish m’a suggéré un tatouage qui illustre la célèbre tour Eiffel à travers un hublot, que j’ai décidé de me faire sur la cuisse gauche. C’est également lui qui m’a dessiné le mot portugais « saudade » (synonyme de nostalgie, mélancolie et rêverie) sur mon bras gauche, terminé d’une virgule pour symboliser que quoi qu’il arrive, la vie continue.
Lorsque mon grand-père est décédé, j’étais encore un jeune garçon de 12 ans, mais son caractère a laissé une empreinte indélébile sur mon enfance. Je passais une grande part de mon été chez mes grands-parents chaque année, retrouvant souvent mes cousins. Mon grand-père passait beaucoup de son temps dans son atelier, travaillant sur son biplace et nous permettant d’expérimenter le vol à son aéroclub. Il n’était pas un grand-père typique.
Toutefois, il n’a pas réussi à me transmettre son amour pour l’aviation, mais des souvenirs captivants sont restés, comme celui de la carrosserie immaculée qu’il avait sorti du hangar pour tester le moteur et dans laquelle mon cousin était monté. Nous prenions également plaisir à jouer avec un simulateur de vol qu’il avait installé sur son ordinateur. Pour nous, c’était comme un jeu vidéo.
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