Stéphane Troussel, le dirigeant socialiste du Conseil Départemental de Seine-Saint-Denis, cherche à restaurer le concept de chèque alimentaire pour prouver son utilité et son importance à Emmanuel Macron. En juillet, ce département le plus démunis de métropole française, en collaboration avec Action contre la Faim et d’autres associations partenaires, a commencé un projet de trois ans destiné à lutter contre l’insécurité alimentaire par le biais de transferts d’argent.
Cela signifie que 1 350 résidents de Montreuil, Sevran, Villetaneuse et Clichy-sous-Bois recevront 50 euros mensuellement par personne sur une carte pour une durée de six à huit mois. Ils pourront utiliser cette carte pour acheter les produits alimentaires qu’ils désirent dans les commerces partenaires, y compris des épiceries, restaurants et hypermarchés dans la région. Ils ont également la possibilité de gagner jusqu’à 25 euros en extra s’ils optent pour des produits durables ou bio. Cette assistance est offerte en priorité aux habitants des quartiers défavorisés, aux étudiants, aux personnes âgées, et aux femmes enceintes ou jeunes mères.
Cependant, comme le souligne Catherine Deger, secrétaire générale du Secours Populaire à Montreuil, une carte à elle seule ne peut aider à restaurer la confiance ou à rompre l’isolement, ni à encourager une alimentation saine. Pour cette raison, des services d’accompagnement sont fournis aux détenteurs de la carte, comme un atelier de cuisine qui a eu lieu le 16 juillet à la résidence pour personnes âgées des Ramenas, à Montreuil.
Ce jour-là, le Secours populaire a invité la diététicienne Dorothée Toulemonde pour instruire des recettes sans cuisson, réfrigérateur ou dépense excessive. « On va s’éclater! » déclare l’experte avant de montrer comment effriter un brocoli pour l’ajouter à un taboulé de thon et légumes bio.
Équipée d’une toque de cuisine et d’un tablier, Hanane, dont le nom a été changé pour des raisons de confidentialité, est ravie de prendre part à l’activité. Cette femme de 38 ans résidant à Montreuil, sans papiers et donc sans emploi, est une mère de deux enfants investie dans diverses volontariats, principalement auprès des personnes âgées, comme son voisin de table Lucien, un retraité de 74 ans ancien comptable, vivant dans la résidence des Ramenas. Elle trouve du réconfort dans sa présence qui lui rappelle son père.
« Nous conservons notre dignité », dit Lucien préférant le système de la carte Vital’im à « la longue attente dans les distributions de colis ». Il se souvient du sentiment d’humiliation à faire la queue. Avec cette carte, « nous avons le pouvoir de sélectionner nos produits et gardons notre dignité ». Hanane est d’accord. Selon une étude du Crédoc publiée en 2023, 35% des personnes touchées par l’insécurité alimentaire ont déjà renoncé à demander de l’aide à cause de la honte. Lucien envisage d’utiliser sa carte dans des magasins bio, « réservés à une élite », où il ne se sentait jamais à l’aise d’entrer à cause des prix trop élevés.
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