Evan Gershkovich, un journaliste américain bien connu, a été jugé coupable par le tribunal d’Iekaterinbourg en Russie et condamné à une peine de prison de seize ans le vendredi 19 juillet. L’accusation était « espionnage », malgré le manque de preuves fournies par le gouvernement russe. Gershkovich, correspondant du Wall Street Journal et ex-journaliste de l’Agence France-Presse à Moscou, a été arrêté en mars 2023, une accusation que lui-même, sa famille, ses amis et la Maison Blanche démentent fermement.
Son procès s’est déroulé en huis clos et a été marqué par un déroulement exceptionnellement rapide : une audience le 26 juin, une autre le jeudi suivi du verdict le vendredi. Habituellement, ce genre de procédure durerait plusieurs semaines voire plusieurs mois en Russie. Ce rythme accéléré pourrait préparer le terrain pour un échange rapide de prisonniers avec les États-Unis, pratiqué uniquement pour les personnes déjà condamnées, selon les règles des autorités russes.
La Maison Blanche suggère que l’arrestation de Gershkovich était principalement destinée à faciliter un échange, en pleine crise entre la Russie et les États-Unis due à la guerre en Ukraine. En fait, Moscou a reconnu que des négociations sont en cours pour sa libération. Même le président russe, Vladimir Poutine, a mentionné le cas de Vadim Krassikov, qui est emprisonné en Allemagne pour un meurtre attribué aux services de sécurité russes. La procédure qui s’est déroulée contre Gershkovich est considérée par beaucoup comme un « simulacre » de procès.
Pour la première fois depuis l’ère soviétique, Evan Gershkovich, un journaliste occidental, a été accusé d’espionnage en Russie. Cela a suscité une importante vague de soutien de la part des médias européens et américains. En fin juin, la Maison Blanche a critiqué ce qu’elle a qualifié de « procès factice », soulignant que Gershkovich n’a jamais été employé par le gouvernement américain.
Gershkovich, descendant d’immigrants qui ont fui l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) pour se rendre aux États-Unis, s’est installé en Russie en 2017. En début juillet, un groupe d’experts des Nations Unies a jugé son emprisonnement « arbitraire » et a appelé à sa libération « immédiate ».
Selon les enquêteurs, Gershkovich a amassé des informations sensibles pour la CIA concernant l’une des principales entreprises de fabrication d’armement de la Russie, Ouralvagonzavod. Cette entreprise fabrique entre autres des chars T-90 utilisés en Ukraine et des chars de nouvelle génération T-14 Armata, tout en se consacrant à la production civile de wagons de marchandises.
Plusieurs autres Américains sont détenus en Russie, dont la journaliste russo-américaine, Alsu Kurmasheva, arrêtée en 2023 sous l’accusation de violation de la loi sur les « agents étrangers », et l’ancien marine, Paul Whelan, qui purge une peine de 16 ans de prison pour espionnage, une accusation qu’il nie. Ksenia Karelina, une citoyenne russo-américaine, est en jugement depuis le 20 juin à Iekaterinburg, accusée de haute trahison pour avoir financé un groupe de soutien à l’Ukraine. Un autre Américain, Michael Travis Leake, a été condamné à treize ans de prison à Moscou pour trafic de drogues.