La santé défaillante de Nguyen Phu Trong, le secrétaire général du Parti communiste vietnamien (PCV), était connue de tous, mais sa mort reste un dramatique épisode supplémentaire dans la succession d’événements inattendus au plus haut niveau de l’état vietnamien. Cet homme de 80 ans s’est éteint à Hanoï, le vendredi 19 juillet dans l’après-midi, bien que des rumeurs sur son décès circulaient dès le jour précédent. Les spéculations sont donc que sa disparition aurait pu survenir dès le jeudi.
Le jour même de son décès, tous les membres du bureau politique lui avaient rendu visite sur son lit d’hôpital. Il avait alors été honoré de l’Etoile d’or, la distinction ultime du pays pour services rendus à la patrie. Sa mort ne devrait cependant pas modifier la stricte politique de sécurité et de contrôle social mise en place par ce léniniste depuis qu’il a pris la tête du parti le 19 janvier 2011.
Il est à noter que la veille de l’annonce officielle de sa mort, après avoir signalé que Nguyen Phu Trong allait devoir prendre une pause « pour raisons de santé », les médias ont précisé que l’intérim de la direction du parti serait assuré par l’actuel chef de l’Etat, To Lam. To Lam, 67 ans, qui était proche du défunt était l’ancien chef de la sécurité publique, autrement dit la police politique, avant de devenir président le 22 mai.
Le leadership de la République socialiste du Vietnam traverse une période de turbulence : le 21 mars, après une seule année de mandat, le président Vo Van Thuong a dû soudainement remettre sa démission suite à des accusations de corruption. Avant lui, son prédécesseur, Nguyen Xuan Phuc, n’a pu tenir en place que deux ans après son élection en 2023 pour des motifs semblables.
Un climat d’instabilité règne
Au Vietnam, malgré que la suprématie soit détenue par le Secrétaire général du Parti, le président demeure le troisième individu le plus puissant du pays, précédé du Premier ministre. Les transformations rapides à ce niveau ont entraîné une certaine instabilité. D’autant que le président de l’Assemblée nationale, Vuong Dinh Hue, quatrième personnalité de l’État, a également été poussé à démissionner en avril. Le bureau politique ne compte dorénavant que douze membres, par rapport à dix-huit précédemment, en raison d’épurations constantes. Le Vietnam n’a jamais été témoin d’un tel exode.
Nguyen Phu Trong est né le 14 avril 1944 dans les faubourgs de Hanoï, la capitale, et a consacré son existence entière au Parti communiste. Après l’obtention d’un doctorat en histoire à l’Académie des sciences de Moscou en 1983, il est devenu, au début du siècle, l’un des plus respectés spécialistes de la théorie politique du parti.
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