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19 juillet 2024 23 h 12 min

« Jeux Paralympiques: Évacuation d’un Bidonville Courneuve »

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« Avons-nous l’intention de bannir 200 individus dont 60 mineurs juste à cause d’une compétition sportive de quelques heures ? » C’est la question soulever par l’avocat Louis Robatel, le mercredi 17 juillet, au tribunal administratif de Montreuil. Il plaidait pour les résidents d’un bidonville à La Courneuve (Seine-Saint-Denis), menacés d’expulsion à cause du para marathon imminent, une compétition des Jeux Paralympiques de Paris, programmée pour le 8 septembre.
Certaines familles de la minorité rom en Roumanie, qui font face à « une précarité extrême », d’après leur avocat, se sont établies au début du mois de mars dans cet espace réservé aux gens voyageurs, qui avait été fermé pour travaux. D’autres familles les ont rejointes, et les caravanes d’origines sont maintenant entourées de multiples cabanes en bois.
Sur le site, seuls quelques résidents sont au courant de la demande de justice pour une expulsion. C’est le cas d’Aura (les personnes interrogées ont demandé l’anonymat), qui a été informé par l’équipe de Médecins du Monde qui fournit des conseils et des soins chaque semaine. Cette mère de deux fils, dont l’un est en fauteuil roulant, quitterait ce terrain avec un sentiment de regret, car il possède des toilettes et de l’eau chaude, alors que la plupart des bidonvilles n’ont pas accès à l’eau ni à l’électricité.
Mandat d’expulsion ».

Nicoletta a récemment appris une nouvelle qui l’a laissée frustrée. Son souhait est que le bidonville dans lequel elle vit reste intact afin qu’elle puisse assurer la scolarité de ses enfants. Ses enfants aînés, âgés de 9 et 7 ans, avaient dû quitter l’école à la suite de l’expulsion de la famille d’un autre bidonville se trouvant à environ vingt kilomètres de là. Si les choses se déroulent comme prévu, ils rejoindront une école primaire située en face de leur logement provisoire en septembre, tandis que leur plus jeune frère commencera l’école maternelle à proximité.

Askola, une association qui aide à la scolarisation des enfants du bidonville depuis le mois de mai, a déjà reçu des demandes d’aide pour une trentaine d’enfants. Avant la fin de l’année scolaire, neuf ont pu intégrer une classe. Lucile Touchard, coordinatrice de projet chez Askola, est satisfaite de l’accueil formidable qu’ont eu les enfants de la part des enseignants. Elle mentionne également avec joie que les parents ont pu participer au spectacle et à la kermesse de fin d’année. Cependant, elle aussi craint une expulsion qui conduirait à une perte de plusieurs mois, voire une année scolaire pour les enfants, le temps que les parents trouvent une situation de vie suffisamment stable.

Plaine Commune, une association de neuf villes qui supervise la zone d’accueil de La Courneuve, a initialement émis un ultimatum aux résidents du bidonville fin avril. L’entité publique locale, présidée par le socialiste Mathieu Hanotin, qui est aussi le maire de Saint-Denis, les a accusés de s’être introduits par effraction et leur a donné dix jours pour quitter les lieux. « J’ai répondu que mes clients n’avaient pas trouvé la zone d’accueil fermée et qu’ils étaient prêts à accepter un autre terrain et à payer un loyer. La réponse a été négative », déclare Me Robatel. « Il n’est pas possible de négocier avec des personnes qui ne respectent pas la loi », confirme par téléphone un représentant de Plaine Commune.
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