Il faudra se familiariser avec ce visage joyeux et barbu. Il y a à peine dix-huit mois, J.D. Vance, nouvellement élu dans l’Ohio, faisait ses premiers pas au Sénat. Le mercredi 17 juillet, l’Amérique a été introduite à l’émergent collègue politique de Donald Trump, dont l’ascension a été fulgurante. Répondant aux acclamations d’un jury complètement captivé, représentant les délégués du Parti républicain, le sénateur de 39 ans a livré un discours mémorable. Avec finesse, J.D. Vance a rassemblé trois éléments essentiels. Le premier relate son histoire personnelle, le second est un hommage indispensable à Donald Trump qui lui a permis d’avoir cet instant unique, et le troisième esquisse sa perception d’une lutte des classes, entre les travailleurs marginalisés, mésestimés et les politiciens qui abusent de leurs pouvoirs à Washington. On aurait presque oublié l’importance de son ami, le milliardaire de la tech, Peter Thiel, dans son élection en 2022.
Avant l’apparition du sénateur sur scène, son épouse Usha Chilukuri, d’origine indienne, assez réservée et peu habituée à de tels événements, a pris la parole. Elle a présenté J.D. Vance comme un homme de la classe ouvrière, qui a « surmonté des traumatismes de l’enfance », qui a servi en tant que marine pendant quatre ans en Irak et qui a dit : « Il est certain que ni lui ni moi ne pensions nous retrouver dans une telle situation ».
J. D. Vance a partagé en détail son histoire d’ascension sociale qui alimente le mythe américain, en mettant l’accent sur un concept clé : l’ancrage. « Mon enfance s’est déroulée à Middletown, dans l’Ohio, une bourgade où les résidents parlaient librement, travaillaient de leurs propres mains, et éprouvaient un amour profond pour leur dieu, leur famille, leur communauté et leur nation », a-t-il déclaré. Il a peint le tableau d’une communauté ravagée par la drogue, la désindustrialisation, et les conflits initiés par la classe dirigeante. J. D. Vance a fait référence à sa grand-mère, qui l’a élevé, une femme qui jurait souvent et possédait 19 armes à feu chargées chez elle mais était toujours croyante. Il a également évoqué le « petit lopin de terre au cimetière des montagnes » d’Eastern Kentucky, près de la demeure familiale, où, un jour, ses enfants le déposeront pour son dernier repos. Il s’agit là d’une thématique de gauche.
Dans son narration, J. D. Vance a toujours maintenu un lien ininterrompu avec la politique. Son attention était centrée sur trois États en particulier – l’Ohio, la Pennsylvanie, le Michigan et le Wisconsin, étant les principaux États susceptibles d’influencer l’élection présidentielle. « Joe Biden a passé plus de temps comme homme politique à Washington que je n’ai vécu », affirme J. D. Vance. Il a ensuite énuméré une série d’erreurs commises par le président au cours de sa vie : l’accord de libre-échange Nafta alors que J. D. était encore à l’école, l’accord commercial avec la Chine lorsque J. D. était au lycée, qui a « déplacé un grand nombre d’emplois de qualité vers le Mexique ». Le soutien à l’invasion de l’Irak alors qu’il était en dernière année de lycée. La foule l’interrompait souvent en criant : « Joe doit partir ! Joe doit partir ! » « Et à chaque étape, ajouta le sénateur, des emplois ont été délocalisés à l’étranger et nos enfants ont été envoyés à la guerre. » Les références à l’étranger étaient impressionnistes, suggérant une menace migratoire, une Chine trop puissante et des alliés qui devraient partager « le fardeau » de la défense de la sécurité mondiale.
Il reste 57,3% de cet article à lire. Le reste est réservé aux abonnés.
Laisser un commentaire