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« Guerre Ukraine: Zelensky à Londres Vendredi »

Ce live a été animé par Pierre Bouvier, Cécile Bouanchaud, Minh Dréan, Jacky Goldberg et Jean-Philippe Lefief, Solène L’Hénoret et Agnès Gautheron. Consultez tous nos articles, rapports et analyses sur le conflit en Ukraine.

Les analyses, reportages et explications du « Monde » sont à votre disposition. Les lauréats du Prix Nobel lancent un appel : «Nous exigeons l’instauration sans délai d’un cessez-le-feu en Ukraine et à Gaza pendant les Jeux olympiques de Paris.»

Rheinmetall, le bénéficiaire de la remilitarisation allemande, court le risque de se mettre à dos la Russie. En opposition à Poutine et à son conflit, des poètes russes expriment leur indignation et leur détresse en ligne.

La dimension du réarmement de la Russie alarme l’OTAN. Guerre en Ukraine : «Les Russes ont délibérément visé un hôpital pour enfants». Dans le Donbass, la commandante « Monka » travaille à « tromper les Russes ». À la frontière avec la Russie, sur le flanc est de l’OTAN, l’ère « d’avant-guerre » a débuté.

Voici nos réponses à vos questions les plus courantes. Comment les drones sont-ils exploités par Moscou et Kiev ? La guerre des drones entre la Russie et l’Ukraine a intensifié remarquablement ces derniers mois. D’après un rapport diffusé en mai 2023 par un centre de réflexion britannique spécialisé en défense, les Ukrainiens perdaient environ 10 000 drones par mois sur le front, soit plus de 300 par jour. Pour comparaison, l’armée française possède juste un peu plus de 3 000 drones dans son armurerie.

Dans le contexte militaire, les Ukrainiens et les Russes font principalement usage de petits véhicules aériens sans pilote (UAV) d’origine civile. Ces engins peu coûteux et abondamment disponibles jouent un rôle essentiel pour observer le théâtre des opérations, guider les unités militaires et les tirs d’artillerie. Certains de ces UAV sont modifiés pour transporter de petites charges explosives qui sont ensuite larguées sur des tranchées ou des véhicules blindés.

Quoique moins courants, les drones-kamikazes ont également une fonction importante. Équipés d’explosifs, ces véhicules aériens sont envoyés au dessus des lignes de front sans objectifs prédéfinis. Les forces de Moscou utilisent les drones russes Lancet-3 et les Shahed-136 fabriqués en Iran. N’ayant pas une flotte de combat adéquate, l’Ukraine contre-attaque avec des embarcations maritimes non armées, des petits kayaks guidés à distance et remplis d’explosif (450 kilos de TNT).

Soulignant l’importance des drones dans leurs opérations, les Ukrainiens et les Russes ont mis en place une organisation pour soutenir leurs troupes à long terme, non seulement en achetant en quantité des drones civils sur le marché, mais aussi en développant leur propres capacités de production. La production nationale ukrainienne, qui était rudimentaire au début de la guerre du Donbass il y a dix ans, a depuis progressé. À la fin du mois d’août, le ministre ukrainien de la transformation numérique a déclaré qu’une copie du drone russe Lancet avait été réalisée et serait prochainement lancée sous le nom de Peroun, en référence au dieu slave de la foudre et du tonnerre.

Malgré les contraintes imposées par les sanctions occidentales limitant l’accès aux composants électroniques, la Russie a débuté la construction d’une usine à Alabouga, une zone économique spéciale. Selon les renseignements américains, cette usine produirait des drones-kamikazes d’origine iranienne, analogues au modèle Shahed-136.

Quant au stock de missiles russes, sa quantité précise demeure inconnue, voire indéchiffrable. Les données partagées par les renseignements ukrainiens soulèvent souvent des doutes. Andri Ioussov, représentant de la Direction générale du renseignement du ministère de la défense (GUR), a indiqué que les forces armées russes possédaient environ 2 300 missiles balistiques ou de croisière avant le conflit et en gardaient plus de 900 en début d’année. De plus, il ajoute que près de dix milliers de missiles antibalistiques S-300, d’une portée d’environ 120 kilomètres, et un grand volume de S-400, une version plus récente avec une portée triplée, viennent s’ajouter à ce chiffre. Vadym Skibitsky, le vice-directeur du GUR, a avancé le chiffre de 585 missiles d’une portée excédant 500 kilomètres en août.

Concernant la capacité de production, la Russie serait capable de produire une centaine de missiles balistiques ou de croisière par mois, selon divers experts. En octobre, le GUR estimait cette production à 115 unités.

La Russie est soupçonnée d’avoir acheté des missiles de courte portée en Iran et en Corée du Nord, avec des achats en cours selon des sources. D’après l’agence de presse Reuters, citant plusieurs rapporteurs iraniens, environ 400 missiles iraniens de type Fateh-110 (avec une portée de 300 à 700 kilomètres) auraient été fournis depuis janvier, lorsqu’un accord semble avoir été passé. Le nombre précis de missiles provenant de la Corée du Nord et achetés par la Russie reste inconnu, cependant, 24 ont été lancés en Ukraine entre le 30 décembre 2023 et le 7 février 2024, comme le confirme le procureur général, Andriy Kostin. D’après les spécialistes ayant étudié les épaves et les trajectoires, il pourrait s’agir de missiles KN-23 et KN-24 avec une portée de 400 kilomètres.

Qu’en est-il des avions de chasse F-16 ?

En août 2023, suite à une sollicitation persistante du président ukrainien, les États-Unis ont approuvé le transfert de F-16 à l’Ukraine. Malgré une flotte potentielle de plus de 300 F-16 dispersés dans neuf pays européens – dont la Belgique, le Danemark, la Grèce, les Pays-Bas et le Portugal – tous les pays possesseurs ne sont pas en position de les céder immédiatement.

Le Président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a émis l’idée que 42 F-16 étaient promis à l’Ukraine par les alliés occidentaux, bien que ce chiffre n’ait pas été confirmé. Le Danemark en a promis 19, avec les 6 premiers dont la livraison ne devrait pas intervenir avant la fin de 2023, 8 autres en 2024 et les 5 derniers en 2025, selon la première ministre danoise, Mette Frederiksen. Les Pays-Bas, qui ont également promis des avions, disposent de 42 unités mais n’ont pas explicité combien ils prévoyaient d’en céder.

En outre, la formation des pilotes ukrainiens à l’utilisation de ces avions de combat américains est requise. Onze nations alliées avec Kiev ont promis de prendre soin de la formation des pilotes. Selon l’OTAN, il est estimé que les soldats ukrainiens ne seront aptes à manœuvrer ces avions en combat que début 2024, tandis que d’autres experts prévoient plutôt l’été de la même année.

Quel type d’appui militaire les alliés apportent-ils à Kiev?

Deux ans après le déclenchement de la guerre à grande échelle, l’élan de soutien occidental à Kiev perd de sa force: les engagements d’aide récemment pris sont en recul sur la période allant d’août 2023 à janvier 2024 par rapport à la même période l’année précédente, selon le dernier rapport de l’Institut Kiel, publié en février 2024. Et cette tendance pourrait se poursuivre, avec le Sénat américain qui a du mal à approuver les aides, et l’Union européenne (UE) qui a éprouvé toutes sortes de difficultés à adopter une aide de 50 milliards le 1er février 2024, en raison du veto hongrois. Notez que ces deux paquets d’aide ne sont pas encore inclus dans le dernier bilan de l’Institut Kiel, qui s’arrête en janvier 2024.

Les informations de l’institut allemand révèlent que le nombre de donateurs diminue et se resserre autour d’un noyau de pays : les États-Unis, l’Allemagne, les pays du nord et de l’est de l’Europe, qui s’engagent à fournir simultanément une aide financière importante et des armes de pointe. Au total, depuis février 2022, les pays qui appuient Kiev se sont engagés à hauteur d’au moins 276 milliards d’euros sur le plan militaire, financier et humanitaire.

Dans une perspective absolue, les nations les plus fortunées ont manifesté une générosité supérieure. Avec plus de 75 milliards d’euros d’assistance déclarée, dont 46,3 milliards d’euros dédiés à l’aide militaire, les États-Unis sont les donneurs les plus importants, de loin. Des aides bilatérales (64,86 milliards d’euros) et des aides collectives provenant des fonds de l’Union européenne (93,25 milliards d’euros) ont été annoncées par les pays de l’UE, ce qui représente un total de 158,1 milliards d’euros.

Cependant, lorsque ces donations sont rapportées au PIB de chaque pays donateur, le classement est différent. Les États-Unis descendent à la vingtième place (0,32 % de leur PIB), bien derrière des pays limitrophes de l’Ukraine ou de l’ancienne union soviétique. Avec 3,55 %, l’Estonie est en tête des aides en proportion du PIB, suivie par le Danemark (2,41 %) et la Norvège (1,72 %). La Lituanie (1,54 %) et la Lettonie (1,15 %) complètent le top 5. Depuis le début du conflit, les trois États baltes, qui partagent tous des frontières avec la Russie ou la Biélorussie, son alliée, figurent parmi les donateurs les plus généreux.

Concernant le classement en pourcentage du PIB, la France se situe à la vingt-septième place, ayant pris l’engagement de 0,07% de son PIB, juste derrière la Grèce (0,09%). Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’assistance fournie par la France est en diminution continue – la France était vingt-quatrième en avril 2023 et treizième à l’été 2022.

Qu’en est-il des tensions à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne ?

Depuis quelques temps, l’Ukraine et la Pologne éprouvent des difficultés dans leurs relations, principalement en raison du transit de céréales provenant d’Ukraine. La Commission européenne avait mis en œuvre des “voies de solidarité” au printemps 2022, pour aider à l’expédition et à la commercialisation des produits agricoles ukrainiens, sans frais de douane, vers l’Afrique et le Moyen-Orient. Toutefois, selon la Fondation Farm, presque la moitié des céréales ukrainiennes passent par ou finissent leur voyage dans l’Union européenne (UE), avec un prix nettement inférieur à celui du blé produit dans l’UE, principalement dans les pays d’Europe centrale.

La Pologne, la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie et la Slovaquie ont affirmé que ces céréales déstabilisaient leur marché local et les profits de leurs agriculteurs, et ont donc décidé de bloquer leurs importations à partir de avril 2023. Bruxelles avait accepté cette décision à condition que cela n’entrave pas le transit vers d’autres pays et qu’il ne dure que quatre mois. Toutefois, Varsovie a choisi de maintenir sa frontière fermée aux céréales ukrainiennes à la fin de l’été, malgré le fait que Bruxelles avait conclu que l’embargo n’était plus nécessaire car leurs études indiquaient qu’il n’y avait plus de distorsion des marchés nationaux pour les céréales.

Les fermiers de Pologne ont instauré un blocus à la frontière polono-ukrainienne pour stopper l’afflux de camions en provenance d’Ukraine sur leur sol national. Ils demandent une interdiction totale des produits alimentaires et agricoles ukrainiens, en réponse à l’augmentation fulgurante de leurs frais de production. Les exploitants agricoles soulignent que leurs silos et entrepôts sont surchargés et les tarifs au plus bas. Le président ukrainien a évoqué au début de l’année 2024 que ce blocus de la frontière polonaise est la preuve d’une diminution de la solidarité à l’égard de son pays. Il a alors sollicité des discussions avec la Pologne. Il a également déclaré que seul Moscou se réjouissait de ces conflits, tout en dénonçant l’émergence de slogans explicitement en faveur de Poutine.

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