Différentes théories expliquant la motivation derrière le soutien pour le Rassemblement national (RN) ont été étudiées au cours des dernières années. L’une d’elles suggère une expression de déplaisir envers certaines politiques et dirigeants. Néanmoins, le support pour l’extrême droite persiste, avec des zones sous leur contrôle montrant une constance voire une intensification de leur préférence.
La distribution des suffrages parmi les trois principales factions politiques (Macroniste, Gauche, RN) révèle une répartition géographique et sociale distincte. De cela, on a supposé de manière prématurée que le vote RN provient principalement des régions rurales ou périphériques, peuplées de personnes moins aisées et moins instruites. Par contre, le vote Macroniste, majoritairement localisée en ville ou en zones urbaines, serait attribué à des groupes sociaux plus aisés, avec un niveau d’éducation supérieur.
Comme l’a souligné l’économiste Olivier Bouba-Olga, bien que des disparités géographiques existent entre les votes – un fait confirmé par les récentes élections législatives – elles sont en grande partie due à la répartition de différents groupes sociaux ayant des revenus variés dans certains territoires. Le vote spatial dissimule en réalité un vote économique. Le géographe Eric Charmes a rappelé que ces disparités sont largement dues à la concentration des cadres supérieurs dans les grandes villes et à la marginalisation des classes moyennes et populaires dans les zones périurbaines et rurales qui luttent avec des accès plus longs à des infrastructures en déclin.
Revenu médian par habitant.
Dans une étude réalisée par mes collègues et moi-même, nous avons exploré les données de vote et de revenus des populations à un niveau très détaillé des unités administratives locales (UAL, équivalent en France aux communes) pour l’élection présidentielle de 2022. Nos résultats mettent en évidence l’importance des facteurs géographiques dans le soutien à un parti politique, mais soulignent aussi la nécessité d’une analyse plus précise pour mieux cerner les attitudes et motivations des Français.
L’examen des revenus médians par personne au sein des UAL révèle que la répartition des revenus n’est pas homogène. En effet, les grandes villes se distinguent par des revenus médians supérieurs, tandis que les régions les plus isolées sont généralement le foyer des populations les plus démunies. Il est toutefois important de noter que les régions à revenus plus modestes ne se trouvent pas uniquement en dehors des zones métropolitaines, mais parfois à leur proximité immédiate. C’est le cas de la région parisienne, par exemple, qui juxtapose zones de richesse et banlieues défavorisées.
Pour accéder à la suite de cet article, soit 44.23% du texte total, il vous faudra vous abonner.