Après sa prise de fonction à Downing Street le 5 juillet, Keir Starmer réaffirme constamment : « Nous commençons en force » (en anglais, « hit the ground running »). Ayant mis fin à quatorze ans de leadership conservateur avec sa récente victoire électorale, le nouveau Premier ministre britannique s’efforce de s’affirmer rapidement et de donner l’impression d’un gouvernement prêt pour la réforme. « Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre du temps, le processus de transformation commence déjà », déclare-t-il.
Le mercredi 17 juillet, avec l’inauguration officielle du Parlement, Starmer a introduit un programme consistant, qui comprend 40 projets de loi pour l’année prochaine. C’est presque le double du dernier programme du Premier ministre précédent, Rishi Sunak, en automne 2023. Comme le veut la coutume, le roi Charles III, revêtu de sa cape d’hermine et coiffé de sa couronne impériale ornée de 2 868 diamants, 273 perles, 17 saphirs et 5 rubis, a assisté à la session de la chambre des Lords. Dans une voix solennelle, il a parcouru le programme de « son » gouvernement. Une idée claire émerge du discours du roi concernant le projet de Starmer : « La croissance économique sera une priorité essentielle ».
Alors que plusieurs réformes majeures sont mises à l’ordre du jour – comme l’abolition des Lords héréditaires, la renationalisation du réseau ferroviaire et une « revitalisation » des relations avec l’Union européenne –, la préoccupation principale de Starmer est le redressement économique. Tout au long de la campagne électorale, il a insisté sur sa volonté de soutenir les « auteurs de richesse », quitte à irriter l’aile gauche de son propre parti.
Durant une quinzaine d’années, le Royaume-Uni a connu une croissance quasi nulle. Les salaires, ajustés pour l’inflation, ont augmenté de seulement 6% pendant toute cette période, et le récent impact de l’inflation a mis le pouvoir d’achat des Britanniques au premier plan de leurs préoccupations. En 2023, la croissance n’a été que de 0,1 % et le PIB par habitant a diminué de 0,7 %. L’embellie économique de cette année n’a pas suffi à compenser cette performance médiocre.
L’espace pour des action concrètes est restreint. Pour essayer de stopper cette décadence progressive, M. Starmer mise sur une réforme clé : la libéralisation des permis de construction pour l’immobilier et les grands projets d’infrastructure. En ce moment, le Royaume-Uni est incapable de démarrer de grands travaux, du fait des lois qui permettent aux propriétaires locaux de s’opposer assez facilement à des projets dans leur voisinage. Le désastre d’une ligne de train à grande vitesse entre Londres et le nord de l’Angleterre illustre parfaitement ce problème. Le projet a été revu à la baisse à deux reprises, les connexions jusqu’à Leeds et Manchester ayant été annulées à cause d’une escalade des coûts et des retards constants. Le train s’arrêtera finalement à Birmingham.
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