Quand Hugo (nom modifié), 21 ans, est tombé sur une offre de stage dans le domaine de la communication pour un club sportif professionnel sur LinkedIn, il a immédiatement postulé. Inactif depuis la fin de ses études en journalisme et communication trois mois auparavant, il a rapidement été retenu pour le stage. « La DRH m’a demandé d’envoyer le contrat de stage le plus rapidement possible, je devais débuter le lundi suivant », se souvient-il. C’est là que l’angoisse s’installe. En France, les stages en entreprise de six mois ne sont pas autorisés pour les étudiants en dehors d’un cursus d’études.
En cherchant sur internet, Hugo est tombé sur un véritable « business » de contrats de stage. Il a trouvé des dizaines d’annonces promettant de procurer un contrat « conforme à la loi » en moins d’une journée pour quelques centaines d’euros. Finalement, il s’est inscrit chez Fac for Pro Education, une formation proposant des cours en ligne et en présentiel. Le coût total était de 550 euros. Le lendemain, son stage a été approuvé sans problème et Hugo n’a pas eu à assister à un seul cours.
La tactique de Fac for Pro Education tire profit des zones grises de la loi française qui régit les stages. Pour délivrer légalement des contrats de stage conformes, les institutions éducatives doivent offrir un minimum de 200 heures de cours par an, dont 50 heures en présence des étudiants. La particularité de cette formation est que l’étudiant peut commencer son stage juste après son inscription à l’école, sans avoir à suivre un seul cours.
« Avantage compétitif »
Caroline Barnaud, la directrice de Fac for Pro Education, accepte que l’établissement est conçu pour servir les entreprises en engageant des étudiants. Bien qu’elle nie inciter explicitement les étudiants à s’inscrire juste pour se procurer une convention de stage, la procédure est tout de même en évidence sur la page d’accueil du site web de l’école. Elle explique que cette démarche peut prêter à confusion car ils sont très réactifs et fournissent les documents relatifs à la convention de stage très rapidement. Elle admet par la suite que c’est leur avantage compétitif.
De son côté, Dominique Glaymann, professeur émérite de sociologie à l’université d’Evry et expert sur les problématiques d’insertion professionnelle, prévient qu’un véritable marché du stage a été créé. Le principe initial du stage, qui devait permettre aux étudiants de compléter leur formation, réfléchir à leur carrière professionnelle et établir un réseau initial, est désormais fréquemment détourné, déclare le sociologue.
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