John Irving, reconnu par des millions de lecteurs à travers le monde, est un auteur à la fois prometteur et intrigant. Son nom sur une couverture de roman signifie que le lecteur hâtera une ample histoire remplie d’épopée et de drôlerie, souvent peuplée de références à la lutte gréco-romaine, d’évocations de pères absents ou d’enfances compliquées. Ses récits traitent aussi des droits des femmes et des minorités de genre, et ne manquent jamais de surprises avec des thèmes variés allant des ours au sexe, et des questionnements moraux.
Il est devenu une super star de la littérature mondiale depuis 1978, grâce au succès de son livre « Le Monde selon Garp », publié par Seuil, tout comme tous ses autres livres traduits en France. Ses romans narratifs puissants y compris « L’Œuvre de Dieu, la part du diable », « Une prière pour Owen », « Une veuve de papier » et « Je te retrouverai » ont confirmé son statut.
Né à Exeter, New Hampshire en 1942, ce narrateur habile réside maintenant à Toronto, Canada, pays d’origine de son épouse et dont il a acquis la nationalité. Il nous a accordé un entretien par visioconférence depuis sa maison où il passe le plus clair de son temps.
Quant à ses origines, il est né et a grandi en Nouvelle-Angleterre, un lieu qui sert d’arrière-plan à de nombreux de ses romans. Lorsqu’on lui pose la question sur l’impact de cette région sur sa carrière d’écrivain, sa réponse reste à découvrir.
La Nouvelle-Angleterre, la toute première région américaine colonisée par les pèlerins d’Angleterre au XVIIe siècle, présente des particularités distinctes du reste du pays. Cette prééminence historique peut parfois être interprétée comme un signe de suprématie. Ayant grandi et passé mon adolescence en Nouvelle Angleterre, j’avais souvent l’impression d’être un étranger dans mon propre pays. Cette conviction n’a fait que se renforcer lors de mon séjour dans l’Iowa pour y poursuivre mes études d’écriture créative entre 1965 et 1967. Mon sentiment d’aliénation était plus marqué là-bas qu’à Vienne, où j’avais vécu une année alors que je céblais mal l’allemand. Toutefois, j’avais ressenti une meilleure adaptation en Autriche qu’au cœur du Midwest américain.
Cependant, j’ai également réalisé que la littérature a le pouvoir de nous distancier du lieu où nous résidons. En écrivant, nous sommes plus immergés dans le monde que nous créons que dans la réalité. J’ai saisi ce point uniquement après avoir auteur plusieurs romans. J’en suis arrivé à comprendre que mon sentiment d’aliénation, tout en étant lié à mes origines de la Nouvelle Angleterre, était également en lien avec le fait que les romans que je lisais puis écrivais me tenaient à distance des lieux où j’ai vécu.
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