En 2023, Attax, une petite entreprise de fabrication de pièces détachées basée à Carrières-sur-Seine, en France, est approchée par un nouveau client : Enütek Makina, une compagnie d’Istanbul. Ils souhaitent acheter des dispositifs de fixation pour sièges d’avions. Une fois l’accord conclu, la commande est envoyée en Turquie, où, selon Enütek Makina, elle est supposée être transmise à une société spécialisée dans la réparation de sièges.
Cependant, les documents douaniers que nous avons examinés et comparés révèlent que ces pièces ont été réexpédiées à Aerospace Systems Design Bureau, une filiale du groupe russe Promtech, en juillet 2023. Promtech a été sanctionné par l’UE en décembre 2022 pour ses liens avec l’industrie militaire russe. Franck Martin, le patron d’Attax, a été stupéfait par cette découverte, déclarant qu’il n’avait aucune idée que son nouveau client turc puisse agir comme intermédiaire vers la Russie.
Ce n’est pas un cas isolé. Depuis le début de 2023, Enütek Makina a exporté plus de 7 millions d’euros d’équipements vers la Russie, principalement pour Promtech, selon notre enquête menée en collaboration avec les médias allemands NDR, WDR et Süddeutsche Zeitung, ainsi que Trap Aggressor, une unité de l’ONG ukrainienne anti-corruption Statewatch. Certaines de ces livraisons pourraient avoir violé les sanctions de l’UE et des États-Unis contre la Russie et ont potentiellement bénéficié à l’armée russe.
Promtech, un conglomérat industriel russe impliqué dans le secteur civil et militaire, est désormais touché par les sanctions internationales. Ce groupe massif est réputé pour sa contribution au développement et à la production de pièces pour l’aviation, l’espace, ainsi que les équipements terrestres et navals. Ses opérations ne se limitent pas à la sphère civile, l’entreprise compte aussi parmi ses clients, des entités du complexe militaro-industriel russe.
Par le passé, jusqu’en 2022, Promtech n’avait aucun mal à s’approvisionner auprès des fabricants européens. Cependant, avec les sanctions imposées à la Russie suite à l’agression majeure contre l’Ukraine le 24 février 2022, sa situation est devenue plus délicate. Actuellement, quinze organisations du groupe subissent les conséquences des sanctions de l’Union européenne et des États-Unis, principalement à cause de leurs livraisons de diverses pièces (semi-conducteurs, connecteurs électriques, alliages, câbles, radars, etc.) à l’armée de l’air russe.
Cet article reste en grande partie non lu avec un pourcentage restant de 67.99%. L’accès au reste du contenu est réservé aux abonnés.
Laisser un commentaire