L’accusations de violences sexuelles sont révélées post mortem contre l’Abbé Pierre, probablement le prêtre le plus reconnu de France, célèbre pour son engagement social. Au cours d’une enquête menée sur demande d’Emmaüs France, Emmaüs International et la Fondation Abbé Pierre par le bureau Egaé, des preuves de violences sur au moins sept femmes entre la fin des années 1970 et 2005 sont mises en lumière.
Ce rapport de huit pages, conçu par Caroline De Haas, responsable de Egaé, souligne les sentiments intenses déclenchés par cette investigation et met en contraste l’image sainte d’un homme dévoué aux démunis avec les attaques décrites par ses victimes. De Haas note la contrepartie entre la perception publique de l’Abbé Pierre, son désir d’équité et ses actions envers les femmes provoque une considérable déception aux yeux de ceux qui le respectaient ou saluaient son dévouement.
Emmaüs France, Emmaüs International et la Fondation Abbé Pierre ont relevé: « Ces révélations changent radicalement notre vision d’un homme principalement reconnu pour son engagement dans la lutte contre la pauvreté, la misère et l’exclusion ». Le sentiment de « honte » et de « douleur » est également exprimé par la Conférence des évêques de France (CEF).
La genèse de cette enquête, rapporte La Vie, un hebdomadaire chrétien, repose sur la prise de conscience d’une femme après avoir été exposée à un grand nombre de témoignages de violences sexuelles recueillis par la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase) entre 2019 et 2021. Cette situation provoque une résonance en elle, et en 2023, elle choisit de partager son histoire avec Véronique Margron, une figure centrale de la Ciase et membre de l’ordre dominicain, qui la dirige vers les représentants d’Emmaüs.
La femme, identifiée par la lettre A. dans le rapport, se remémore l’abbé Pierre en tant qu’ami des ses parents, lui touchant régulièrement la poitrine alors qu’elle n’était qu’une enfant. En 1982, à son 18e anniversaire, elle accompagne le religieux réputé en Italie. Elle se souvient de nombreuses sollicitations de sa part. « Il insistait pour que je m’assois à côté de lui dans la voiture et ne lâchait pas ma main. Un jour, il a surpris en entrant dans notre chambre sans prévenir. » Après leur voyage, à leur retour à Charenton, il l’a embrassée de manière contrainte : « Lors de notre dernier soir, au moment de lui dire adieu, il introduit sa langue dans ma bouche de manière brutale et totalement inattendue ».
Six années plus tard, comme A. l’a raconté, l’abbé Pierre a demandé à la revoir à Mulhouse. Elle a été obligée d’aller le chercher dans son hôtel. Le concierge lui a informé qu’il l’attendait dans sa chambre. A. l’a trouvé étendu sur le lit, et il l’a invitée à le rejoindre. Cependant, elle a refusé et l’a encouragé à se lever. En 2003, A. et son père ont décidé de rencontrer le prêtre pour le confronter à ce qu’elle avait enduré. Elle lui a lu une lettre, qu’il a ensuite prise et détruite à l’aide d’une déchiqueteuse. Apres cette réunion, un témoin entendu lors de l’enquête se souvient avoir entendu le père d’A. affirmant : « Je pense que l’abbé sera sérieusement perturbé, car j’ai été extrêmement sévère avec lui. Tu sais, il a maltraité ma fille et je lui ai exposé ma perspective. » La lecture de cet article n’est pas terminée, il reste 48.75% à lire, exclusivement pour les abonnés.
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