Les professionnels de l’éducation ont attentivement suivi le Journal officiel depuis le 9 juillet. Le projet de décret visant à réformer la formation des enseignants avait été approuvé sans modifications par le Conseil d’Etat, et Nicole Belloubet, la ministre de l’éducation nationale, avait exprimé son espoir de publier le texte « dans les jours qui suivent » pour une entrée en vigueur dès la rentrée et les concours 2025.
Cependant, une semaine plus tard, rien n’avait changé. Nicole Belloubet a déclaré sur RMC le mercredi 17 juillet que « cette réforme n’a pas été menée à bien en raison du changement de gouvernement, et donc, la gestion courante des affaires [du gouvernement sortant] ».
Bien que les proches de la ministre parlent d’une « réforme reportée du fait des circonstances », beaucoup dans le domaine de l’éducation pensent que cette quatrième révision en quinze ans de la formation des enseignants n’aboutira pas. Le décret prévoit de passer du concours post-bac + 5 à bac + 3, une refonte totale de ces deux années de formation, et la rémunération des étudiants au cours de cette période, avec l’objectif de rendre la profession d’enseignant plus attractive. Le texte est « prêt », note-t-on autour de Nicole Belloubet, avec une certaine déception.
Globalement, on considère que le dossier a été mal géré du début à la fin.
Lancé et promu par Emmanuel Macron le 5 avril, ce projet interministériel a rencontré des difficultés au fil du temps. Par exemple, la décision concernant le salaire des gagnants du concours et leur statut a pris près de trois mois pour être décidée. L’éducation nationale avait suggéré un salaire net mensuel de 1 400 euros, tandis que Matignon parlait de 900 euros net par mois. La proposition du ministère de l’éducation a été préférée le 27 juin, malgré les restrictions budgétaires.
Depuis quelques temps, presque tous les syndicats et les universités ont demandé soit un report, soit un abandon de la réforme, estimant le délai de plus en plus irréalisable. Christophe Bonnet, secrétaire national du CFDT-Education, enquêtes publiques et formations, considère que « cette absence de publication est le climax d’une série de situations compliquées dans un dossier mal administré de A à Z ». Sophie Vénétitay, du SNES-FSU, pense quant à elle qu' »il sera nécessaire de revoir entièrement ce dossier ».
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